dimanche 30 décembre 2007

Linda Bendali : Sarcelles, une utopie réussie ?


Depuis septembre, vous le savez, je suis en insertion pastorale le week-end dans la paroisse de Sarcelles. C’est l’occasion pour moi de mieux connaître l’est du diocèse – avec Garges, Gonesse, Villiers-le-Bel… et aussi de découvrir cette ville à la fois si connue et si inconnue qu’est Sarcelles.


Edouard, mon prédécesseur comme séminariste dans cette paroisse, m’a prêté le bon livre de Linda Bendali Sarcelles, une utopie réussie ? où l’auteur reprend l’histoire du Grand ensemble de Lochères construit à partir du milieu des années 1950 par l’architecte Labourdette. Des enthousiasmes idéalistes du début à la crise de « Sarcellite » des années 1960, de la vie quotidienne des habitants aux enjeux politiques nationaux, Linda Bendali trace un portrait sans concessions de la situation de la ville, interrogeant les habitants et les responsables de la ville, et citant de nombreuses analyses de spécialistes.


L’un des points principaux de la « réussite » de Sarcelles par rapport aux villes voisines est la relative paix sociale qui y règne. Les origines ethniques et les religions sont diverses à Sarcelles (on compte six synagogues, trois églises et deux mosquées dans la ville). Traverser le marché le dimanche est impressionnant ! Et pourtant, lors des émeutes il y a deux ans (suite au drame de Clichy-sous-Bois) ou de celles du mois dernier (nées à Villiers-le-Bel), Sarcelles a été assez calme. Linda Bendali y voit le succès des efforts du maire pour établir des relations entre les groupes, et elle résume ce succès ainsi : « Ici, face à l’étranger, avant d’être juif, arabe ou noir, on est d’abord Sarcellois. » (p. 56)




Linda Bendali, Sarcelles, une utopie réussie ?, Gulf Stream éditeur, Nantes, 2006 (141 p.)


Linda Basset : Linda Bendali est journaliste indépendante ; elle collabore à Charlie Hebdo, à Sciences et Avenir, au Nouvel Observateur, à Challenges et au Canard enchaîné. Elle est l'auteur, avec Nathalie Topalov, de La France des incapables (Cherche-Midi éditeur, 2005).

Source : amazon.com


samedi 29 décembre 2007

L’Evangile de ce dimanche : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère. »

Après le départ des mages, l'ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu'à ce que je t'avertisse, car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr. » Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l'enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu'à la mort d'Hérode. Ainsi s'accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète : D'Égypte, j'ai appelé mon fils. Après la mort d'Hérode, l'ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit : « Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et reviens au pays d'Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l'enfant. » Joseph se leva, prit l'enfant et sa mère, et rentra au pays d'Israël. Mais, apprenant qu'Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s'y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth. Ainsi s'accomplit ce que le Seigneur avait dit par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen. (Mt 2, 13-15, 19-23)




Elle est connue, cette scène de Joseph, Marie et l’enfant, juchés sur un âne, marchant dans le désert vers la terre d’Egypte… Nombreux sont les peintres qui se sont arrêtés devant ce texte d’Evangile pour tenter de décrire la détresse de cette famille persécutée.



Joseph, toujours silencieux

La première chose que j’ai notée en lisant ce texte, c’est que Joseph, comme dans les récits précédents, reste silencieux. C’est tout de même étonnant ce qui lui arrive en moins d’un an : sa promise a un enfant qui n’est pas de lui, un ange lui apparaît en songe pour qu’il la garde sous son toit et lui indique le nom qu’il devra donner à l’enfant, et à présent il doit quitter son pays – un peu pour un nouvel exode – pour un temps qu’il ne connaît pas. Quelle obéissance ! Et tout cela, Joseph le fait en silence, dans la douce acceptation de la volonté de Dieu.


Dieu a pris la fragilité d’un enfant

La deuxième chose qui m’a touché, c’est la fragilité du sort de Jésus. Dieu s’est fait homme. Il s’est fait tout l’homme, au point d’assumer la contingence d’un enfant. Quelques uns de mes amis ont de jeunes enfants, et j’ai moi-même un neveu de quatorze mois. Quel soin nous prenons d’un enfant ! Et quelle fragilité est la sienne ! Nous avons toujours peur qu’il ait froid, qu’il attrape tel ou tel virus, ou même qu’il se fasse mal en se cognant au coin d’un meuble… Alors imaginez si nos enfants devaient fuir une persécution et partir de nuit vers le désert d’Egypte ! Nous voyons avec horreur le sort des enfants dans les pays en guerre ou dans les pays pauvres. Imaginons-nous bien ce qu’a été le sort de l’enfant Jésus ?

Dieu a pris la fragilité d’un enfant. C’est bouleversant. Il a choisi de naître parmi les enfants pauvres de Palestine, et il a pris le risque de tout perdre, jusqu’au bout. Et cette prise de risque l’a mené jusqu’à la Croix. Je trouve saisissant le rapprochement entre la fuite en Egypte et la mort de Jésus en Croix. Du début à la fin, Jésus a pris tous les risques par amour pour nous ; et il en est mort.


Lève-toi !

Le plus étonnant, c’est que la solution apportée par Dieu au grand risque de la persécution, c’est le message de l’ange : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère ». Ce « lève-toi », c’est le verbe egeiro en grec, le même que le verbe de la résurrection.

Et l’on peut noter que par deux fois, l’ange prend la parole, pour deux interventions très parallèles : « Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu'à ce que je t'avertisse, car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr. » (verset 13) et « Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et reviens au pays d'Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l'enfant. » (verset 20). Après le premier appel, Joseph se lève et part de nuit (verset 14), alors que la seconde fois, rien n’est dit, on peut penser que comme il n’y a plus urgence, la famille revient en Palestine de jour.

Cela ne peut pas être sans nous rappeler la mort et la résurrection du Christ. Ce double « lève-toi », qui fait passer de la nuit au jour, est pour nous l’invitation à croire et à contempler que déjà, dans cet enfant fragile protégé par ses parents, le salut est à l’œuvre dans le monde. Déjà l’amour de Dieu se donne.


vendredi 28 décembre 2007

Benoît XVI : Spe Salvi


« Sauvés par l’espérance ! » Voilà bien la conviction profonde du Pape Benoît XVI, dans sa deuxième encyclique, signée le 30 novembre 2007 et publiée récemment.

Pourquoi une encyclique sur l’espérance ? Premièrement parce que l’espérance est une des trois vertus théologales (foi, espérance et charité) que le Pape a choisi comme fil conducteur de ses trois premières lettres à l’Eglise : la première s’intitulait Deus Caritas est (Dieu est amour). La troisième traitera de la foi. Deuxièmement, l’espérance fait partie du thème cher au Pape du dialogue entre la foi et le monde. Comment vivre aujourd’hui, dans un monde où le mal et la souffrance semblent régner, où les guerres n’en finissent pas, où les inégalités persistent même dans les pays les plus riches, comment vivre en manifestant sa joie d’être chrétien ?


Benoît XVI part de l’idée que l’espérance est fondée sur l’événement de Pâques et sur notre foi dans le salut apporté par le Christ pour le monde entier. C’est cette foi qui transforme nos vies, si nous le voulons bien ; et Benoît XVI nous pose une question essentielle : « la foi chrétienne est-elle aussi pour nous aujourd'hui une espérance qui transforme et soutient notre vie? Est-elle pour nous ‘‘performative’’ – un message qui forme de manière nouvelle la vie elle-même, ou est-elle désormais simplement une ‘‘information’’ que, entre temps, nous avons mise de côté et qui nous semble dépassée par des informations plus récentes ? » (n° 10) Si nous acceptons de laisser transformer notre vie par notre foi, alors nous entrons dans l’espérance et « Celui qui a l'espérance vit différemment ; une vie nouvelle lui a déjà été donnée. » (n° 2)

L’enjeu est important : il s’agit de vivre chrétiennement ou non. Quel est le critère de cette vie ? Qu’est-ce qui nous fait entrer dans la participation à la vie de Dieu, but ultime de la vie chrétienne, que l’on appelle souvent vie éternelle ? Le cardinal Vingt-Trois, dans la préface qu’il a donnée à cette encyclique, insiste sur la spécificité de l’espérance chrétienne dans notre façon de lire l’histoire : « L’espérance chrétienne, elle, interprète l’histoire humaine en la soumettant à la lumière d’une réalité qui dépasse notre propre expérience : la réalité de Dieu. » Ce qui manque à notre humanité contemporaine, c’est certainement d’accueillir la lumière de cette réalité de Dieu. Et la réalité de Dieu, c’est l’amour (cf. la première encyclique de Benoît XVI, Deus Caritas est).


Tout au long de son encyclique, le Pape cherche à comprendre comment différents philosophes ont voulu découvrir le secret de la vie heureuse, sans pourtant y parvenir (scientisme, marxisme…). Il conclut que l’amour seul peut sauver l’homme : « Ce n’est pas la science qui rachète l’homme. L’homme est racheté par l’amour » (n° 26) Et l’amour est la clé de la vie heureuse, qu’on peut appeler alors vie éternelle : « L'expression ‘‘vie éternelle’’ cherche à donner un nom à cette réalité connue inconnue. […] Il s'agirait du moment de l'immersion dans l'océan de l'amour infini, dans lequel le temps – l'avant et l'après – n'existe plus. Nous pouvons seulement chercher à penser que ce moment est la vie au sens plénier, une immersion toujours nouvelle dans l'immensité de l'être, tandis que nous sommes simplement comblés de joie. » (n° 12)


S’il est sans doute un peu compliqué, le texte de Benoît XVI est une invitation très belle et très simple en définitive : vivons dans l’amour, dirigeons notre vie selon les préceptes de l’amour, dans la foi en Celui qui nous a sauvés sur la Croix, par amour ; ainsi nous vivrons dans l’espérance qui nous rendra libres, heureux, et éternels.




Benoît XVI, Spe Salvi, éd. Téqui, Paris, 2007 (69 p.)


encyclique : Lettre solennelle du Pape adressée à l'ensemble de l'Eglise catholique ou plus spécifiquement à une des parties d'entre elles évêques, clergé, fidèles. Les encycliques sont des textes qui ont le plus souvent valeur d'enseignement et peuvent rappeler la doctrine de l'Église à propos d'un problème d'actualité. (source : www.cef.fr)

samedi 22 décembre 2007

L’Evangile de ce dimanche : « ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse »

C’est la dernière ligne droite avant Noël. Et c’est à présent vers Joseph que nous nous tournons :

Voici quelle fut l'origine de Jésus Christ.
Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph ; or, avant qu'ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l'action de l'Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret.

Il avait formé ce projet, lorsque l'ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l'enfant qui est engendré en elle vient de l'Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c'est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »

Tout cela arriva pour que s'accomplît la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d'Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ». Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l'ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.

(Mt 1, 18-24)

L’initiative de Dieu

Ce qui me frappe en premier lieu dans cette page d’Evangile, c’est l’initiative de Dieu : c’est par l’Esprit Saint que Marie est enceinte (v. 18), et c’est un ange de Dieu qui vient déranger Joseph dans son projet (v. 20). Pourtant, ce projet est conforme à la Loi juive qui condamne les femmes adultères à la répudiation, et Joseph, présenté comme un homme juste, a même pris le soin de le faire en privé, pour préserver Marie. Il a établit son projet seul, dans le secret de son cœur, mais c’est Dieu qui vient s’insérer dans son histoire.

C’est d’ailleurs l’attitude du Seigneur dans le passage d’Isaïe cité dans l’Evangile (Is 7, 10 ss.) : Akhaz refusait de mettre le Seigneur à l’épreuve en lui demandant un signe – conformément à la Loi, encore une fois – mais le Seigneur ne l’entendait pas de cette oreille. C’est alors qu’a lieu la prophétie citée dans notre texte.

Noël est vraiment la fête de l’initiative de Dieu qui vient à notre rencontre, que nous l’accueillions, que nous le refusions ou que nous l’ignorions, par amour pour nous.

Dieu, au-delà de nos justices

Je l’ai dit plus haut, le plan de Joseph était juste : conforme à la Loi et plus encore respectueux de Marie. De même, la réponse d’Akhaz au chapitre 7 du livre d’Isaïe était conforme aux prescriptions du psaume 78 (77). Mais Dieu ne se limite pas à nos justices humaines : il va au-delà, même lorsque nous ne le comprenons pas.

Ainsi Joseph est-il amené à revoir son projet, à croire au message de l’ange reçu en songe, et à prendre Marie chez lui. Il connaît une part des conséquences de son acte : accueillir chez lui un enfant qui ne sera pas le sien, l’éduquer, le nourrir, le protéger… La foi de Joseph est un modèle pour nous : sans doute ne comprend-il pas le projet de Dieu, mais il a foi en lui.

Laissons-nous faire

Une leçon de cet évangile, je crois, est que nous pouvons mettre toutes nos facultés humaines au service de Dieu, nous devons même le faire, mais que nous ne devons jamais oublier de lui laisser la première place, sachant qu’il sait mieux que nous le chemin de notre bonheur. C’est un appel à la foi. Noël est le temps où nous devons prendre conscience que nous ne sommes pas seuls : Dieu prend l’initiative de nous rejoindre dans le monde pour guider nos projets et réorienter nos vies. Laissons-nous faire : Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu.

Joyeux Noël !

lundi 17 décembre 2007

Mgr Riocreux célébrera Noël à Villiers-le-Bel


Communiqué de presse

Monseigneur Jean-Yves Riocreux, évêque de Pontoise célèbrera la messe de Noël à Villiers-le-Bel, le 24 décembre à 19h30.

Il veut par sa présence soutenir les habitants, et souligner la vitalité et la convivialité de cette communauté paroissiale.

Noël sera fêté en effet de manière festive et particulière à Villiers-le- Bel (95) cette année 2007. La paroisse, sans église paroissiale (indisponible depuis des années) et sans salle paroissiale (en reconstruction), célèbre tous les dimanche à Arnouville-lès-Gonesse depuis des mois. Suite aux événements, la mairie a généreusement proposé la salle municipale Marcel Pagnol pour célébrer la Nativité sur la commune.

Cette messe aura un relief particulier grâce à la créativité de l’équipe paroissiale, des enfants et des jeunes. Des scènes bibliques seront mises en scène avant la messe pour permettre à tous d’entrer de manière particulière dans la liturgie. Cinq musiciens viendront soutenir la prière.

La veillée ouverte par le curé de la paroisse, le père Léon Debruyne aura pour thème :
« Paix aux hommes que Dieu aime ».

Monseigneur Riocreux explique ainsi son choix :

Fin novembre, Villiers-le-Bel a été soudainement projeté à la une de l’actualité, non seulement en France mais dans le monde entier. Cette commune de 27.000 habitants ne souhaitait pas devenir ainsi célèbre, car cette ville accueillante et sympathique construite autour de son église Saint Didier édifiée au XIIIème siècle est une ville comme toutes les autres villes de la banlieue parisienne. Un guide touristique précise même : « Un quartier verdoyant, vestige des pensionnats qui recevaient les enfants au bon air, contraste avec les grands ensembles tout proches. A partir des années 1950, la population a quadruplé, donnant à la cité un second visage. ».

Et le visage présenté sur les écrans de TV et dans les journaux a été catastrophique. Bien sûr, il ne reflète pas les belles réalités du quotidien dans cette ville faite de pavillons et d’immeubles, comme je l’ai entendu des religieuses vivant au cœur de la ZAC et des membres du Secours Catholique.

Il est vrai cependant que celle-ci est une des plus pauvres d’Ile de France, pauvre y compris en lieux de prière… sa belle église est inutilisable depuis plusieurs années pour raison de longs travaux.

A Noël 2004, dans la salle paroissiale, détruite depuis et bientôt reconstruite, j’avais célébré la messe de la Nativité avec le curé, le Père Léon Debruynne. Beau souvenir de ce premier Noël à Villiers-le-Bel !

En ce Noël 2007, après plusieurs rencontres dans cette ville meurtrie, j’ai décidé de venir à nouveau pour y célébrer la messe de la nuit. Et c’est une joie profonde pour moi d’être avec cette belle communauté chrétienne de toutes couleurs, riche de ses diversités.

Cette année, grâce à l’aide de la municipalité, la messe sera célébrée dans le théâtre de Villiers-le-Bel. Lundi 24 Décembre au soir, les visages des chrétiens beauxvilliersois seront rayonnants et inondés de lumière, comme les bergers de Bethléem. Nous prierons ensemble, enfants et adultes, nous découvrirons que cette ville est aussi un lieu de convivialité entre tous, de paix, d’amour et d’espérance.

Au nom de tout le diocèse et de tous ceux, nombreux, qui m’ont écrit des messages de soutien et de prières, je dirai avec bonheur à tous: « Joyeux Noël à toi, Villiers-le-Bel !».


+ Jean Yves Riocreux
Evêque de Pontoise
Le 14 Déc. 2007

samedi 15 décembre 2007

L’Evangile de ce dimanche : « Parmi les hommes, il n'en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste. »

Jean le Baptiste, dans sa prison, avait appris ce que faisait le Christ. Il lui envoya demander par ses disciples : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! »
Tandis que les envoyés de Jean se retiraient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu'êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ?... Alors, qu'êtes-vous donc allés voir ? un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Qu'êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu'un prophète. C'est de lui qu'il est écrit :
Voici que j'envoie mon messager en avant de toi, pour qu'il prépare le chemin devant toi.

Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n'en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui.

(Mt 11, 2-11)


L’Evangile de ce dimanche nous invite à contempler la figure de Jean-Baptiste, grande figure du temps de l’Avent. Nous avons deux façons de le connaître ici : par sa propre question et la réponse que Jésus y donne, et par le portrait énigmatique qu’en dresse le Christ dans la seconde partie du texte.


L’homme de la quête de « celui qui doit venir »


« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

Depuis sa prison, éloigné de tous, Jean a encore le besoin de connaître Jésus. Pourtant, c’est bien lui qui l’a baptisé et qui lui a dit : « Quoi ? Tu viens à moi ? C’est moi qui devrais me faire baptiser par toi ! » (Mt 3, 14) et qui a assisté à la première théophanie où Dieu a dit : « C’est lui mon Fils, le Bien-Aimé, celui en qui je me complais. » (Mt 3, 17). Jusqu’au bout de sa vie, Jean-Baptiste est l’homme de la quête du Seigneur.


« Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez. »

Et Jésus, au lieu de répondre « oui, c’est moi », répond par cette phrase étonnante : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez. » (Mt 11, 4). Il sait que Jean comprendra. Les signes que Jésus fait – la guérison des malades, la résurrection des morts et l’annonce de la Bonne nouvelle du Royaume – suffisent à répondre à Jean. Nous pouvons en déduire que Jean, homme de la quête du Seigneur, est aussi un homme de foi.


Un prophète : le plus grand des enfants des hommes

La suite du texte est plus énigmatique : Jésus, après le départ des disciples de Jean, entreprend une description de son cousin.


« un prophète ? Oui, je vous le dis »

Jean n’est ni un roseau dans le désert ni un homme aux riches vêtements, c’est un prophète – on dit souvent le dernier des prophètes. Le Seigneur cite même l’Exode (Ex 23, 20) et le livre de Malachie (Ml 3, 1) pour montrer qu’en effet, un dernier prophète est annoncé dans l’Ecriture avant la venue du Messie. Ce faisant, le Christ se présente comme ce Messie qui vient, comme « celui qui doit venir ».


« Parmi les hommes, il n'en a pas existé de plus grand »

Enfin, Jésus dit qu’il n’a jamais existé d’homme plus grand que Jean-Baptiste. Pourquoi dit-il cela ? Je comprends cette phrase comme une confirmation que Jean est grand par le fait qu’il accomplit pleinement ce que disait l’Ecriture à son sujet – c'est-à-dire ce que Dieu voulait qu’il fût, c'est-à-dire encore sa vocation. Homme de la quête et de l’attente du Seigneur, homme de foi dans les signes que Jésus fait, prophète selon les promesses de l’Ecriture, Jean répond véritablement à la volonté de Dieu. C’est en ce sens qu’il est le plus grand des hommes.


Puisse ce temps de l’Avent déjà bien entamé nous voir grandir dans la scrutation des signes du Seigneur, et persévérer dans le désir d’accomplir la volonté de Dieu.

Karl Rahner : une méditation sur Noël

Noël approche, alors voici une petite méditation de Karl Rahner (1904-1984) qui pourra nous aider à entrer dans le mystère de la Nativité du Seigneur. Bonne lecture !



Le Seigneur est là. Le Seigneur de la Création et de notre vie personnelle. Il va désormais faire autre chose que regarder du haut de son éternité l’éternel changement que représente l’écoulement de la vie, de ma vie, très loin de lui, très bas au-dessous de lui. L’Éternel est devenu temps, le fils le Dieu s’est fait homme, la Raison éternelle du monde et la loi explicative universelle s’est faite chair. Mais du même coup, le temps et la vie de l’homme ont été transformés. Du fait que Dieu lui-même s’est fait homme. Non en ce sens qu’il aurait cessé d’être lui-même, la Parole éternelle de Dieu, lui-même avec toute sa gloire, avec l’abîme insondable de sa béatitude. Mais il est vraiment devenu homme. Et le voilà désormais concerné par le monde et par le destin du monde.

Le monde est désormais autre chose que son œuvre : un élément de lui-même. Dieu ne se contentera plus de jeter un regard sur le cours des choses d’ici-bas, car le voilà impliqué lui-même dans leur trame et affecté tout comme nous par sa propre création, tant il partage notre destin, connaît nos joies et éprouve nos misères. Nous n’aurons plus à le chercher dans les profondeurs infinies du ciel, cette immensité sans repères où notre esprit et notre cœur ne peuvent que se perdre. En personne, il se met à exister aussi sur notre terre, et son sort n’y est pas meilleur que le nôtre. Car, loin de jouir d’un régime de faveur, il partage totalement notre condition, la faim, la fatigue, les inimitiés, la peur de mourir, une mort misérable.

Que l’infini de Dieu ait ainsi assumé l’étroitesse de notre condition humaine, que la béatitude ait assumé la tristesse mortelle de notre terre, que la Vie ait assumé la mort, voilà bien la vérité la plus invraisemblable. Mais c’est elle, cette lumière obscure de la foi, et elle seule, qui donne à nos nuits quelque clarté, c’est elle seule qui en fait de saintes nuits.

Dieu est venu. Il est là. Et dès lors, tout est différent de nos estimations. D’écoulement sans fin qu’il était jusqu’alors, le temps devient un événement qui imprime silencieusement à toutes choses un mouvement dont la direction est unique, et le terme parfaitement déterminé. Nous sommes appelés, et le monde avec nous, à contempler dans tout son éclat la face même de Dieu. Proclamer que c’est Noël, c’est dire équivalemment que, par son Verbe fait chair, Dieu a dit son dernier mot, le plus profond et le plus beau de tous, qu’il l’a inséré au cœur du monde, et que jamais il ne pourra le reprendre, parce qu’il est une action décisive de Dieu, parce qu’il est Dieu lui-même dans le monde. Et ce mot n’est autre que celui-ci : « 0 monde, je t’aime ! 0 homme, je t’aime ! »

Un tel mot de la part de Dieu, est-ce possible ? Quelle suprême invraisemblance ! Comment oser le dire, quand on connait – et Dieu les connait tellement mieux que nous – le monde et l’homme, toute leur horreur et toute leur inanité ! Pourtant, ce mot, Dieu l’a prononcé en se faisant lui-même créature, en naissant comme l’une d’elles ; et cette Parole d’amour faite chair signifie qu’entre le Dieu éternel et nous-mêmes doit s’établir une communauté de personnes dont l’intimité est celle d’un face à face et d’un cœur à cœur, une communauté de personnes dont l’existence est déjà un fait, la seule chose que nous puissions faire contre elle étant de nous dérober au baiser de l’amour qui brûle déjà nos lèvres. Ce mot, Dieu l’a prononcé au jour de la naissance de son Fils ; et désormais, pendant quelque temps, il se taira, tout ce bruit que l’on appelle orgueilleusement l’histoire du monde (ou notre propre vie) n’étant qu’une ruse inventée par l’Amour éternel pour permettre à l’homme d’apporter une réponse libre à cette parole définitive.

Oui, tant que dure cet instant, à la fois bref et long, qui constitue l’Histoire depuis Jésus Christ, l’homme est invité à prendre à son tour la parole en ce monde, pour dire en tremblant d’amour à ce Dieu qui, homme comme nous, se tient à ses côtés : « Je … » Mais à quoi bon ouvrir la bouche ? Il n’a qu’à s’abandonner silencieusement à l’amour divin, car celui-ci est là, depuis que le Fils de Dieu est né à la lumière de notre monde.

Le message de Noël, c’est que Dieu est venu vers nous. Il est venu d’une façon telle qu’il ne lui est désormais plus possible, sans le monde et sans nous, de retrouver l’éclat terrible de sa propre gloire. La naissance de cet enfant a tout changé. A partir du Verbe fait chair, foyer de tout ce qui existe, tout désormais s’achemine, sous la poussée inexorable de l’amour, vers la Face de Dieu, sans que le monde doive pour autant être consumé dans ce brasier de sainteté et de justice. Le temps tout entier est déjà enveloppé par l’éternité, du fait que celle-ci est devenue temps elle-même. Toutes les larmes sont d’ores et déjà taries à leur source la plus secrète, parce que Dieu, après les avoir pleurées lui-même, les a essuyées à jamais sur ses propres yeux. Toute espérance devient réellement possession, du fait que Dieu est déjà possédé par le monde. La nuit du monde est d’ores et déjà clarté.

dimanche 9 décembre 2007

Merci !

Chers amis,

C'est avez une joie et une émotion que je n'ai pas cherché à dissimuler que j'ai vécu mon admission parmi les candidats au ministère de prêtre, le 7 décembre au séminaire. Cette joie et cette émotion, je crois les devoir en grande partie à la façon dont vous m'accompagnez, dans la prière et l'amitié. Votre présence à mes côtés, physique ou spirituelle, a été d'une grande valeur pour moi. Merci à tous de votre témoignage d'affection.

Me voici à présent résolument sur le chemin vers le sacerdoce. Continuez s'il-vous-plaît, peut-être même plus qu'avant encore, à m'accompagner de votre prière et de votre amitié !

L’Evangile de ce dimanche : "Convertissez-vous car le Royaume des cieux est tout proche."

En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. » Jean est celui que désignait la parole transmise par le prophète Isaïe :

A travers le désert, une voix crie :

Préparez le chemin du Seigneur,

aplanissez sa route.

Jean portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain venaient à lui, et ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés.
Voyant des pharisiens et des sadducéens venir en grand nombre à ce baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion, et n'allez pas dire en vous-mêmes : 'Nous avons Abraham pour père' ; car, je vous le dis : avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.
Moi, je vous baptise dans l'eau, pour vous amener à la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu ; il tient la pelle à vanner dans sa main, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier. Quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s'éteint pas. » (Mt 3, 1-12)


Appel à la conversion

« Convertissez-vous »

L’appel de Jean-Baptiste est clair, très clair même : nous ne pouvons pas fuir la colère de Dieu, et nous dire chrétiens – ou juifs, ou « fils d’Abraham » - ne suffit pas. Il nous faut nous convertir. Cela me rappelle un autre passage de l’Evangile selon saint Matthieu : « Il ne suffit pas de me dire : ‘Seigneur, Seigneur !’, pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7, 21).

Loin d’être une fuite de la colère de Dieu, colère contre le péché, contre le mal, la conversion est un mouvement intérieur qui nous tourne vers Dieu. C’est une motion de chaque jour, de chaque instant, par laquelle nous orientons nos actes et nos pensées vers le Seigneur. Il ne s’agit pas de l’action d’un moment, mais d’un engagement de long terme.

En écoutant Jean-Baptiste, nous comprenons aussi que notre identité de chrétien ne suffit pas à accueillir le Christ : « n'allez pas dire en vous-mêmes : 'Nous avons Abraham pour père' ». Ce que Jean dénonce ici, c’est de se reposer sur ses lauriers en se disant : c’est bon, je suis baptisé, plus rien ne peut m’arriver. L’appel à la conversion est un appel de fond, pour que notre vie soit transformée et que nous l’orientons résolument vers le Christ.


Un appel pressant, pour notre salut
« car le Royaume des cieux est tout proche. »

Il y a urgence, l’heure est grave : « [celui qui vient] tient la pelle à vanner dans sa main, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier. Quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s'éteint pas. » L’heure du jugement approche, c’est pourquoi notre conversion devient urgente.

La colère de Jean m’a un peu étonné, elle m’a même gêné, en première lecture. Mais c’est ainsi que je la comprends : Jean-Baptiste est présenté comme l’héritier du chapitre 40 du livre d’Isaïe dans lequel Dieu réconforte son peuple en l’invitant à préparer le chemin du Seigneur car sa venue est proche, et proche l’heure où la paix régnera dans le monde. C’est donc la colère d’un prophète qui aime le monde et veut l’aider à se sauver. L’enjeu de notre réponse à l’appel de Jean est majeur, car le jugement du Christ est proche : serons-nous du grain ou de la paille ? Le baptême dans l’Esprit Saint et dans le feu est ici comme l’instrument de ce jugement, tout ce qui est mauvais sera brûlé.

Profitons donc de ce temps de l’Avent pour préparer nos cœurs à la venue du Seigneur. Cette venue n’est pas seulement celle de Noël : nous attendons aussi la dernière venue du Seigneur, dans la gloire. Alors changeons nos vies pour que, quand il viendra, il nous accueille dans son Royaume.


dimanche 2 décembre 2007

Le ministère de prêtre... en quelques pages

A l’occasion de l’atelier de novembre des séminaristes de troisième année du Séminaire, Julien Dupont et moi-même avons été chargés de concevoir un petit recueil de textes sur le prêtre. Rassemblant nos lectures passées, théologiques, spirituelles ou même littéraires, nous avons entamé une fructueuse discussion. En voici le résultat.

Loin d’être exhaustif évidemment, ce compendium a pour seule ambition de ne pas être idéologique. Nous avons voulu présenter des figures très diverses, du véritable disciple du Bienheureux Antoine Chevrier ou prêtre contemporain du Père Magnin, du curé de village de Balzac au bon pasteur du Cardinal Kasper. Chacun sera touché par tel texte plutôt que par tel autre, mais cette diversité que nous présentons manifeste la richesse du ministère de prêtre tel que nous l’offre l’Eglise.

Ce compendium est disponible ICI.

L’Evangile de ce dimanche : « Veillez donc ! »

C’est aujourd’hui le premier dimanche de l’Avent, le début d’une nouvelle année liturgique. C’est aussi le début de notre marche en Eglise vers la Nativité de Jésus. Quel jour de joie ! J’inaugure ici ce que je voudrais être un rendez-vous régulier. Chaque dimanche, j’essaierai de vous partager une méditation personnelle de l’évangile du jour.

« Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « L’avènement du Fils de l’homme ressemblera à ce qui s’est passé à l’époque de Noé. A cette époque, avant le déluge, on mangeait, on buvait, on se mariait, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche. Les gens ne se sont doutés de rien, jusqu'au déluge qui les a tous engloutis : tel sera aussi l'avènement du Fils de l'homme. Deux hommes seront aux champs : l'un est pris, l'autre laissé. Deux femmes seront au moulin : l'une est prise, l'autre laissée. Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra. Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n'aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le Fils de l'homme viendra. » (Mt 24, 37-44)

Une spiritualité des yeux ouverts

Que ce soit en mangeant et en buvant, en étant aux champs ou au moulin, Jésus nous dit que c’est dans notre quotidien que le Seigneur viendra. C’est dans notre quotidien qu’il se manifestera et qu’il jugera les hommes : « l'un est pris, l'autre laissé ».

Ce qui me frappe, c’est que le jugement du Seigneur semble toujours se faire entre deux personnes. Et j’y vois un signe que Dieu ne nous demande pas de nous dissocier du monde, mais bien de partager le quotidien du monde, aux champs ou au moulin, comprenons aujourd’hui au bureau ou à l’usine.

Voilà ce que j’aime appeler une spiritualité des yeux ouverts : Dieu nous invite ici à rester dans le monde, à y vivre à fond, à partager ses conditions de vie, ses joies et ses peines, en attendant que le jour du Seigneur arrive. En aucune façon notre veille du jour du Seigneur ne doit être une fuite du monde.

Veiller à la manière de Noé

Mais alors qu’est-ce que la veille à laquelle Jésus nous invite en disant : « Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le Fils de l'homme viendra » ? Si « l'un est pris, l'autre laissé », qu’est-ce qui va faire que je serai l’un et non l’autre ?

Je vois une clé de réponse à cette question dans l’évocation préliminaire de Noé : « L’avènement du Fils de l’homme ressemblera à ce qui s’est passé à l’époque de Noé. » Qu’est-ce qui a fait qu’en son temps, Noé a été pris, et les autres laissés ? Au chapitre 6 du livre de la Genèse, Noé est présenté comme un homme juste et intègre, fidèle à la Loi du Seigneur, au milieu d’un monde corrompu qui a oublié Dieu. L’alliance que Dieu établit avec Noé se fonde sans aucun doute sur cette fidélité aux commandements de Dieu.

Jamais Noé n’est présenté comme un homme qui aurait fui le monde et qui à cet égard aurait plu à son Dieu. Simplement, vivant dans le monde, il a su rester fidèle à la Loi divine, il a été juste.

Tenons-nous prêts !

Se tenir prêt, c’est donc à mes yeux rester fidèle au Seigneur, dans le quotidien de notre vie. La différence entre l’homme aux champs qui sera pris et celui qui ne le sera pas est sans doute celle-ci : le premier a été fidèle au Seigneur et il a su le reconnaître lors de sa venue ; le second en revanche, s’étant détourné de Dieu durant sa vie, n’a pas su le reconnaître et a du coup été laissé. Tenons-nous donc prêts, pendant ce temps d’Avent. Gardons les yeux ouverts sur le monde pour y scruter les signes des temps (cf. Mt 16, 3), gardons les yeux ouverts, fixés sur le Christ, gardons les yeux ouverts, et peut-être apercevrons-nous dans quelques jours une étoile briller dans la nuit, qui nous indiquera qu’un Sauveur nous est donné !

mercredi 28 novembre 2007

Sophie Soria : Un coach nommé Jésus

Au cours d’une retraite, je suis tombé sur ce livre dont le titre m’a évidemment a priori charmé, en bon commercial que je suis : Un coach nommé Jésus. Cela m’a tout de suite rappelé un de mes derniers cours à l’Essec, STM 330. Le coaching est en effet une pratique en vogue dans les entreprises, pour motiver les cadres et leur donner des méthodes de gestion de leur temps et de leur travail.

Que vient faire Jésus dans tout cela ? Sophie Soria propose une lecture managériale de la Parole de Dieu et une application des préceptes évangéliques dans l’entreprise. C’est une vision qui pourra paraître à certains un peu tirée par les cheveux, mais elle est assez efficace : treize « paroles de sagesse » de Jésus donnent treize principes : relativiser l’argent, rassurer l’inquiétude, entreprendre la prise de risques, donner et pardonner dans l’amour-agapè, servir avec humilité, rêver et créer dans un esprit d’enfance, décider avec discernement, chercher avec persévérance, résister librement, changer de cadre pour créer le paradoxe, gagner en lâcher-prise, renaître de l’épreuve et savourer la joie.

Sophie Soria donne quatre « titres » à Jésus, dont elle fait les quatre parties de son livre :

  1. Jésus, « conseiller merveilleux », coach à part entière
  2. Jésus, coach du changement
  3. Jésus, coach de la sagesse
  4. Jésus, coach par la parabole

Evidemment, ne cherchons pas de titres messianiques dans cette liste où tout est rapporté à l’entreprise. C’est sans doute la limite de ce livre d’ailleurs, qui ne voit en Jésus-Christ qu’un maître en sagesse managériale. On est loin de l’expérience de Celui qui bouleverse et convertit nos vies. Ce livre n’est aucunement une catéchèse. Mais il montre qu’on peut, avec de la bonne volonté, chercher dans l’Evangile des règles pour mener sa vie, même en entreprise.

A ceux qui se lamentent en disant que dans notre société capitaliste de consommation, si l’on veut s’en sortir il est impossible de vivre en conformité avec sa foi, Sophie Soria répond que Jésus nous invite en tout lieu et en tout temps à « vivre en plénitude la vie surabondante » qu’il nous offre.

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Sophie SORIA, Un coach nommé Jésus, éd. Dunod-InterEditions, 2005

Voir : site de l’éditeur

mardi 27 novembre 2007

Admission : le 7 décembre approche...

Rappel : avec sept autres séminaristes, je serai admis parmi les candidats au ministère presbytéral du diocèse de Pontoise le vendredi 7 décembre prochain.

La célébration aura lieu à 18h15 en l'église Saint-Joseph-des-Carmes (70 rue de Vaugirard, Paris VIe) et vous y êtes tous les bienvenus !

samedi 24 novembre 2007

La Carm@news vient de sortir !



La dernière Carm@news, e-journal du Séminaire des Carmes, vient de paraître ! Vous pouvez la consulter en cliquant ICI. N'hésitez pas à laissez vos impressions dans les commentaires, pour que les transmette au service communication, dignement mené par mon ami Gautier.

Vous pouvez aussi vous inscrire sur le site Internet du Séminaire pour la recevoir automatiquement par mail à chaque parution (3 numéro par an).

mardi 20 novembre 2007

Maurice Zundel : Vivre Dieu – l’art et la joie de croire


« Tu l’aimerais si tu le connaissais

Car il est tout ce que tu cherches

La beauté et la bonté

La vérité et l’amour

Et il t’attend depuis toujours

Dans ton cœur. » (p. 44)

Recueil de textes de Maurice Zundel, complément de la grande biographie du P. de Boissière et de F.-M. Chauvelot, parue aux Presses de la renaissance en 2004, Vivre Dieu est l’occasion de découvrir ou de se replonger dans la spiritualité d’un des grands mystiques du XXe siècle.

Les expressions de Maurice Zundel ne peuvent laisser indifférent : « Ah ! ne parlez pas de Dieu ! Vivez-en, vivez-en, qu’on le sente ! » (p. 50) ; « La sainteté, c’est la joie des autres ! » (p. 108) ; « La vie mystique est consubstantielle à la vie chrétienne. » (p. 220)

A travers les textes choisis par France-Marie Chauvelot, on entre peu à peu dans la pensée de ce prêtre mystique dont la seule ambition, au final, est de faire entrer le lecteur dans une vraie relation à Dieu. Une relation presque concrète où Dieu est ressenti par l’homme, puisque Lui-même s’est fait homme. Le vrai visage de Dieu, pour Zundel, est le visage fragile et pauvre qu’Il prend en devenant homme, et le dernier des hommes. De là découle toutes les vérités de sa foi, et Zundel va jusqu’à écrire « Je ne crois pas en Dieu, je le vis. » On comprend mieux alors pourquoi « La vie mystique est consubstantielle à la vie chrétienne », et l’on mesure les implications que cette affirmation quant à la vie de l’homme qui met sa foi en Jésus-Christ : « Aussi bien pour un esprit, être pleinement, c’est être libre ; et être libre, c’est être don. » (p. 74).

L’Eglise trouve alors chez Zundel une définition extraordinaire : « L’Eglise apparaît à travers [les apôtres] immédiatement comme une société mystique, comme une société sacramentelle où l’homme est totalement effacé dans la présence de Jésus-Christ. » (p. 220)

Très marqué, profondément transformé par la rencontre de Monseigneur Hervé Renaudin, évêque de Pontoise de 2001 à sa mort en 2003, j’aime lire Zundel qui fut l’une de ses sources principales. En lisant Zundel, je comprends mieux Mgr Renaudin, et ainsi je comprends mieux comment Dieu m’a rejoint dans mon histoire pour m’appeler à son service exclusif.

Zundel nous permet ici de redécouvrir la dignité éminente de l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, dignité tellement oubliée aujourd’hui. Si l’Eglise peut permettre au monde de retrouver sa dignité en lui donnant à connaître Celui qu’il aimerait s’il le connaissait, et qui l’attend depuis toujours dans son cœur, alors le Royaume de Dieu ne sera plus très loin !


Maurice Zundel, Vivre Dieu – l’art et la joie de croire, Presses de la Renaissance, Paris, 2007 (286 p.)

Maurice Zundel (1897-1975), prêtre suisse, était considéré de son vivant par le pape Paul VI comme un génie mystique, poète, écrivain et théologien. Il mit toute sa vie sacerdotale et intellectuelle au service de la rencontre de Dieu en l'homme. Ce François d'Assise contemporain nous incite, à notre tour, à expérimenter Dieu au quotidien, dans une liberté rare. (source : site de l’éditeur)

Mgr Rouet : Un nouveau visage d’Eglise

J’en avais beaucoup entendu parler, plutôt en mal c’est vrai… L’expérience des communautés locales du diocèse de Poitiers ne laisse personne indifférent : soit l’on est pour, soit l’on est contre.

La retraite de rentrée du Séminaire, prêchée par Monseigneur Albert Rouet, archevêque de Poitiers, a été une très bonne introduction à cette question. La lecture de son livre de 2005, écrit avec d’autres acteurs des communautés locales a été pour moi l’objet d’une grande réflexion sur le ministère de prêtre dans l’Eglise aujourd’hui.

Le constat de Mgr Rouet est simple : dans sa structure actuelle, l’Eglise ne peut pas continuer de fonctionner. La raison n’en est pas directement le manque de vocations presbytérales, mais le fait que l’implication des laïcs dans la vie ecclésiale est nécessaire, au nom même de leur baptême. L’archevêque de Poitiers, fondé sur une solide théologie du baptême et de l’ « égalité baptismale » des chrétiens, citant souvent l’Ecriture et les textes du Concile Vatican II, préconise donc l’organisation des communautés chrétiennes non plus en paroisses – modèle hérité du Concile de Trente au XVIe siècle – mais en communautés locales constituées d’une équipe de base de cinq personnes laïques chargées des grandes fonctions de la communauté (liturgie, transmission de la foi, solidarité, liturgie et coordination). Autour de ces équipes de bases, ou plutôt à leur fondation, il y a les communautés locales, qui correspondent à chaque village ou à chaque clocher. Le résultat, treize ans après, est éloquent : sauf quelques exceptions, les communautés locales vivent une réelle vie de foi, elles sont reconnues par les autorités locales comme des partenaires de valeur… Bref, l’Eglise présente à Poitiers un visage dynamique et bien vivant !

Ce qui m’a le plus frappé, chez Mgr Rouet, c’est cette volonté d’aller de l’avant malgré les difficultés. Voilà un évêque, me suis-je dit, qui ne se morfond pas sur l’état de son diocèse, sur le manque de vocation, sur la baisse du nombre de pratiquants, mais qui prend les moyens de faire vivre l’Eglise qui lui est confiée ! Et son enthousiasme est communicatif : « il ne s’agit plus d’attendre des jours meilleurs, écrit Gisèle Bulteau dans le livre, mais de prendre en charge la vie chrétienne sur un lieu donné. » (p. 73)

Cependant, ce livre n’est pas sans me poser de grandes questions sur les fondements mêmes de l’organisation du diocèse de Poitiers, et particulièrement – vous me comprendrez – sur le ministère presbytéral dans un tel système.

-1- Si le prêtre, par l’ordination presbytérale, est configuré au « Christ, Pasteur et Chef », « consacré pour prêcher l’Evangile, paître les fidèles, célébrer le culte divin […] tenant la place du Christ et proclamant son mystère » (Vatican II, const. dogm. Lumen Gentium n° 28), comment peut-on envisager une « certaine autonomie » (p. 96) des communautés locales par rapport au prêtre ?

-2- Si le ministère du prêtre est réduit à un « ministère de communion entre les différentes communautés à eux confiées » (pp. 154-155), alors comment vivre au contact de tous les chrétiens, et même au contact de tous les hommes ? Ce point peut sembler anodin, mais il me semble central quant à la mission de prédication de l’Evangile confiée au prêtre. Si je veux devenir prêtre, c’est bien pour porter la Bonne Nouvelle du salut au monde entier.

Cela ne doit pas occulter néanmoins tout l’intérêt de ce livre ! J’ai eu beaucoup de plaisir à le lire, et à m’interroger à partir de ce que je connais – c’est encore trop peu sans doute – de l’expérience menée à Poitiers. Je garde d’abord au cœur l’image d’un évêque qui ne baisse pas les bras, d’un chrétien vivant de l’Evangile et qui veut que le peuple qui lui est confié fasse de même ! Merci, Mgr Rouet, de cet exemple que vous nous donnez ! Et merci à l’Eglise qui est à Poitiers de nous partager son expérience, pour que chaque baptisé, là où il vit, puisse participer à l’avènement du Règne de Dieu !

dimanche 18 novembre 2007

Mathieu toujours en lice !

Star Academy :
Pour la troisième fois, hier soir, Mathieu a été repêché par le public !
C'est tout le Val d'Oise qui a dû voter pour lui, car 47% des votants ont décidé de lui faire continuer l'aventure.
Encore un peu de travail, Mathieu, et tu échapperas aux nominations la prochaine fois !

L'annonce du vote :
http://staracademy.tf1.fr/staracademy/videos/prime/0,,3625845,00-dojima-quitte-aventure-.html

lundi 12 novembre 2007

Visite à la MSA - heureux souvenirs

La MSA ? C'est la Maison Saint-Augustin, maison de propédeutique et de fondation spirituelle du diocèse de Paris. En fait, c'est un peu la première année de formation des prêtres, au moins en Ile-de-France, avant d'entrer au Séminaire.

Ancien membre de sa soeur, la MSJB (Maison Saint-Jean-Baptiste) de Versailles, j'étais heureux d'aller faire une petite visite aux "Augustiniens" de l'année 2007-2008, d'autant que deux d'entre eux, Thibaut et Quentin, sont diplômés de l'Essec ! C'est mercredi dernier, le 7 novembre, que je suis allé participer à l'Eucharistie et au déjeuner du 29 rue de la Santé.

Au-delà d'une simple visite à quelques amis, cette Messe et ce repas ont réveillé en moi d'heureux souvenirs de mon année à la MSJB, en 2004-2005. Quelle grâce j'ai eue de vivre cette année "gratuite" de prière et de vie communautaire, pour fonder véritablement mon choix de consacrer ma vie à Dieu !

Et pourtant cela n'a pas été si évident au début : à 24 ans déjà, j'aurais aimé entrer directement au Séminaire, "pour ne pas perdre de temps" comme je le disais à l'époque... mais ce fut ma première expérience de l'obéissance, puisque l'évêque de Pontoise avait décidé que j'irais. Et cette expérience est marquante : entré presque malgré moi à la MSJB, je crois que j'y ai vécu une des plus belles années de ma vie.

La vie communautaire à 10, que je découvrais, m'a appris que pour vivre chrétien on ne peut vivre seul : les frères sont là pour partager nos joies et nos tristesses.
Le service du mercredi dans une cité des Mureaux et le stage d'un mois à l'Arche de Jean Vanier m'ont enseigné la valeur du temps passé avec ceux qu'on ne visite pas.
La liturgie célébrée chaque jour à l'oratoire de la Maison m'a donné de goûter la paix d'une louange quasi-continue du Seigneur.
Les quelques cours que nous recevions ont ouvert en moi un appétit de mieux connaître Dieu et l'Eglise qui ne faiblit pas depuis.
La grande retraite de 30 jours, enfin, sommet de cette année, a fondé en moi la certitude que Dieu habite au coeur de ma personne, qu'il m'accompagne toujours et qu'en toute chose je peux compter sur lui.

Rassurez-vous : cette liste (non exaustive) de souvenirs n'est pas la traduction d'une nostalgie débordante ni d'une idéalisation coupable du passé ! Simplement, ma visite à la MSA a ravivé en moi ces heures si fondatrices de mon existence aux Carmes. Si je suis si heureux aujourd'hui, au Séminaire, c'est sans doute parce que ma "fondation spirituelle" à la MSJB a porté ses fruits.

Comment alors ne pas remercier Dieu de m'avoir conduit à la MSJB ? Et je vous invite à prier pour les jeunes qui actuellement vivent dans des Maisons de propédeutique : la vie n'y est pas toujours facile, mais c'est le chemin du bonheur !




Pour plus d'informations : http://www.mavocation.org/seminaire-diocesain-paris/maison-saint-augustin/

lundi 5 novembre 2007

Star Ac' : Allez Mathieu !


Une fois n'est pas coutume, cette année, je vais peut-être suivre un peu la Star Academy.
Mathieu, un jeune de Vauréal, est candidat cette année. Et, chose plus rare, il est chrétien : il chante souvent à l'église Frédéric-Ozanam de Cergy, dans un choeur de gospel.

Alors tous derrière Mathieu !
Tu peux compter sur ma prière et sur mon vote !




Cliquez ici pour découvrir :

- son portrait

- une de ses évaluations

mardi 30 octobre 2007

Me voici !

Le Supérieur du Séminaire me l’a annoncé ce matin : Monseigneur Riocreux, évêque de Pontoise, m’admet parmi les candidats au ministère presbytéral de son diocèse. Quid novi, me direz-vous, voici plus de trois ans que tu te prépares à être prêtre, depuis que tu as quitté l’Essec…

L’admission parmi les candidats au ministère presbytéral est véritablement la première entrée officielle dans le chemin qui me mènera peut-être, dans quelques années, au diaconat puis au sacerdoce. Depuis trois ans en effet, je suis séminariste, mais jamais encore ma démarche n’a été officiellement reconnue par l’Eglise au cours d’une célébration liturgique.

Pour la première fois, j’entendrai cet appel important, et j’y répondrai :

– Pour le diocèse de Pontoise, Sébastien Thomas.

– Me voici !

C’est une très grande joie pour moi de recevoir ce signe de la confiance de l’Eglise dans ma vocation, et cet encouragement à continuer fidèlement ma formation.

La Messe d’admission aura lieu au Séminaire, en l’église Saint-Joseph-des-Carmes*, vendredi 7 décembre prochain à 18h. Elle sera présidée par Mgr Michel Santier, le nouvel évêque de Créteil. J’espère vous y voir nombreux, pour partager ensemble ma joie de confirmer ma volonté de servir le Seigneur et son Eglise !



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*Saint-Joseph-des-Carmes – 70 rue de Vaugirard – Paris VIe
Métro : Saint-Placide (4) ou Rennes (12)

« N’ayez pas peur », le spectacle de Robert Hossein

« J’ai choisi de ne cacher ni ses doutes ni ses erreurs, de montrer aussi ses cicatrices. Ce qui est certain, c’est que je m’intéresse plus à l’homme qu’au pape. » C’est ainsi que Robert Hossein présentait son nouveau spectacle au journal La Croix. En effet, c’est un Jean-Paul II plein de vérité qui nous est montré au Palais des Sports de la Porte de Versailles depuis le 21 septembre. Robert Hossein n’est pas un apologète, c’est un metteur en scène : ce qu’il veut, c’est nous aider à découvrir l’homme Wojtyla, prêtre polonais devenu pape en 1978 et confronté aux grandes questions de son temps : la guerre, la faim, la libéralisation des mœurs, les idéologies…

Dans son commentaire du spectacle, sur le site du diocèse de Pontoise, Monseigneur Riocreux insiste sur le fait que « Robert Hossein a souhaité une suite de tableaux permettant de comprendre Jean Paul II, homme de Dieu, artisan de paix et citoyen du monde. Il ne s’agit pas d’une reconstitution rigoureuse mais une belle et émouvante évocation de ce grand pape. »

Et c’est en ce sens que l’on peut émettre une critique au spectacle : dans sa volonté de rendre la figure de Jean-Paul II accessible, Robert Hossein simplifie à l’extrême les caractères des uns et des autres, au point d’en devenir parfois caricatural. Ainsi voyons-nous un pape comme prisonnier de sa fonction, face par exemple à la question de la pandémie du SIDA, dans un dialogue avec l’abbé Pierre où il en vient à envier la liberté de parole du fondateur d’Emmaüs – alors que la liberté d’expression de Jean-Paul II pendant son pontificat n’est plus à démontrer !

Quoi qu’il en soit, je recommande chaleureusement d’aller voir ce spectacle. Le public est unanime à la sortie du Palais des Sports : ce Jean-Paul II, quel grand homme ! Il a vraiment changé le monde ! Et tout cela au nom de sa foi en Dieu ! Les jeunes de Garges-lès-Gonesse avec qui j’ai assisté au spectacle étaient enchantés, et renforcés dans leur foi. Robert Hossein donne à voir un beau témoignage de foi ; si comme le dit Jésus notre foi peut nous permettre de déplacer des montagnes (cf. Mt 21, 21), le Jean-Paul II de Robert Hossein nous en apporte une illustration remarquable.

NB : La bande annonce du spectacle est visible sur http://ma-tvideo.france2.fr/video/iLyROoaftu1Z.html

vendredi 19 octobre 2007

"Cinq méditations sur la beauté" : le beau livre de François Cheng

La remise à M. François Cheng, de l’Académie française, d’un Doctorat honoris causa par l’Institut catholique de Paris, mardi dernier 16 octobre 2007, m’a donné l’occasion de mieux connaître ce poète et romancier originaire de Chine, qui écrit dans ses deux langues et qui se veut un acteur du dialogue naissant entre la Chine et l’Occident. Ses méditations sur la beauté sont comme un résumé de sa pensée, exprimé dans un langage à la fois simple et agréable.

Le projet de François Cheng est clair : « En ces temps de misères omniprésentes, de violences aveugles, de catastrophes naturelles ou écologiques, parler de la beauté pourra paraître incongru, inconvenant, voire provocateur. Presque un scandale. Mais en raison de cela même, on voit qu’à l’opposé du mal, la beauté se situe bien à l’autre bout d’une réalité à laquelle nous avons à faire face. » (p. 13) Fondée sur l’idée de Dostoïevski que « la beauté sauvera le monde », la réflexion de Cheng est véritablement un message d’espoir : non, le monde n’est pas perdu. Le fait que la beauté existe, malgré son inutilité socio-économique, est le signe que l’homme est capable d’une transcendance qui le sauve.

De page en page, le propos de François Cheng se fait érudit – quand il compare les traditions taoïste, confucianiste et chrétienne – puis spirituel – au moment de s’émerveiller devant la capacité de l’homme à toucher par le beau une part d’éternité, éternité qui « ne saurait être faite que d’instants saillants où la vie jaillit vers son plein pouvoir d’extase. » (p. 50). On ne peut ici ne pas penser à l’enthousiasme de saint Grégoire de Nysse qui, au Ve siècle, décrivait la vie en Dieu comme un chemin « de commencement en commencement, par des commencements toujours nouveaux ». Parcourant tour à tour la Joconde, le Yin et le Yang, en passant par la mimèsis et la catharsis, Cheng nous invite dans un monde où la beauté est pour l’homme « l’élévation d’une présence dans le temps comme avènement. » (p. 122) Laissons-nous donc guider sur ce chemin où esthétique rime avec mystique, et goûtons la beauté que l’auteur nous offre en ces pages.


François CHENG, Cinq méditations sur la beauté, Paris, Albin Michel, 2006, 161 p.

mardi 16 octobre 2007

Evangelis 2007 : un stage en or !


Pendant huit jours, j’ai eu la responsabilité de vingt-quatre jeunes de 13 à 17 ans, et d’une équipe d’animation composée de douze animateurs.

Le projet de cette association catholique est de « former de jeunes artistes au service de l’Eglise ». Pendant une semaine, les enfants partagent la vie quotidienne dans la nature, et participent à des activités techniques et artistiques (musique, chant, sono, théâtre) ; le stage s’achève avec une représentation artistique mettant en scène tout ce que les jeunes, avec leurs animateurs, ont pu réaliser pendant la semaine.

Une journée du stage se partage entre une matinée majoritairement consacrée à la vie quotidienne et à la formation spirituelle, en équipes de six jeunes, et un après-midi plutôt consacré aux activités artistiques, en ateliers spécialisés (chant, musique, théâtre, sono). Entre session spirituelle et stage de musique, Evangelis veut nous faire vivre une autre dimension de l'exercice d'un art dans l'Eglise et dans notre vie de foi.


Et c'est grand de voir les jeunes s'épanouir, grandir et exprimer leur foi en vivant ensemble pendant une semaine ! Vraiment, le Seigneur fait des merveilles dans les cœurs de ses enfants !

Pour en savoir plus : http://www.evangelis.org


lundi 15 octobre 2007

Le Séminaire des Carmes, une maison de prière... et d'histoire

Elle a quatre cents ans, notre Maison des Carmes, commencée sous Marie de Médicis et toujours habitée, par des frères Carmes, puis des religieuses carmélites, puis encore par des Dominicains, avant de devenir une maison de formation de prêtres, à la fin du XIXe siècle.

Ce qui m'a le plus marqué, en arrivant il y a déjà deux ans, c'est que notre maison été le lieu d'un grand massacre, le 2 septembre 1792. 117 prêtres, dont 4 évêques, ont été assassinés parce qu'ils refusaient de prêter serment sur la constitution civile du clergé. Morts au nom de leur foi, ils ont été béatifiés en 1926 : ce sont les bienheureux Martyrs des Carmes.
C'est sur ce perron que la majorité d'entre eux a péri. La marque "hic ceciderunt" nous dit que c'est là qu'ils sont tombés.


Cette croix de gloire, signe que par sa mort le Christ nous a sauvés par amour, a été comme le témoin du martyre de ces prêtres car elle se trouvait le 2 septembre 1792 dans une chapelle au fond du jardin, où quelques religieux priaient au moment où ils furent surpris par leurs bourreaux. Installée désormais dans la chapelle du Séminaire, elle est pour nous comme la présence des bienheureux Martyrs autour de nous. Nous le croyons : ils prient pour que notre foi ne défaille pas et ils nous accompagnent dans notre marche vers le Seigneur.


L'intérieur de la maison, enfin, est très impressionnant ; en témoigne la photo du couloir ci-dessous. Nous dormons vraiment dans les cellules qu'ont occupées les moines il y a quatre cents ans, et nous marchons sur leurs pas. Pas une fois, je ne peux passer dans ces couloirs sans penser à tous ceux qui nous ont précédés dans ces murs : frère Laurent de la Résurrection, les Martyrs, le Père Lacordaire, Dom Christian de Chergé... Il est difficile de rester indifférent devant cette foule immense !


Si vous voulez en savoir plus, venez me voir au Séminaire ! Vous ne serez pas déçus !