samedi 29 septembre 2012

« Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, mais avec une grande patience et avec le souci d'instruire. » (2 Tim 4,2)


Cette adresse de saint Paul à Timothée est particulièrement d’actualité ces jours-ci ! Depuis que le gouvernement a annoncé sa décision d’établir un projet de loi sur le mariage homosexuel et l’adoption d’enfants par des couples homosexuels, on attend la position de l’Eglise, on attend qu’elle parle, et pourtant on ne la laisse pas parler. Je m’explique : on attend d’elle qu’elle soit « contre », contre tout court, contre sans plus, pour qu’elle soit conforme à ce qu’on pense d’elle, une société réactionnaire et rigide… Et on ne la laisse pas parler, car on croit déjà savoir ce qu’elle a à dire. Or, annoncer la Parole de Dieu, qui est la première mission de l’Eglise, c’est toujours nouveau : l’Eglise étant engagée dans le temps ne peut pas s’en tenir aux vieilles formules, aux anciennes recettes. Il lui faut toujours trouver des mots nouveaux pour s’adresser à un monde toujours nouveau. En étant toujours fidèle à Dieu. C’est le sens de ce « à temps et à contretemps » puis de ces trois injonctions : « dénonce le mal, fais des reproches, encourage ». Il ne s’agit pas seulement de dire ce qui ne va pas, mais aussi d’encourager ce qui va bien.

On ne s’étonne pas quand Benoît XVI a un discours qui encourage le respect de l’environnement et le développement durable, ou quand un évêque s’insurge contre les mauvais traitements réservés aux prisonniers de France, mais quel scandale quand l’Eglise dénonce ce qui ne va pas et fait des reproches ! C’est pourtant exactement la même mission qu’elle assume dans les deux cas. Saint Augustin, commentant cette phrase de saint Paul,  affirmait avec force : « Oui, je suis importun, j’ose dire : ‘‘Tu veux t’égarer, tu veux périr ; moi, je ne veux pas’’. » Se taire face aux mauvais travers de notre société, ce serait pour l’Eglise renoncer à sa mission. Il lui faut être importune.

C’est au nom de sa mission première qui est d’annoncer l’Evangile au monde – par le même amour qui a conduit Dieu à donner son Fils pour nous – que l’Eglise prend la parole, par la voix de ses évêques et de tous ses fidèles. Ces derniers jours, le cardinal André Vingt-Trois s’est ainsi exprimé sur les ondes de deux grandes radios nationales. Son alerte est très claire : « Il ne faut pas dire qu’on ouvre le mariage à une nouvelle catégorie, il faut dire qu’on transforme le mariage pour permettre à une nouvelle catégorie d’y participer. » C’est le fondement même de la famille qui est en cause.

Or, on a le sentiment que cette question est occultée, qu’elle ne sera jamais traitée. C’est pourquoi le cardinal « demande (aux catholiques de France) de prendre les moyens dont ils disposent pour faire exister le débat que le gouvernement ne veut pas organiser. » Réfléchissons, informons-nous, débattons, chers frères et sœurs, débattons entre nous et avec le monde qui nous entoure, à tous les niveaux de la société à commencer par nos familles et nos villages, et tâchons de faire entendre à tous les hommes la Parole de vie.