samedi 9 juin 2012

Dernières nouvelles de Jérusalem


Entre Tel Aviv et Rome, ce 8 juin 2012
Chers parents et amis,

Le Révérend Père Lagrange, op
Avec cette quatrième missive s’achève mon séjour en Terre Sainte ; dans une heure et demie, nous atterrirons à l’aéroport de Fiumicino. Et ce sera à présent le temps de la relecture de ces mois de grâce vécus à Jérusalem. Mais pour les prochains jours, cap sur mon examen de synthèse qui se tiendra le 20 juin. Les dernières semaines ont essentiellement été consacrées à la préparation de cet examen, qui m’a conduit à fréquenter aussi la bibliothèque de l’Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem, joyau de la recherche biblique, fondée à la fin du XIXe siècle par le R.P. Marie-Joseph Lagrange, op, et tenue sans discontinuer par les Pères Dominicains. La lecture de la biographie de ce prêtre d’exception[1], pionnier de la critique historique de la Bible et modèle d’obéissance et de vie religieuse, a accompagné mon travail, en lui donnant une nouvelle dimension spirituelle. J’en profite pour vous recommander cette lecture !

Ces dernières semaines m’ont permis néanmoins de découvrir aussi quelques lieux que je n’avais pas encore visités, comme Tel Aviv, la première capitale d’Israël et qui reste le siège de toutes les ambassades dans le pays. Ville étonnamment sécularisée dans une société si religieuse, où les plages et les boîtes de nuit sont beaucoup plus fréquentées que les synagogues ! Tel Aviv est aussi le lieu où a été proclamée en 1948 l’indépendance de l’Etat d’Israël et où, plus récemment, le Premier ministre Isaac Rabin fut assassiné. La ville moderne a entouré peu à peu la vieille ville arabe de Jaffa, où saint Pierre reçut de Dieu l’ordre d’ouvrir la révélation aux païens (cf. Actes 10).

Dans le Wadi Qelt
Le clocher de Saint-Pierre de Jaffa domine la mer
Je n’étais pas non plus allé marcher dans le désert. Profitant d’une sortie de plusieurs étudiants de Tel Aviv, j’ai redécouvert le Wadi Qelt que j’avais déjà parcouru il y a huit ans : les paysages magnifiques du désert de Judée le long du petit cours d’eau, l’apparition au détour d’un méandre du monastère Saint-Georges des Grecs Orthodoxes, l’arrivée à Jéricho entouré de palmiers et dominé par ses minarets, autant d’images inoubliables que je ramène avec moi, à Rome puis dans le Val d’Oise !

La solennité de la Pentecôte, clôturant le temps pascal, venait clore d’une certaine façon aussi mon semestre d’études. L’affluence des fidèles et du clergé, et le faste des vêpres présidées par le Custode dans la chambre haute, où les apôtres reçurent l’Esprit Saint (cf. Actes 2), ont ravivé en moi la joie de ces célébrations de la Semaine sainte que nous avions vécues sur les lieux mêmes des événements. Quelle grâce j’ai eue de vivre de telles heures !


Mais qui dit fin de séjour dit aussi dîner d’adieu… et le 1er juin, nous avons invité tous les Français que nous avons pu rencontrer pendant ce semestre : étudiants, stagiaires, coopérants, beaucoup ont répondu positivement, et nous étions une trentaine à l’Institut biblique pour célébrer la Messe en action de grâce pour tout ce que Dieu nous a donné dans son pays d’élection, et pour partager un bon barbecue !
La Basilique de la Nativité à Bethléem
Zone de Texte: La basilique de la Nativité à Bethléem

J’ai voulu aussi retourner à Bethléem avant de partir, et célébrer la Messe dans la grotte de la Nativité une nouvelle fois. Accueillis par le frère Stéphane, gardien du couvent franciscain, nous avons bénéficié d’une visite approfondie de la grotte et de ses alentours, ainsi que des terrasses du couvent qui laissent apparaître la superbe architecture de la basilique, joyau unique au monde, intégralement préservé du VIe siècle. Bethléem, la ville où Jésus est né, la ville où Dieu a choisi de faire entrer la joie dans le monde ! J’étais heureux d’achever là mon séjour en Terre sainte.

La dernière célébration à Jérusalem, avant-hier soir, a été celle du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Seigneur, le Corpus Domini ou Fête-Dieu. La Vigile de la solennité, au Saint-Sépulcre au beau milieu de la nuit, m’a permis d’entrer une dernière fois pour prier dans le tombeau vide du Seigneur, pour le remercier de cette expérience magnifique : vivre dans la ville où lui-même a vécu, marcher un peu plus dans ses pas, le suivre de plus près comme disait le Bienheureux Père Chevrier.


De tout cœur, je vous bénis.


                     Sébastien Thomas +
         prêtre
       


[1] B. Montagnes, Marie-Joseph Lagrange, une biographie critique, Editions du Cerf, Paris 2005.