vendredi 9 mars 2012

1er mois à Jérusalem

Chers parents et chers amis,

Quelle joie quand on m’a dit : « Nous irons à la maison du Seigneur ! »
Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem !
Jérusalem, te voici dans tes murs : ville où tout ensemble ne fait qu’un !
C’est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur,
là qu’Israël doit rendre grâce au nom du Seigneur.
C’est là le siège du droit, le siège de la maison de David.
Appelez le bonheur sur Jérusalem : « Paix à ceux qui t’aiment !
Que la paix règne dans tes murs, le bonheur dans tes palais ! »
A cause de mes frères et de mes proches, je dirai : « Paix sur toi ! »
A cause de la maison du Seigneur notre Dieu, je désire ton bien.

Psaume 121(122)

Voici presque un mois que je suis arrivé à Jérusalem et il me semble bon de jeter un petit regard en arrière pour vous donner quelques nouvelles. Attendus le 12 février 2012 à l’aéroport de Tel Aviv par des membres de la communauté de l’Emmanuel, nous avons été conduits jusqu’à la Ville Sainte.

L’accueil des Jésuites de l’Institut Biblique Pontifical a tout de suite été excellent. Elles sont loin, les difficultés qu’ont connues Chateaubriand ou le Père Lagrange pour venir en Palestine, et c’est peut-être dommage par certains aspects, mais nous avons fait là, une nouvelle fois, l’expérience très belle de la fraternité qui existe dans l’Eglise : ici, nous sommes comme chez nous, nous sommes en réalité chez nous.

L’abbé François Labadens et moi suivons nos cours au Studium Biblicum Francescanum qui se trouve dans l’ancienne ville, à la deuxième station de la Via Dolorosa. Assez peu de cours en vérité : un cours sur les méthodes de l’archéologie biblique et un cours sur les onze premiers chapitres de la Genèse, à quoi s’ajoutent deux « cours » d’excursions archéologiques. Cela dit, nous ne manquons pas de travail : il est temps à présent de préparer l’examen de synthèse que nous soutiendrons en juin à Rome. Il s’agira pour moi d’étudier le thème de la joie dans la Bible, à travers trente textes tirés de l’ensemble de la Sainte Ecriture.

A Jérusalem, nous avons retrouvé d’autres Français – trois prêtres étudient à l’Ecole biblique des Pères dominicains, deux séminaristes travaillent au Patriarcat latin, et de nombreux étudiants viennent ici pour un ou deux ans comme volontaires dans des centres d’accueil de pèlerins, des hôpitaux, etc.

Ce qui fait que nous sommes loin d’être isolés ! Outre les cours, nous découvrons Jérusalem et la Terre Sainte : visite des grands lieux saints – les mystères du Rosaire prennent corps peu à peu ! – belles sorties dans la Shefellah, et dans la plaine du Jourdain, sans oublier le pèlerinage à Bethléem, avec la célébration de la Messe de la Nativité dans la grotte de saint Jérôme.

Par-dessus tout, ce premier mois, avec l’entrée dans le beau temps du Carême, représente une belle expérience spirituelle : ce n’est pas rien de prier sur le lieu même où Jésus est mort et ressuscité ! Ce n’est pas rien non plus de vivre dans cette ville de paix (une des étymologies de Jérusalem), déchirée depuis des siècles par des guerres et des divisions.

Il y a là un mystère étonnant : le Verbe s’est fait chair dans un des plus beaux pays du monde, mais aussi dans l’un des plus tourmentés. Avec le prophète Jérémie, j’ai parfois envie de m’écrier : « Ah ! Seigneur DIEU, assurément tu as bien abusé ce peuple et Jérusalem en disant : ‘‘Vous aurez la paix...’’ Et l’épée nous enlève la vie. » (Jr 4,10), mais je ne peux oublier ces paroles de saint Jean dans l’Apocalypse : « Et la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, je la vis qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, comme une épouse qui s’est parée pour son époux. » (Ap 21,2) Paradoxe de la ville trois fois sainte, objet de tant d’amour et de discorde à la fois !

Voilà donc quelques nouvelles que je voulais vous donner, chers parents et chers amis, pour que vous puissiez participer un peu à ce que j’ai la grâce de vivre ici, et pour vous redire que je pense bien à chacun de vous. Priez pour moi s’il vous plaît ! Je vous souhaite un Carême joyeux et fécond, et de tout cœur je vous bénis.

Sébastien +