dimanche 30 décembre 2007

Linda Bendali : Sarcelles, une utopie réussie ?


Depuis septembre, vous le savez, je suis en insertion pastorale le week-end dans la paroisse de Sarcelles. C’est l’occasion pour moi de mieux connaître l’est du diocèse – avec Garges, Gonesse, Villiers-le-Bel… et aussi de découvrir cette ville à la fois si connue et si inconnue qu’est Sarcelles.


Edouard, mon prédécesseur comme séminariste dans cette paroisse, m’a prêté le bon livre de Linda Bendali Sarcelles, une utopie réussie ? où l’auteur reprend l’histoire du Grand ensemble de Lochères construit à partir du milieu des années 1950 par l’architecte Labourdette. Des enthousiasmes idéalistes du début à la crise de « Sarcellite » des années 1960, de la vie quotidienne des habitants aux enjeux politiques nationaux, Linda Bendali trace un portrait sans concessions de la situation de la ville, interrogeant les habitants et les responsables de la ville, et citant de nombreuses analyses de spécialistes.


L’un des points principaux de la « réussite » de Sarcelles par rapport aux villes voisines est la relative paix sociale qui y règne. Les origines ethniques et les religions sont diverses à Sarcelles (on compte six synagogues, trois églises et deux mosquées dans la ville). Traverser le marché le dimanche est impressionnant ! Et pourtant, lors des émeutes il y a deux ans (suite au drame de Clichy-sous-Bois) ou de celles du mois dernier (nées à Villiers-le-Bel), Sarcelles a été assez calme. Linda Bendali y voit le succès des efforts du maire pour établir des relations entre les groupes, et elle résume ce succès ainsi : « Ici, face à l’étranger, avant d’être juif, arabe ou noir, on est d’abord Sarcellois. » (p. 56)




Linda Bendali, Sarcelles, une utopie réussie ?, Gulf Stream éditeur, Nantes, 2006 (141 p.)


Linda Basset : Linda Bendali est journaliste indépendante ; elle collabore à Charlie Hebdo, à Sciences et Avenir, au Nouvel Observateur, à Challenges et au Canard enchaîné. Elle est l'auteur, avec Nathalie Topalov, de La France des incapables (Cherche-Midi éditeur, 2005).

Source : amazon.com


samedi 29 décembre 2007

L’Evangile de ce dimanche : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère. »

Après le départ des mages, l'ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu'à ce que je t'avertisse, car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr. » Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l'enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu'à la mort d'Hérode. Ainsi s'accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète : D'Égypte, j'ai appelé mon fils. Après la mort d'Hérode, l'ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit : « Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et reviens au pays d'Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l'enfant. » Joseph se leva, prit l'enfant et sa mère, et rentra au pays d'Israël. Mais, apprenant qu'Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s'y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth. Ainsi s'accomplit ce que le Seigneur avait dit par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen. (Mt 2, 13-15, 19-23)




Elle est connue, cette scène de Joseph, Marie et l’enfant, juchés sur un âne, marchant dans le désert vers la terre d’Egypte… Nombreux sont les peintres qui se sont arrêtés devant ce texte d’Evangile pour tenter de décrire la détresse de cette famille persécutée.



Joseph, toujours silencieux

La première chose que j’ai notée en lisant ce texte, c’est que Joseph, comme dans les récits précédents, reste silencieux. C’est tout de même étonnant ce qui lui arrive en moins d’un an : sa promise a un enfant qui n’est pas de lui, un ange lui apparaît en songe pour qu’il la garde sous son toit et lui indique le nom qu’il devra donner à l’enfant, et à présent il doit quitter son pays – un peu pour un nouvel exode – pour un temps qu’il ne connaît pas. Quelle obéissance ! Et tout cela, Joseph le fait en silence, dans la douce acceptation de la volonté de Dieu.


Dieu a pris la fragilité d’un enfant

La deuxième chose qui m’a touché, c’est la fragilité du sort de Jésus. Dieu s’est fait homme. Il s’est fait tout l’homme, au point d’assumer la contingence d’un enfant. Quelques uns de mes amis ont de jeunes enfants, et j’ai moi-même un neveu de quatorze mois. Quel soin nous prenons d’un enfant ! Et quelle fragilité est la sienne ! Nous avons toujours peur qu’il ait froid, qu’il attrape tel ou tel virus, ou même qu’il se fasse mal en se cognant au coin d’un meuble… Alors imaginez si nos enfants devaient fuir une persécution et partir de nuit vers le désert d’Egypte ! Nous voyons avec horreur le sort des enfants dans les pays en guerre ou dans les pays pauvres. Imaginons-nous bien ce qu’a été le sort de l’enfant Jésus ?

Dieu a pris la fragilité d’un enfant. C’est bouleversant. Il a choisi de naître parmi les enfants pauvres de Palestine, et il a pris le risque de tout perdre, jusqu’au bout. Et cette prise de risque l’a mené jusqu’à la Croix. Je trouve saisissant le rapprochement entre la fuite en Egypte et la mort de Jésus en Croix. Du début à la fin, Jésus a pris tous les risques par amour pour nous ; et il en est mort.


Lève-toi !

Le plus étonnant, c’est que la solution apportée par Dieu au grand risque de la persécution, c’est le message de l’ange : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère ». Ce « lève-toi », c’est le verbe egeiro en grec, le même que le verbe de la résurrection.

Et l’on peut noter que par deux fois, l’ange prend la parole, pour deux interventions très parallèles : « Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu'à ce que je t'avertisse, car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr. » (verset 13) et « Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et reviens au pays d'Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l'enfant. » (verset 20). Après le premier appel, Joseph se lève et part de nuit (verset 14), alors que la seconde fois, rien n’est dit, on peut penser que comme il n’y a plus urgence, la famille revient en Palestine de jour.

Cela ne peut pas être sans nous rappeler la mort et la résurrection du Christ. Ce double « lève-toi », qui fait passer de la nuit au jour, est pour nous l’invitation à croire et à contempler que déjà, dans cet enfant fragile protégé par ses parents, le salut est à l’œuvre dans le monde. Déjà l’amour de Dieu se donne.


vendredi 28 décembre 2007

Benoît XVI : Spe Salvi


« Sauvés par l’espérance ! » Voilà bien la conviction profonde du Pape Benoît XVI, dans sa deuxième encyclique, signée le 30 novembre 2007 et publiée récemment.

Pourquoi une encyclique sur l’espérance ? Premièrement parce que l’espérance est une des trois vertus théologales (foi, espérance et charité) que le Pape a choisi comme fil conducteur de ses trois premières lettres à l’Eglise : la première s’intitulait Deus Caritas est (Dieu est amour). La troisième traitera de la foi. Deuxièmement, l’espérance fait partie du thème cher au Pape du dialogue entre la foi et le monde. Comment vivre aujourd’hui, dans un monde où le mal et la souffrance semblent régner, où les guerres n’en finissent pas, où les inégalités persistent même dans les pays les plus riches, comment vivre en manifestant sa joie d’être chrétien ?


Benoît XVI part de l’idée que l’espérance est fondée sur l’événement de Pâques et sur notre foi dans le salut apporté par le Christ pour le monde entier. C’est cette foi qui transforme nos vies, si nous le voulons bien ; et Benoît XVI nous pose une question essentielle : « la foi chrétienne est-elle aussi pour nous aujourd'hui une espérance qui transforme et soutient notre vie? Est-elle pour nous ‘‘performative’’ – un message qui forme de manière nouvelle la vie elle-même, ou est-elle désormais simplement une ‘‘information’’ que, entre temps, nous avons mise de côté et qui nous semble dépassée par des informations plus récentes ? » (n° 10) Si nous acceptons de laisser transformer notre vie par notre foi, alors nous entrons dans l’espérance et « Celui qui a l'espérance vit différemment ; une vie nouvelle lui a déjà été donnée. » (n° 2)

L’enjeu est important : il s’agit de vivre chrétiennement ou non. Quel est le critère de cette vie ? Qu’est-ce qui nous fait entrer dans la participation à la vie de Dieu, but ultime de la vie chrétienne, que l’on appelle souvent vie éternelle ? Le cardinal Vingt-Trois, dans la préface qu’il a donnée à cette encyclique, insiste sur la spécificité de l’espérance chrétienne dans notre façon de lire l’histoire : « L’espérance chrétienne, elle, interprète l’histoire humaine en la soumettant à la lumière d’une réalité qui dépasse notre propre expérience : la réalité de Dieu. » Ce qui manque à notre humanité contemporaine, c’est certainement d’accueillir la lumière de cette réalité de Dieu. Et la réalité de Dieu, c’est l’amour (cf. la première encyclique de Benoît XVI, Deus Caritas est).


Tout au long de son encyclique, le Pape cherche à comprendre comment différents philosophes ont voulu découvrir le secret de la vie heureuse, sans pourtant y parvenir (scientisme, marxisme…). Il conclut que l’amour seul peut sauver l’homme : « Ce n’est pas la science qui rachète l’homme. L’homme est racheté par l’amour » (n° 26) Et l’amour est la clé de la vie heureuse, qu’on peut appeler alors vie éternelle : « L'expression ‘‘vie éternelle’’ cherche à donner un nom à cette réalité connue inconnue. […] Il s'agirait du moment de l'immersion dans l'océan de l'amour infini, dans lequel le temps – l'avant et l'après – n'existe plus. Nous pouvons seulement chercher à penser que ce moment est la vie au sens plénier, une immersion toujours nouvelle dans l'immensité de l'être, tandis que nous sommes simplement comblés de joie. » (n° 12)


S’il est sans doute un peu compliqué, le texte de Benoît XVI est une invitation très belle et très simple en définitive : vivons dans l’amour, dirigeons notre vie selon les préceptes de l’amour, dans la foi en Celui qui nous a sauvés sur la Croix, par amour ; ainsi nous vivrons dans l’espérance qui nous rendra libres, heureux, et éternels.




Benoît XVI, Spe Salvi, éd. Téqui, Paris, 2007 (69 p.)


encyclique : Lettre solennelle du Pape adressée à l'ensemble de l'Eglise catholique ou plus spécifiquement à une des parties d'entre elles évêques, clergé, fidèles. Les encycliques sont des textes qui ont le plus souvent valeur d'enseignement et peuvent rappeler la doctrine de l'Église à propos d'un problème d'actualité. (source : www.cef.fr)

samedi 22 décembre 2007

L’Evangile de ce dimanche : « ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse »

C’est la dernière ligne droite avant Noël. Et c’est à présent vers Joseph que nous nous tournons :

Voici quelle fut l'origine de Jésus Christ.
Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph ; or, avant qu'ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l'action de l'Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret.

Il avait formé ce projet, lorsque l'ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l'enfant qui est engendré en elle vient de l'Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c'est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »

Tout cela arriva pour que s'accomplît la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d'Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ». Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l'ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.

(Mt 1, 18-24)

L’initiative de Dieu

Ce qui me frappe en premier lieu dans cette page d’Evangile, c’est l’initiative de Dieu : c’est par l’Esprit Saint que Marie est enceinte (v. 18), et c’est un ange de Dieu qui vient déranger Joseph dans son projet (v. 20). Pourtant, ce projet est conforme à la Loi juive qui condamne les femmes adultères à la répudiation, et Joseph, présenté comme un homme juste, a même pris le soin de le faire en privé, pour préserver Marie. Il a établit son projet seul, dans le secret de son cœur, mais c’est Dieu qui vient s’insérer dans son histoire.

C’est d’ailleurs l’attitude du Seigneur dans le passage d’Isaïe cité dans l’Evangile (Is 7, 10 ss.) : Akhaz refusait de mettre le Seigneur à l’épreuve en lui demandant un signe – conformément à la Loi, encore une fois – mais le Seigneur ne l’entendait pas de cette oreille. C’est alors qu’a lieu la prophétie citée dans notre texte.

Noël est vraiment la fête de l’initiative de Dieu qui vient à notre rencontre, que nous l’accueillions, que nous le refusions ou que nous l’ignorions, par amour pour nous.

Dieu, au-delà de nos justices

Je l’ai dit plus haut, le plan de Joseph était juste : conforme à la Loi et plus encore respectueux de Marie. De même, la réponse d’Akhaz au chapitre 7 du livre d’Isaïe était conforme aux prescriptions du psaume 78 (77). Mais Dieu ne se limite pas à nos justices humaines : il va au-delà, même lorsque nous ne le comprenons pas.

Ainsi Joseph est-il amené à revoir son projet, à croire au message de l’ange reçu en songe, et à prendre Marie chez lui. Il connaît une part des conséquences de son acte : accueillir chez lui un enfant qui ne sera pas le sien, l’éduquer, le nourrir, le protéger… La foi de Joseph est un modèle pour nous : sans doute ne comprend-il pas le projet de Dieu, mais il a foi en lui.

Laissons-nous faire

Une leçon de cet évangile, je crois, est que nous pouvons mettre toutes nos facultés humaines au service de Dieu, nous devons même le faire, mais que nous ne devons jamais oublier de lui laisser la première place, sachant qu’il sait mieux que nous le chemin de notre bonheur. C’est un appel à la foi. Noël est le temps où nous devons prendre conscience que nous ne sommes pas seuls : Dieu prend l’initiative de nous rejoindre dans le monde pour guider nos projets et réorienter nos vies. Laissons-nous faire : Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu.

Joyeux Noël !

lundi 17 décembre 2007

Mgr Riocreux célébrera Noël à Villiers-le-Bel


Communiqué de presse

Monseigneur Jean-Yves Riocreux, évêque de Pontoise célèbrera la messe de Noël à Villiers-le-Bel, le 24 décembre à 19h30.

Il veut par sa présence soutenir les habitants, et souligner la vitalité et la convivialité de cette communauté paroissiale.

Noël sera fêté en effet de manière festive et particulière à Villiers-le- Bel (95) cette année 2007. La paroisse, sans église paroissiale (indisponible depuis des années) et sans salle paroissiale (en reconstruction), célèbre tous les dimanche à Arnouville-lès-Gonesse depuis des mois. Suite aux événements, la mairie a généreusement proposé la salle municipale Marcel Pagnol pour célébrer la Nativité sur la commune.

Cette messe aura un relief particulier grâce à la créativité de l’équipe paroissiale, des enfants et des jeunes. Des scènes bibliques seront mises en scène avant la messe pour permettre à tous d’entrer de manière particulière dans la liturgie. Cinq musiciens viendront soutenir la prière.

La veillée ouverte par le curé de la paroisse, le père Léon Debruyne aura pour thème :
« Paix aux hommes que Dieu aime ».

Monseigneur Riocreux explique ainsi son choix :

Fin novembre, Villiers-le-Bel a été soudainement projeté à la une de l’actualité, non seulement en France mais dans le monde entier. Cette commune de 27.000 habitants ne souhaitait pas devenir ainsi célèbre, car cette ville accueillante et sympathique construite autour de son église Saint Didier édifiée au XIIIème siècle est une ville comme toutes les autres villes de la banlieue parisienne. Un guide touristique précise même : « Un quartier verdoyant, vestige des pensionnats qui recevaient les enfants au bon air, contraste avec les grands ensembles tout proches. A partir des années 1950, la population a quadruplé, donnant à la cité un second visage. ».

Et le visage présenté sur les écrans de TV et dans les journaux a été catastrophique. Bien sûr, il ne reflète pas les belles réalités du quotidien dans cette ville faite de pavillons et d’immeubles, comme je l’ai entendu des religieuses vivant au cœur de la ZAC et des membres du Secours Catholique.

Il est vrai cependant que celle-ci est une des plus pauvres d’Ile de France, pauvre y compris en lieux de prière… sa belle église est inutilisable depuis plusieurs années pour raison de longs travaux.

A Noël 2004, dans la salle paroissiale, détruite depuis et bientôt reconstruite, j’avais célébré la messe de la Nativité avec le curé, le Père Léon Debruynne. Beau souvenir de ce premier Noël à Villiers-le-Bel !

En ce Noël 2007, après plusieurs rencontres dans cette ville meurtrie, j’ai décidé de venir à nouveau pour y célébrer la messe de la nuit. Et c’est une joie profonde pour moi d’être avec cette belle communauté chrétienne de toutes couleurs, riche de ses diversités.

Cette année, grâce à l’aide de la municipalité, la messe sera célébrée dans le théâtre de Villiers-le-Bel. Lundi 24 Décembre au soir, les visages des chrétiens beauxvilliersois seront rayonnants et inondés de lumière, comme les bergers de Bethléem. Nous prierons ensemble, enfants et adultes, nous découvrirons que cette ville est aussi un lieu de convivialité entre tous, de paix, d’amour et d’espérance.

Au nom de tout le diocèse et de tous ceux, nombreux, qui m’ont écrit des messages de soutien et de prières, je dirai avec bonheur à tous: « Joyeux Noël à toi, Villiers-le-Bel !».


+ Jean Yves Riocreux
Evêque de Pontoise
Le 14 Déc. 2007

samedi 15 décembre 2007

L’Evangile de ce dimanche : « Parmi les hommes, il n'en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste. »

Jean le Baptiste, dans sa prison, avait appris ce que faisait le Christ. Il lui envoya demander par ses disciples : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! »
Tandis que les envoyés de Jean se retiraient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu'êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ?... Alors, qu'êtes-vous donc allés voir ? un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Qu'êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu'un prophète. C'est de lui qu'il est écrit :
Voici que j'envoie mon messager en avant de toi, pour qu'il prépare le chemin devant toi.

Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n'en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui.

(Mt 11, 2-11)


L’Evangile de ce dimanche nous invite à contempler la figure de Jean-Baptiste, grande figure du temps de l’Avent. Nous avons deux façons de le connaître ici : par sa propre question et la réponse que Jésus y donne, et par le portrait énigmatique qu’en dresse le Christ dans la seconde partie du texte.


L’homme de la quête de « celui qui doit venir »


« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

Depuis sa prison, éloigné de tous, Jean a encore le besoin de connaître Jésus. Pourtant, c’est bien lui qui l’a baptisé et qui lui a dit : « Quoi ? Tu viens à moi ? C’est moi qui devrais me faire baptiser par toi ! » (Mt 3, 14) et qui a assisté à la première théophanie où Dieu a dit : « C’est lui mon Fils, le Bien-Aimé, celui en qui je me complais. » (Mt 3, 17). Jusqu’au bout de sa vie, Jean-Baptiste est l’homme de la quête du Seigneur.


« Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez. »

Et Jésus, au lieu de répondre « oui, c’est moi », répond par cette phrase étonnante : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez. » (Mt 11, 4). Il sait que Jean comprendra. Les signes que Jésus fait – la guérison des malades, la résurrection des morts et l’annonce de la Bonne nouvelle du Royaume – suffisent à répondre à Jean. Nous pouvons en déduire que Jean, homme de la quête du Seigneur, est aussi un homme de foi.


Un prophète : le plus grand des enfants des hommes

La suite du texte est plus énigmatique : Jésus, après le départ des disciples de Jean, entreprend une description de son cousin.


« un prophète ? Oui, je vous le dis »

Jean n’est ni un roseau dans le désert ni un homme aux riches vêtements, c’est un prophète – on dit souvent le dernier des prophètes. Le Seigneur cite même l’Exode (Ex 23, 20) et le livre de Malachie (Ml 3, 1) pour montrer qu’en effet, un dernier prophète est annoncé dans l’Ecriture avant la venue du Messie. Ce faisant, le Christ se présente comme ce Messie qui vient, comme « celui qui doit venir ».


« Parmi les hommes, il n'en a pas existé de plus grand »

Enfin, Jésus dit qu’il n’a jamais existé d’homme plus grand que Jean-Baptiste. Pourquoi dit-il cela ? Je comprends cette phrase comme une confirmation que Jean est grand par le fait qu’il accomplit pleinement ce que disait l’Ecriture à son sujet – c'est-à-dire ce que Dieu voulait qu’il fût, c'est-à-dire encore sa vocation. Homme de la quête et de l’attente du Seigneur, homme de foi dans les signes que Jésus fait, prophète selon les promesses de l’Ecriture, Jean répond véritablement à la volonté de Dieu. C’est en ce sens qu’il est le plus grand des hommes.


Puisse ce temps de l’Avent déjà bien entamé nous voir grandir dans la scrutation des signes du Seigneur, et persévérer dans le désir d’accomplir la volonté de Dieu.

Karl Rahner : une méditation sur Noël

Noël approche, alors voici une petite méditation de Karl Rahner (1904-1984) qui pourra nous aider à entrer dans le mystère de la Nativité du Seigneur. Bonne lecture !



Le Seigneur est là. Le Seigneur de la Création et de notre vie personnelle. Il va désormais faire autre chose que regarder du haut de son éternité l’éternel changement que représente l’écoulement de la vie, de ma vie, très loin de lui, très bas au-dessous de lui. L’Éternel est devenu temps, le fils le Dieu s’est fait homme, la Raison éternelle du monde et la loi explicative universelle s’est faite chair. Mais du même coup, le temps et la vie de l’homme ont été transformés. Du fait que Dieu lui-même s’est fait homme. Non en ce sens qu’il aurait cessé d’être lui-même, la Parole éternelle de Dieu, lui-même avec toute sa gloire, avec l’abîme insondable de sa béatitude. Mais il est vraiment devenu homme. Et le voilà désormais concerné par le monde et par le destin du monde.

Le monde est désormais autre chose que son œuvre : un élément de lui-même. Dieu ne se contentera plus de jeter un regard sur le cours des choses d’ici-bas, car le voilà impliqué lui-même dans leur trame et affecté tout comme nous par sa propre création, tant il partage notre destin, connaît nos joies et éprouve nos misères. Nous n’aurons plus à le chercher dans les profondeurs infinies du ciel, cette immensité sans repères où notre esprit et notre cœur ne peuvent que se perdre. En personne, il se met à exister aussi sur notre terre, et son sort n’y est pas meilleur que le nôtre. Car, loin de jouir d’un régime de faveur, il partage totalement notre condition, la faim, la fatigue, les inimitiés, la peur de mourir, une mort misérable.

Que l’infini de Dieu ait ainsi assumé l’étroitesse de notre condition humaine, que la béatitude ait assumé la tristesse mortelle de notre terre, que la Vie ait assumé la mort, voilà bien la vérité la plus invraisemblable. Mais c’est elle, cette lumière obscure de la foi, et elle seule, qui donne à nos nuits quelque clarté, c’est elle seule qui en fait de saintes nuits.

Dieu est venu. Il est là. Et dès lors, tout est différent de nos estimations. D’écoulement sans fin qu’il était jusqu’alors, le temps devient un événement qui imprime silencieusement à toutes choses un mouvement dont la direction est unique, et le terme parfaitement déterminé. Nous sommes appelés, et le monde avec nous, à contempler dans tout son éclat la face même de Dieu. Proclamer que c’est Noël, c’est dire équivalemment que, par son Verbe fait chair, Dieu a dit son dernier mot, le plus profond et le plus beau de tous, qu’il l’a inséré au cœur du monde, et que jamais il ne pourra le reprendre, parce qu’il est une action décisive de Dieu, parce qu’il est Dieu lui-même dans le monde. Et ce mot n’est autre que celui-ci : « 0 monde, je t’aime ! 0 homme, je t’aime ! »

Un tel mot de la part de Dieu, est-ce possible ? Quelle suprême invraisemblance ! Comment oser le dire, quand on connait – et Dieu les connait tellement mieux que nous – le monde et l’homme, toute leur horreur et toute leur inanité ! Pourtant, ce mot, Dieu l’a prononcé en se faisant lui-même créature, en naissant comme l’une d’elles ; et cette Parole d’amour faite chair signifie qu’entre le Dieu éternel et nous-mêmes doit s’établir une communauté de personnes dont l’intimité est celle d’un face à face et d’un cœur à cœur, une communauté de personnes dont l’existence est déjà un fait, la seule chose que nous puissions faire contre elle étant de nous dérober au baiser de l’amour qui brûle déjà nos lèvres. Ce mot, Dieu l’a prononcé au jour de la naissance de son Fils ; et désormais, pendant quelque temps, il se taira, tout ce bruit que l’on appelle orgueilleusement l’histoire du monde (ou notre propre vie) n’étant qu’une ruse inventée par l’Amour éternel pour permettre à l’homme d’apporter une réponse libre à cette parole définitive.

Oui, tant que dure cet instant, à la fois bref et long, qui constitue l’Histoire depuis Jésus Christ, l’homme est invité à prendre à son tour la parole en ce monde, pour dire en tremblant d’amour à ce Dieu qui, homme comme nous, se tient à ses côtés : « Je … » Mais à quoi bon ouvrir la bouche ? Il n’a qu’à s’abandonner silencieusement à l’amour divin, car celui-ci est là, depuis que le Fils de Dieu est né à la lumière de notre monde.

Le message de Noël, c’est que Dieu est venu vers nous. Il est venu d’une façon telle qu’il ne lui est désormais plus possible, sans le monde et sans nous, de retrouver l’éclat terrible de sa propre gloire. La naissance de cet enfant a tout changé. A partir du Verbe fait chair, foyer de tout ce qui existe, tout désormais s’achemine, sous la poussée inexorable de l’amour, vers la Face de Dieu, sans que le monde doive pour autant être consumé dans ce brasier de sainteté et de justice. Le temps tout entier est déjà enveloppé par l’éternité, du fait que celle-ci est devenue temps elle-même. Toutes les larmes sont d’ores et déjà taries à leur source la plus secrète, parce que Dieu, après les avoir pleurées lui-même, les a essuyées à jamais sur ses propres yeux. Toute espérance devient réellement possession, du fait que Dieu est déjà possédé par le monde. La nuit du monde est d’ores et déjà clarté.

dimanche 9 décembre 2007

Merci !

Chers amis,

C'est avez une joie et une émotion que je n'ai pas cherché à dissimuler que j'ai vécu mon admission parmi les candidats au ministère de prêtre, le 7 décembre au séminaire. Cette joie et cette émotion, je crois les devoir en grande partie à la façon dont vous m'accompagnez, dans la prière et l'amitié. Votre présence à mes côtés, physique ou spirituelle, a été d'une grande valeur pour moi. Merci à tous de votre témoignage d'affection.

Me voici à présent résolument sur le chemin vers le sacerdoce. Continuez s'il-vous-plaît, peut-être même plus qu'avant encore, à m'accompagner de votre prière et de votre amitié !

L’Evangile de ce dimanche : "Convertissez-vous car le Royaume des cieux est tout proche."

En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. » Jean est celui que désignait la parole transmise par le prophète Isaïe :

A travers le désert, une voix crie :

Préparez le chemin du Seigneur,

aplanissez sa route.

Jean portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain venaient à lui, et ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés.
Voyant des pharisiens et des sadducéens venir en grand nombre à ce baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion, et n'allez pas dire en vous-mêmes : 'Nous avons Abraham pour père' ; car, je vous le dis : avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.
Moi, je vous baptise dans l'eau, pour vous amener à la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu ; il tient la pelle à vanner dans sa main, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier. Quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s'éteint pas. » (Mt 3, 1-12)


Appel à la conversion

« Convertissez-vous »

L’appel de Jean-Baptiste est clair, très clair même : nous ne pouvons pas fuir la colère de Dieu, et nous dire chrétiens – ou juifs, ou « fils d’Abraham » - ne suffit pas. Il nous faut nous convertir. Cela me rappelle un autre passage de l’Evangile selon saint Matthieu : « Il ne suffit pas de me dire : ‘Seigneur, Seigneur !’, pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7, 21).

Loin d’être une fuite de la colère de Dieu, colère contre le péché, contre le mal, la conversion est un mouvement intérieur qui nous tourne vers Dieu. C’est une motion de chaque jour, de chaque instant, par laquelle nous orientons nos actes et nos pensées vers le Seigneur. Il ne s’agit pas de l’action d’un moment, mais d’un engagement de long terme.

En écoutant Jean-Baptiste, nous comprenons aussi que notre identité de chrétien ne suffit pas à accueillir le Christ : « n'allez pas dire en vous-mêmes : 'Nous avons Abraham pour père' ». Ce que Jean dénonce ici, c’est de se reposer sur ses lauriers en se disant : c’est bon, je suis baptisé, plus rien ne peut m’arriver. L’appel à la conversion est un appel de fond, pour que notre vie soit transformée et que nous l’orientons résolument vers le Christ.


Un appel pressant, pour notre salut
« car le Royaume des cieux est tout proche. »

Il y a urgence, l’heure est grave : « [celui qui vient] tient la pelle à vanner dans sa main, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier. Quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s'éteint pas. » L’heure du jugement approche, c’est pourquoi notre conversion devient urgente.

La colère de Jean m’a un peu étonné, elle m’a même gêné, en première lecture. Mais c’est ainsi que je la comprends : Jean-Baptiste est présenté comme l’héritier du chapitre 40 du livre d’Isaïe dans lequel Dieu réconforte son peuple en l’invitant à préparer le chemin du Seigneur car sa venue est proche, et proche l’heure où la paix régnera dans le monde. C’est donc la colère d’un prophète qui aime le monde et veut l’aider à se sauver. L’enjeu de notre réponse à l’appel de Jean est majeur, car le jugement du Christ est proche : serons-nous du grain ou de la paille ? Le baptême dans l’Esprit Saint et dans le feu est ici comme l’instrument de ce jugement, tout ce qui est mauvais sera brûlé.

Profitons donc de ce temps de l’Avent pour préparer nos cœurs à la venue du Seigneur. Cette venue n’est pas seulement celle de Noël : nous attendons aussi la dernière venue du Seigneur, dans la gloire. Alors changeons nos vies pour que, quand il viendra, il nous accueille dans son Royaume.


dimanche 2 décembre 2007

Le ministère de prêtre... en quelques pages

A l’occasion de l’atelier de novembre des séminaristes de troisième année du Séminaire, Julien Dupont et moi-même avons été chargés de concevoir un petit recueil de textes sur le prêtre. Rassemblant nos lectures passées, théologiques, spirituelles ou même littéraires, nous avons entamé une fructueuse discussion. En voici le résultat.

Loin d’être exhaustif évidemment, ce compendium a pour seule ambition de ne pas être idéologique. Nous avons voulu présenter des figures très diverses, du véritable disciple du Bienheureux Antoine Chevrier ou prêtre contemporain du Père Magnin, du curé de village de Balzac au bon pasteur du Cardinal Kasper. Chacun sera touché par tel texte plutôt que par tel autre, mais cette diversité que nous présentons manifeste la richesse du ministère de prêtre tel que nous l’offre l’Eglise.

Ce compendium est disponible ICI.

L’Evangile de ce dimanche : « Veillez donc ! »

C’est aujourd’hui le premier dimanche de l’Avent, le début d’une nouvelle année liturgique. C’est aussi le début de notre marche en Eglise vers la Nativité de Jésus. Quel jour de joie ! J’inaugure ici ce que je voudrais être un rendez-vous régulier. Chaque dimanche, j’essaierai de vous partager une méditation personnelle de l’évangile du jour.

« Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « L’avènement du Fils de l’homme ressemblera à ce qui s’est passé à l’époque de Noé. A cette époque, avant le déluge, on mangeait, on buvait, on se mariait, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche. Les gens ne se sont doutés de rien, jusqu'au déluge qui les a tous engloutis : tel sera aussi l'avènement du Fils de l'homme. Deux hommes seront aux champs : l'un est pris, l'autre laissé. Deux femmes seront au moulin : l'une est prise, l'autre laissée. Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra. Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n'aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le Fils de l'homme viendra. » (Mt 24, 37-44)

Une spiritualité des yeux ouverts

Que ce soit en mangeant et en buvant, en étant aux champs ou au moulin, Jésus nous dit que c’est dans notre quotidien que le Seigneur viendra. C’est dans notre quotidien qu’il se manifestera et qu’il jugera les hommes : « l'un est pris, l'autre laissé ».

Ce qui me frappe, c’est que le jugement du Seigneur semble toujours se faire entre deux personnes. Et j’y vois un signe que Dieu ne nous demande pas de nous dissocier du monde, mais bien de partager le quotidien du monde, aux champs ou au moulin, comprenons aujourd’hui au bureau ou à l’usine.

Voilà ce que j’aime appeler une spiritualité des yeux ouverts : Dieu nous invite ici à rester dans le monde, à y vivre à fond, à partager ses conditions de vie, ses joies et ses peines, en attendant que le jour du Seigneur arrive. En aucune façon notre veille du jour du Seigneur ne doit être une fuite du monde.

Veiller à la manière de Noé

Mais alors qu’est-ce que la veille à laquelle Jésus nous invite en disant : « Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le Fils de l'homme viendra » ? Si « l'un est pris, l'autre laissé », qu’est-ce qui va faire que je serai l’un et non l’autre ?

Je vois une clé de réponse à cette question dans l’évocation préliminaire de Noé : « L’avènement du Fils de l’homme ressemblera à ce qui s’est passé à l’époque de Noé. » Qu’est-ce qui a fait qu’en son temps, Noé a été pris, et les autres laissés ? Au chapitre 6 du livre de la Genèse, Noé est présenté comme un homme juste et intègre, fidèle à la Loi du Seigneur, au milieu d’un monde corrompu qui a oublié Dieu. L’alliance que Dieu établit avec Noé se fonde sans aucun doute sur cette fidélité aux commandements de Dieu.

Jamais Noé n’est présenté comme un homme qui aurait fui le monde et qui à cet égard aurait plu à son Dieu. Simplement, vivant dans le monde, il a su rester fidèle à la Loi divine, il a été juste.

Tenons-nous prêts !

Se tenir prêt, c’est donc à mes yeux rester fidèle au Seigneur, dans le quotidien de notre vie. La différence entre l’homme aux champs qui sera pris et celui qui ne le sera pas est sans doute celle-ci : le premier a été fidèle au Seigneur et il a su le reconnaître lors de sa venue ; le second en revanche, s’étant détourné de Dieu durant sa vie, n’a pas su le reconnaître et a du coup été laissé. Tenons-nous donc prêts, pendant ce temps d’Avent. Gardons les yeux ouverts sur le monde pour y scruter les signes des temps (cf. Mt 16, 3), gardons les yeux ouverts, fixés sur le Christ, gardons les yeux ouverts, et peut-être apercevrons-nous dans quelques jours une étoile briller dans la nuit, qui nous indiquera qu’un Sauveur nous est donné !