mardi 1 mai 2012

« Espère le Seigneur ! » - Lettre à Adveniat





Lettre à la fraternité missionnaire Adveniat

« Espère le Seigneur ! »


Jérusalem, ce 1er mai 2012
Saint Joseph, travailleur


Chers frères et sœurs d’Adveniat,

Alors qu’approche le week-end de formation à Domont, et six mois après ma première lettre[1] dans laquelle je voulais partager avec vous quelques réflexions concernant la nouvelle évangélisation en général et notre fraternité Adveniat en particulier, je suis heureux de vous rejoindre à nouveau pour vous parler de l’espérance chrétienne.

         « Espère le Seigneur ! » : c’est le thème qui a été choisi comme fil rouge de la semaine missionnaire de cette année, qui aura lieu du 24 juin au 1er juillet prochains à Garges-lès-Gonesse. Cet encouragement est tiré d’un psaume, le psaume 26 de la liturgie (le 27e dans certaines bibles), qui est un grand chant de confiance dans le Seigneur : celui qui le prie a conscience d’être aimé de Dieu, et il décide de se mettre résolument à sa suite. Prenons le temps, avant toute chose, de relire ce psaume.


Psaume 27(26)
 1 Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ?
2 Si des méchants s’avancent contre moi pour me déchirer,
ce sont eux, mes ennemis, mes adversaires,
qui perdent pied et succombent.
3 Qu’une armée se déploie devant moi, mon cœur est sans crainte ;
que la bataille s’engage contre moi, je garde confiance.
4 J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche :
habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie,
pour admirer le Seigneur dans sa beauté et m’attacher à son temple.
5 Oui, il me réserve un lieu sûr au jour du malheur ;
il me cache au plus secret de sa tente, il m’élève sur le roc.
6 Maintenant je relève la tête devant mes ennemis.
J’irai célébrer dans sa tente le sacrifice d’ovation ;
je chanterai, je fêterai le Seigneur.
7 Écoute, Seigneur, je t’appelle !
Pitié ! Réponds-moi !
8 Mon cœur m’a redit ta parole : « Cherchez ma face. »
9 C’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face.
N’écarte pas ton serviteur avec colère :
tu restes mon secours.
Ne me laisse pas, ne m’abandonne pas, Dieu, mon salut !
10 Mon père et ma mère m’abandonnent ; le Seigneur me reçoit.
11 Enseigne-moi ton chemin, Seigneur,
conduis-moi par des routes sûres, malgré ceux qui me guettent.
12 Ne me livre pas à la merci de l’adversaire :
contre moi se sont levés de faux témoins qui soufflent la violence.
13 Mais j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants.
14 « Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur. »

         Nous aurons le temps, pendant notre semaine missionnaire, de lire et relire ces paroles d’amour, de confiance et d’espérance, mais il me semble important de réfléchir ensemble sur ce qu’est l’espérance chrétienne dès avant le 24 juin. Ainsi vous pourrez préparer vos cœurs aux enseignements, aux témoignages, temps de prière et surtout aux rencontres que vous vivrez à Garges.

         Il faut noter d’abord que l’espérance est un thème d’actualité, cher à notre Saint-Père le Pape Benoît XVI. Il y a cinq ans, il y consacrait sa deuxième lettre encyclique Spe Salvi (30 novembre 2007), et il y est revenu à plusieurs reprises depuis, notamment dans son message pour la XXVIIe Journée Mondiale de la Jeunesse publié le 15 mars de cette année. L’importance que Benoît XVI accorde à l’espérance vient en partie du fait que le monde en manque cruellement. Les crimes et les horreurs que nous avons connus au XXe siècle, ainsi que les effets de ce qu’on appelle souvent le « post-modernisme » en occident, marqué par la perte de nombreux repères, a fait disparaître l’espérance dans beaucoup de cœurs. Nos contemporains courent après le bonheur sans savoir comment l’atteindre. Ils se jettent ainsi trop souvent dans une consommation déraisonnée et dans un individualisme dont chacun peut voir à présent les limites.


1.      Rendre compte de l’espérance qui est en nous

         Face à cette situation, notre rôle n’est pas de critiquer l’un ou l’autre et d’accorder des bons et des mauvais points, ni de nous retrancher dans un trop facile « l’Eglise avait raison ! » qui ne résoudra pas les problèmes et ne répondra pas ni attentes de nos contemporains ni aux nôtres. Les chrétiens doivent, à l’exemple et la suite du Saint Père et de nos évêques, affirmer toujours plus le trésor de la foi chrétienne, en vivre et témoigner de l’espérance qui les habite, selon l’ordre de l’apôtre saint Pierre lui-même : « C’est le Seigneur, le Christ, que vous devez reconnaître dans vos cœurs comme le seul saint. Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous » (1 P 3,15).

Or, nous nous en apercevons souvent, le monde contemporain nous demande de rendre compte de l’espérance qui est en nous. Combien de fois entendons-nous cette attente, de la part de nos amis, de nos voisins, de tous ceux que nous rencontrons ! Et nous le savons, de la façon dont nous répondons à cette attente dépend la conversion de bien des âmes ! L’enjeu est immense, c’est l’enjeu de la mission chrétienne, c’est l’enjeu particulièrement de la semaine missionnaire que nous vivrons à Garges à la fin du mois de juin prochain.

La première des réponses fondamentales que nous pouvons apporter est notre profession de foi. La foi, vous le savez, est une vertu théologale, au même titre que l’espérance et la charité[2]. Les trois sont intimement liées les unes aux autres, et l’espérance se fonde essentiellement sur la foi. Ecoutons ici ce que Benoît XVI veut nous dire à ce sujet :

celui qui ne connaît pas Dieu, tout en pouvant avoir de multiples espérances, est dans le fond sans espérance, sans la grande espérance qui soutient toute l’existence (cf. Ep 2,12). La vraie, la grande espérance de l’homme, qui résiste malgré toutes les désillusions, ce ne peut être que Dieu – le Dieu qui nous a aimés et qui nous aime toujours « jusqu’au bout », « jusqu’à ce que tout soit accompli » (cf. Jn 13,1 et 19,30) [3].

Partager notre foi, alors, c’est vraiment la meilleure façon de partager notre espérance !


2.      Vivre de l’espérance qui est en nous

Pour partager notre espérance, nous devons d’abord en vivre. Et pour cela, il faut que nous ayons pleinement conscience de cette espérance que nous avons dans le cœur et qui change nos vies. Elle trouve sa source dans le salut qui nous a été donné par Dieu, depuis la Création, pendant toute l’histoire de l’alliance, et surtout dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ, comme le souligne le Saint-Père :

La rédemption nous est offerte en ce sens que nous a été donnée l’espérance, une espérance fiable, en vertu de laquelle nous pouvons affronter notre présent : le présent, même un présent pénible, peut être vécu et accepté s’il conduit vers un terme et si nous pouvons être sûrs de ce terme, si ce terme est si grand qu’il peut justifier les efforts du chemin[4].

         L’espérance fondée sur la foi qui est en nous change donc notre vie présente, notre vie de tous les jours, même si nous ne nous en apercevons pas toujours. Il est bon de nous poser de nouveau la question suivante : « la foi chrétienne est-elle aussi pour nous aujourd’hui une espérance qui transforme et soutient notre vie[5] ? »

         Si nous savons répondre à cette question – au moins en partie – alors nous pourrons devenir des témoins de l’espérance, nous pourrons rendre compte explicitement de l’espérance qui est en nous, ce qui est un pas de plus encore par rapport au témoignage de vie dont je parlais au début de ce paragraphe. Et c’est aussi pour cela que nous devons nous former, que nous devons lire et écouter le témoignage des autres, pour nous en nourrir, nous en inspirer, et pour formuler notre propre témoignage.

         Le Pape nous propose trois  « “lieux” d’apprentissage et d’exercice de l’espérance[6] » :
-         La prière : écoute purificatrice de Dieu, école d’espérance
-         Agir et souffrir : l’espérance en acte
-         Le Jugement final : tout faire pour mon salut et celui des autres

Nous y reviendrons au cours de la semaine missionnaire.


3.      Témoigner de l’espérance qui est en nous

Il nous reste à prendre conscience de l’importance et du bien-fondé de ce témoignage dans lequel nous voulons nous engager. Dans son message pour la XXVIIe Journée Mondiale de la Jeunesse, le Pape insiste sur l’urgence de notre témoignage, en particulier vers les jeunes : « Dans le difficile contexte actuel, tant de jeunes autour de vous ont un immense besoin d’entendre que le message chrétien est un message de joie et d’espérance[7] ! »

Dans ce message, le Saint-Père établit le lien entre les vertus théologales et la joie. Notre monde manque d’espérance, et ce manque se manifeste surtout par la quasi-disparition de la joie dans la vie des hommes. Or Benoît XVI identifie trois moyens d’entrer dans la joie de l’amour :
-         être constant et fidèle aux engagements pris
-         être généreux
-         faire grandir la communion fraternelle

Si nous vivons selon ces trois conseils, notre joie rejaillira dans nos vies, et elle se transmettra à ceux que nous rencontrerons. Les exemples ne manquent pas ! Les saints que l’Eglise nous donne pour modèles – pour n’en citer que quatre, pensez à saint Philippe Néri et à sainte Jeanne de France, mais aussi au bienheureux Pier Giorgio Frassati et à la bienheureuse Mère Teresa de Calcutta dans les temps plus récents !
Et dans notre beau diocèse de Pontoise, combien de chrétiens, familles, prêtres, nous montrent leur joie, à la suite de notre évêque qui ne cesse de nous encourager sur ce chemin ?
L’invitation du Saint-Père est plus claire que jamais :

Chers amis, pour terminer, je voudrais vous exhorter à être missionnaires de la joie. On ne peut pas être heureux si les autres ne le sont pas : la joie doit donc être partagée. Allez dire aux autres jeunes votre joie d’avoir trouvé ce trésor qui est Jésus lui-même[8].

         Oui, chers frères et sœurs d’Adveniat, soyons des missionnaires de la joie dans ce monde qui en a tant besoin. C’est le programme que je vous propose pour cette semaine missionnaire de Garges que nous préparons déjà. Et pour cela, portons-nous les uns les autres dans la prière. En plus du Notre Père que je vous demandais dans ma dernière lettre de réciter quotidiennement pour notre fraternité, je vous propose de vous tourner vers la Vierge Marie qui marche à nos côtés et qui nous soutient. Prions chaque jour avec les mots mêmes de Benoît XVI :

Sainte Marie, Mère de Dieu, notre Mère,
enseigne-nous à croire, à espérer et à aimer avec toi.
Indique-nous le chemin vers son règne!
Étoile de la mer, brille sur nous
et conduis-nous sur notre route[9] !

         Merci à chacun de vous pour ce que vous faites pour Adveniat pendant l’année, et pour ce que vous ferez pour la semaine missionnaire 2012.

De tout cœur et par l’intercession de saint Joseph, je vous bénis.

Que son règne vienne !


Sébastien Thomas +
prêtre





[2] Pour les définitions des vertus théologales, lisez le Catéchisme de l’Eglise catholique de 1992 aux numéros 1812 à 1829 (www.vatican.va/archive/FRA0013/__P60.HTM).
[3] Benoît XVI, Lettre encycl. Spe Salvi sur l’espérance chrétienne (30 novembre 2007), n°27 (http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20071130_spe-salvi_fr.html).
[4] Spe Salvi, n°1.
[5] Spe Salvi, n°10.
[6] Spe Salvi n°32 et suivants.
[7] Benoît XVI, message pour la XXVIIe Journée Mondiale de la Jeunesse (15 mars 2012) (http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/messages/youth/documents/hf_ben-xvi_mes_20120315_youth_fr.html).
[8] Message pour la XXVIIe Journée Mondiale de la Jeunesse.
[9] Spe Salvi, n°50

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