mercredi 11 mai 2011

La joie d'être prêtre



Ordonné le 27 juin dernier, je suis pour quelques semaines encore le plus jeune prêtre du diocèse de Pontoise.
Depuis près d’un an, le Seigneur m’a donné de multiples joies, et bien souvent je me dis : « le Puissant a fait pour moi des merveilles ! » (Lc 1,49) C’est cette joie d’être prêtre que j’aimerais exprimer en quelques mots.

1. La joie d’être disciple du Christ

Je crois pouvoir dire que ma première joie de prêtre a été de redécouvrir la joie d’être disciple du Christ, la joie d’être baptisé. Lors des étapes importantes de notre vie, nous sommes amenés à reprendre conscience de ce que nous sommes vraiment, de ce à quoi nous aspirons en vérité. Les derniers mois de préparation à l’ordination ont été un beau temps d’action de grâce et de confiance en Dieu. En effet, c’est dans mon baptême que je puise la joie de vivre avec Dieu, en sachant que je suis aimé par lui. Le Pape Paul VI, en 1975, écrivait que « l’homme éprouve la joie lorsqu’il se trouve en harmonie avec la nature, et surtout dans la rencontre, le partage, la communion avec autrui. A plus forte raison connaît-il la joie ou le bonheur spirituel lorsque son esprit entre en possession de Dieu, connu et aimé comme le bien suprême et immuable. » (Gaudete in Domino n°8)

Suivre le Christ est donc la principale source de ma joie. Et c’est la joie commune de tous ses disciples, de tous les baptisés. Il est vrai que cette joie prend un caractère particulier le jour de l’ordination sacerdotale : le prêtre étant médiateur en Jésus-Christ entre Dieu et tous les hommes, il est amené à suivre Jésus « de plus près », comme disait le Bienheureux Antoine CHEVRIER. Ainsi, je comprends mieux la devise de Monseigneur Hervé RENAUDIN, Tout en Toi à tous.

2. La joie d’être prêtre

A la question « Comment vous voyez-vous dans dix ans ? » qu’on me posait souvent dans les examens d’admission aux écoles de commerce, il y a dix ans, j’étais bien en peine de répondre ! Alors je faisais preuve d’imagination, et d’un peu de bon sens, et j’improvisais…
Mais aujourd’hui les choses ont changé : je peux dire que dans dix ans, dans vingt ans, plus encore si Dieu me prête vie, je me vois prêtre, à l’autel, au confessionnal, dans les rues de ma paroisse, auprès des jeunes ou des anciens, auprès des fiancés et des familles en deuil, en train d’annoncer la Bonne nouvelle du salut et de célébrer les sacrements.

Depuis mon ordination, je découvre chaque jour un peu plus que : « C’est l’exercice loyal, inlassable, de leurs fonctions dans l’Esprit du Christ qui est, pour les prêtres, le moyen authentique d’arriver à la sainteté. » (Vatican II, Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis n° 13) Si notre joie est liée à notre marche vers la sainteté, vers la vie en Dieu, alors elle est liée à l’exercice de mon ministère de prêtre ! Aujourd’hui en mission d’études, demain en paroisse ou en aumônerie – et après-demain ? – c’est dans la mission reçue de l’Eglise, vécue pleinement et dans l’action de grâce, que je trouverai ma joie de chaque jour.

3. La joie d’être « serviteur de votre joie »

Mais une telle vision de la joie resterait très personnelle, alors que nous ne pouvons garder un tel trésor pour nous-mêmes et que nous savons que la joie grandit quand elle est partagée. Saint Paul le savait bien, qui écrivait aux Philippiens : « je partage ma joie avec vous tous. Et vous, de même, réjouissez-vous et partagez votre joie avec moi. » (Ph 2,17-18) C’est dans l’Eglise que la joie trouve son lieu de vie naturel, son plein épanouissement, et donc son sommet. Notre évêque l’écrivait il y a quelques années : « L’annonce de l’Evangile pour laquelle les prêtres sont ordonnés puise sa sève dans la joie de la parole entendue, répétée et méditée : ‘‘C’est toi mon Fils bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour’’ (Mc 1,11). Cette Parole est accueillie pour être communiquée ; elle est reçue dans un cœur qui connaît des hauts et des bas ; elle invite à se livrer généreusement à la méditation, et à la rumination des Ecritures comme étant les reflets d’une unique Parole qui ressource, fait vivre et réalise la communion fraternelle au cœur même de l’évangélisation. » (J.-Y. RIOCREUX, Lettre pastorale à propos du ministère et de la vie des prêtres du diocèse de Pontoise, 4 mars 2007)

Sur mon image d’ordination, j’ai choisi d’inscrire cette belle formule de saint Paul : « Serviteur de votre joie » (cf. 2 Cor 1,24). En effet, je crois que l’une des caractéristiques des chrétiens, et en particulier des prêtres, est de répandre la joie dans le monde, en partageant leur propre joie et en la suscitant dans le cœur de leurs frères. Quand j’écris « en particulier des prêtres », je veux dire que c’est en quelque sorte le métier des prêtres, à temps plein, que de répandre la joie dans le monde en annonçant et en célébrant le salut offert par Dieu à tous les hommes.


Voici en quelques mots ce que je peux dire de ma joie d’être prêtre. Je sais bien que cette joie est fragile, qu’elle n’est pas quelque chose qu’on obtient ‘‘à la force du poignet’’, mais qu’elle est la récompense de ceux qui veulent suivre le Seigneur et qui se savent aimés de lui.

« Joie en toi et réjouissance à tous ceux qui te cherchent ! » chante le Psalmiste (Ps 40(39),17). A mon tour je veux chanter : merci Seigneur ! Tu es toute ma joie ! Donne-moi d’en vivre tous les jours de ma vie et de la partager à tous mes frères ! Amen !