lundi 25 février 2008

A Villiers-le-Bel, les jeunes veulent contrer la "communication" de la police


Voici un bon article du quotidien Le Monde sur la question de l'intervention policière de Villiers-le-Bel que j'évoquais il y a peu sur ce blog. Puisse en effet la population de Villiers retrouver une parole de paix et de construction !



Sébastien







En tête du cortège, quatre filles portent des bouquets. Derrière, une quarantaine de jeunes marchent lentement, en silence, pour rejoindre le mémorial dressé dans la rue Louise-Michel, en souvenir de leurs copains, Moushin et Larami, "morts pour rien" en novembre 2007. Samedi 23 février, à Villiers-le-Bel (Val-d'Oise), le rassemblement était symbolique. Des affichettes sur un Abribus pour demander "justice", une marche sur 50 mètres, quelques minutes de recueillement, de brefs mots de remerciement.




L'essentiel était ailleurs. Car les jeunes de Villiers-le-Bel ne veulent plus laisser aux policiers et magistrats le monopole de la parole et de la "communication" sur les enquêtes ayant trait aux violences de la fin 2007. "Lundi 18 février, avec les interpellations, il y a eu un coup médiatique. On s'est dit qu'il fallait y répondre, qu'on ne pouvait laisser passer cette mascarade sans rien dire", explique, en refusant de donner son nom, un membre du collectif Vérité et justice, créé pour défendre les personnes interpellées.




Face au déferlement d'informations provenant de la police sur le profil des personnes arrêtées, les jeunes se sont dit qu'il était indispensable de parler à nouveau aux journalistes. "On a décidé de changer d'attitude vis-à-vis des médias. Aujourd'hui, on veut bien parler, on veut que les gens s'expriment", ajoute un autre membre du groupe, en réclamant lui aussi un anonymat complet. Là où le mutisme était de règle et les rapports très tendus, le rassemblement a servi de conférence de presse à ciel ouvert devant une poignée de journalistes.




Plusieurs personnes, placées en garde à vue pour avoir participé aux violences contre les forces de l'ordre, ont témoigné sans donner leurs noms. "Les policiers sont venus chez moi et ont enfoncé la porte. Ils m'ont menotté. Puis, pendant les quatre jours de garde à vue, ils m'ont fait croire que j'allais aller en prison, explique un aide-soignant de 20 ans, mis en cause pour tentative d'homicide. Ils m'ont dit que j'avais été balancé, que des gens avaient parlé, mais il n'y avait rien puisqu'ils m'ont relâché."




DÉCALAGE ENTRE DEUX ENQUÊTES




Un autre jeune évoque une interpellation. "A six heures tapantes, ils ont explosé la porte, nous ont fait allonger au sol. Même mon père qui a plus de 60 balais", raconte "Grizzly", mis en cause pour tentative d'homicide contre un commissaire. Selon son récit, les policiers lui auraient indiqué que deux témoins oculaires l'avaient reconnu. Il nie farouchement : "Ils savaient même pas quels vêtements je portais ce jour-là", assure le jeune homme, retenu 38 heures en garde à vue, puis relâché.




Les membres du collectif affirment qu'une partie des jeunes ont été interpellés parce qu'ils étaient déjà connus des services de police. Les auditions, affirment-ils, ont surtout visé à les faire parler sur leurs camarades. " On nous parle des témoignages sous X... Mais si j'ai un problème d'argent ou si j'ai un contentieux avec quelqu'un il suffit que j'aille le dénoncer à la police", relève Bachir, 25 ans, président du collectif. Des motivations qui expliquent, selon eux, qu'une des figures du quartier, Adama K., un ancien emploi-jeune, ait été arrêté et soit suspecté d'être un des meneurs.




Au-delà des interpellations, tous s'étonnent du décalage entre les moyens consacrés à l'enquête sur les policiers blessés pendant les émeutes et la lenteur des investigations sur le décès de Moushin et Larami. "Ils ont envoyé plus de 1 000 policiers pour les interpellations. Mais le juge d'instruction n'est toujours pas venu à Villiers, sur les lieux de l'accident", regrette Bachir.




Luc Bronner





source : site du Monde





1 commentaire:

Anonyme a dit…

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