vendredi 28 décembre 2007

Benoît XVI : Spe Salvi


« Sauvés par l’espérance ! » Voilà bien la conviction profonde du Pape Benoît XVI, dans sa deuxième encyclique, signée le 30 novembre 2007 et publiée récemment.

Pourquoi une encyclique sur l’espérance ? Premièrement parce que l’espérance est une des trois vertus théologales (foi, espérance et charité) que le Pape a choisi comme fil conducteur de ses trois premières lettres à l’Eglise : la première s’intitulait Deus Caritas est (Dieu est amour). La troisième traitera de la foi. Deuxièmement, l’espérance fait partie du thème cher au Pape du dialogue entre la foi et le monde. Comment vivre aujourd’hui, dans un monde où le mal et la souffrance semblent régner, où les guerres n’en finissent pas, où les inégalités persistent même dans les pays les plus riches, comment vivre en manifestant sa joie d’être chrétien ?


Benoît XVI part de l’idée que l’espérance est fondée sur l’événement de Pâques et sur notre foi dans le salut apporté par le Christ pour le monde entier. C’est cette foi qui transforme nos vies, si nous le voulons bien ; et Benoît XVI nous pose une question essentielle : « la foi chrétienne est-elle aussi pour nous aujourd'hui une espérance qui transforme et soutient notre vie? Est-elle pour nous ‘‘performative’’ – un message qui forme de manière nouvelle la vie elle-même, ou est-elle désormais simplement une ‘‘information’’ que, entre temps, nous avons mise de côté et qui nous semble dépassée par des informations plus récentes ? » (n° 10) Si nous acceptons de laisser transformer notre vie par notre foi, alors nous entrons dans l’espérance et « Celui qui a l'espérance vit différemment ; une vie nouvelle lui a déjà été donnée. » (n° 2)

L’enjeu est important : il s’agit de vivre chrétiennement ou non. Quel est le critère de cette vie ? Qu’est-ce qui nous fait entrer dans la participation à la vie de Dieu, but ultime de la vie chrétienne, que l’on appelle souvent vie éternelle ? Le cardinal Vingt-Trois, dans la préface qu’il a donnée à cette encyclique, insiste sur la spécificité de l’espérance chrétienne dans notre façon de lire l’histoire : « L’espérance chrétienne, elle, interprète l’histoire humaine en la soumettant à la lumière d’une réalité qui dépasse notre propre expérience : la réalité de Dieu. » Ce qui manque à notre humanité contemporaine, c’est certainement d’accueillir la lumière de cette réalité de Dieu. Et la réalité de Dieu, c’est l’amour (cf. la première encyclique de Benoît XVI, Deus Caritas est).


Tout au long de son encyclique, le Pape cherche à comprendre comment différents philosophes ont voulu découvrir le secret de la vie heureuse, sans pourtant y parvenir (scientisme, marxisme…). Il conclut que l’amour seul peut sauver l’homme : « Ce n’est pas la science qui rachète l’homme. L’homme est racheté par l’amour » (n° 26) Et l’amour est la clé de la vie heureuse, qu’on peut appeler alors vie éternelle : « L'expression ‘‘vie éternelle’’ cherche à donner un nom à cette réalité connue inconnue. […] Il s'agirait du moment de l'immersion dans l'océan de l'amour infini, dans lequel le temps – l'avant et l'après – n'existe plus. Nous pouvons seulement chercher à penser que ce moment est la vie au sens plénier, une immersion toujours nouvelle dans l'immensité de l'être, tandis que nous sommes simplement comblés de joie. » (n° 12)


S’il est sans doute un peu compliqué, le texte de Benoît XVI est une invitation très belle et très simple en définitive : vivons dans l’amour, dirigeons notre vie selon les préceptes de l’amour, dans la foi en Celui qui nous a sauvés sur la Croix, par amour ; ainsi nous vivrons dans l’espérance qui nous rendra libres, heureux, et éternels.




Benoît XVI, Spe Salvi, éd. Téqui, Paris, 2007 (69 p.)


encyclique : Lettre solennelle du Pape adressée à l'ensemble de l'Eglise catholique ou plus spécifiquement à une des parties d'entre elles évêques, clergé, fidèles. Les encycliques sont des textes qui ont le plus souvent valeur d'enseignement et peuvent rappeler la doctrine de l'Église à propos d'un problème d'actualité. (source : www.cef.fr)

Aucun commentaire: