jeudi 29 octobre 2009

Rencontres pontoisiennes à Rome


Contrairement à ce qu’on pourrait penser, être séminariste à Rome ne sépare pas du diocèse. Il est vrai que le contact direct avec le Val d’Oise, chaque semaine en paroisse, me manque depuis un mois et demi que je suis arrivé au Séminaire français. Cependant, les visites de pèlerins sont nombreuses, surtout en cette période de vacances de la Toussaint.

Depuis près d’une semaine, ce sont tous les séminaristes du Séminaire Saint-Sulpice d’Issy-les-Moulineaux, dont six séminaristes pontoisiens et le P. Yves JACQUESSON, que nous accueillons au Séminaire français. Chaque jour nous partageons nos repas et nous prions ensemble : ce sont de riches moments de retrouvailles !


Hier, j’ai eu la joie supplémentaire de rencontrer le groupe d’animateurs en catéchèse de tout le diocèse, en pèlerinage à Rome jusqu’au 30 octobre, sous la conduite de Véronique LEMERLE et du P. Grégor PRICHODKO. Venus pour redécouvrir l’art comme chemin vers Dieu, ils font un très beau parcours dans la Ville éternelle, de l’Antiquité à la Renaissance, de la peinture à l’architecture, de la mythologie à la spiritualité la plus profonde. Après l’audience pontificale du matin Place Saint-Pierre, les pèlerins devaient célébrer la Messe en l’église Saint-Louis-des-Français. L’ayant appris je suis venu à leur rencontre, et je les ai invités à venir visiter le Séminaire français dans la soirée. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés sur les belles terrasses de la Via Santa-Chiara, devant le soleil qui se couchait sur le Janicule, nous permettant de contempler Rome dans tout son éclat.

Cette rencontre a aussi été l’occasion pour beaucoup de nos pèlerins de découvrir qu’il existait un séminaire français à Rome, où le diocèse de Pontoise est représenté depuis six ans, par Edouard GEORGE puis par moi-même. Nous avons pu échanger pendant une heure sur l’importance de la catéchèse et de l’annonce de l’Evangile dans le monde actuel. Comme cette rencontre était riche pour moi qui me forme en Ecriture Sainte précisément pour cette mission d’annonce ! La rencontre de cette trentaine d’animateurs en catéchèse a été pour moi un bon encouragement à persévérer dans mes études.

Après les quelques jours de visite de Monseigneur RIOCREUX, notre évêque, pour la canonisation de Jeanne JUGAN il y a quelques jours, ce premier mois d’études à Rome aura été riche en rencontres pontoisiennes ! Tous les chemins mènent à Rome, dit-on, alors sans doute dans les prochains mois, non chemins se croiseront-ils : je vous attends !


Sébastien

samedi 10 octobre 2009

N'ayez pas peur des médias !


Chaque année, le Séminaire français de Rome organise pour ses membres une session de rentrée. Cette année, après les événements récents qui ont balloté l’Eglise et les chrétiens, cette session a porté sur les moyens de communication. L’objectif de notre Recteur était de nous faire comprendre les médias, et si possible de nous les faire aimer. C’est à M. Antoine Marie IZOARD, directeur de l’agence de presse I.MEDIA, spécialisée dans les informations concernant le Vatican, qu’a été confiée l’animation de cette session. M. IZOARD a choisi de nous faire rencontrer différents acteurs de la communication à Rome, des acteurs de premier plan qui sont venus échanger avec nous, très simplement. Par la présentation des personnes que nous avons rencontrées, je vais tenter de rendre compte de cette session.

Le premier intervenant a traversé l’ensemble de notre session : M. IZOARD ne s’est pas contenté d’animer les débats, mais il a apporté beaucoup de matière à notre réflexion. Fin connaisseur de la situation et acteur important de l’actualité religieuse, il a introduit nos échanges en soulignant le caractère explosif des relations entre l’Eglise et les médias (presse, radio, télévision et agences de presse). Sans omettre les sujets épineux (on pense au discours de Ratisbonne, à l’affaire WILLIAMSON et aux propos du Pape Benoît XVI sur le préservatif au cours de son voyage vers l’Afrique) il nous a, au cours de ces quatre jours de session, fait toucher la complexité de la communication dans le monde actuel. Cette complexité s’accroît encore lorsqu’il s’agit de sujets religieux.
Du fait réel à l’article de presse, le processus de traitement dépend du média. On ne traite pas l’information de la même façon lorsqu’on est journaliste de télévision ou lorsqu’on travaille dans une agence de presse. Les critères de décision dans le choix de l’information à publier sont complexes : l’information naît beaucoup de la nouveauté, du caractère percutant voire polémique des événements. La hiérarchisation de l’information, de ce fait, est très subjective.
Et le poids des journalistes dans la société occidentale s’est accru depuis quelques décennies. Aujourd’hui, on ne peut plus faire sans les journalistes et fermer la porte à toute discussion avec eux.

Le 6 octobre, nous avons accueilli M. Eric VALMIR, correspondant de Radio-France en Italie depuis 2006, qui a témoigné de son travail et de sa vision de l’Eglise. En réalité, le Vatican représente 10% de ses activités. Eric VALMIR nous a expliqué particulièrement la distinction qu’il faut faire entre le travail de terrain des journalistes et les exigences des rédactions en chef. Les conflits d’intérêts sont nombreux entre Paris qui veut vendre de l’information, faire de l’audience, et le journaliste de terrain qui veut refléter la réalité du pays qu’il couvre. Il faut donc toujours équilibrer les articles, en présentant les thèmes ‘‘vendeurs’’ attendus par les rédactions, tout en faisant passer la réalité du terrain.
En outre, M. VALMIR a dénoncé la ‘‘dictature des dépêches d’agence de presse’’ qui font la pluie et le beau temps dans l’information, car les journalistes ont de moins en moins de temps pour vérifier leurs sources et d’aller sur place, et se contentent souvent de ces dépêches pour rédiger leurs articles. Le problème est alors une uniformisation de l’information, tendance ancienne mais qui s’amplifie aujourd’hui.
Eric VALMIR nous a montré que les actualités religieuses sont traitées de la même façon que les autres actualités, car il s’agit toujours d’un décryptage, hors de l’opinion du journaliste. Il s’agit de voir ce qui se passe, comment, pourquoi… Mais il y a un réel désintérêt et même une inculture religieuse profonde dans le journalisme généraliste, qui empêche l’argumentation et la précision du propos et de l’analyse. Pour finir, il a reconnu que la malhonnêteté intellectuelle du journalisme à l’égard de l’Eglise est réelle, insérée dans une malhonnêteté globale de la société occidentale. C’est inextricable aujourd’hui, mais cela passera.

Le 7 octobre, nous avons eu trois intervenants successifs : M. Frédéric MOUNIER, de La Croix, Mme Catherine JOUAULT, de l’AFP et Mme Romilda FERRAUTO, responsable du département francophone de Radio Vatican.
Frédéric MOUNIER est intervenu avec beaucoup de recul, plutôt comme penseur de la relation entre l’Eglise et les médias. Spectateur de la baisse de la qualité de l’information religieuse en France (il n’y a plus à ce jour dans le service public qu’une vraie spécialiste des questions religieuses en France, pour RFI), Frédéric MOUNIER a déploré que ce secteur soit sous-traité comme déclinaison des problèmes de société. La ‘‘loi de l’emballage’’ qui régit aujourd’hui l’information rend plus difficile une bonne information religieuse. Notons particulièrement sa phrase sur le Pape : « Benoît XVI est un empêcheur de penser en rond. »
Catherine JOUAULT, quant à elle, est venue nous présenter le travail des agences de presse, depuis son expérience de travail au sein de la troisième agence de presse au monde : l’Agence France Presse. Agence multimédia et multilingue, l’AFP est un ‘‘grossiste d’information’’ dont les premiers clients sont les journalistes. C’est un prestataire de services. Elle fournit deux types d’informations : des faits bruts dans ses dépêches, et des analyses de fond dans des dossiers plus rares mais plus développés. De Rome, les dépêches sont envoyées au ‘‘Desk Europe’’ qui la valide ou la refuse. Le tri se fait de lui-même du fait de la dimension commerciale de l’activité de l’AFP. Si les priorités des agences de presse diffèrent selon leur identité (par exemple l’AFP ne traite les discours du Pape que lorsqu’ils concernent la société, alors qu’I.MEDIA les traite tous, de façon systématique), on ne peut oublier qu’elles ont ce type de priorité qui biaise leur regard sur l’actualité. Mais la fiabilité et l’honnêteté des agences est leur garantie d’avoir des clients. Le système s’auto-purifie donc. La presse est donc un miroir de la réalité, mais elle a toujours le pouvoir de cacher des aspects de la réalité, et il faut reconnaître que les choses qui vont bien ne font pas de l’information et ne forment donc pas le cœur de métier des grossistes d’information que sont les grandes agences de presse.
Romilda FERRAUTO est enfin intervenue pour présenter l’activité de Radio Vatican. Elle nous a fait comprendre la complexité de son travail : dans ce métier, faut-il être chrétien avant d’être journaliste, ou faut-il être journaliste avant d’être chrétien ? Cette question se pose sans cesse. Et la qualité du travail de Radio Vatican vient du sérieux de ses analyses, malgré son très court temps d’antenne dans chaque langue. La clé de ce sérieux et de l’objectivité du traitement de l’information est selon elle la diversification des sources (agences de presse, communiqués de presse de l’Eglise, des institutions ou des organisations non gouvernementales, sites Internet). Prenant le contre-pied des autres intervenants, Romilda FERRAUTO pense qu’on minimise aujourd’hui l’attente et la curiosité de la société à l’égard de l’Eglise.

Pour notre troisième jour de session, le 8 octobre, c’est le père Federico LOMBARDI s.j., directeur de la salle de presse du Saint-Siège, qui est venu à notre rencontre. Il est en quelque sorte le ‘‘porte-parole’’ du Pape. Après des études de mathématiques puis de théologie en Allemagne, le père LOMBARDI a travaillé pour la revue jésuite de théologie Civiltà Cattolica. Selon lui, communiquer est une chose naturelle pour le prêtre, appelé à annoncer sans cesse la Bonne Nouvelle. L’important est de toujours savoir quoi dire, en se préoccupant de la simplicité et de la clarté du message. De cette revue théologique à Radio Vatican, la technique est radicalement différente. Avec l’Internet, auquel il faut s’adapter mais sans se laisser fasciner, l’évolution est encore plus rapide, mais c’est nécessaire pour rester en contact avec le monde. La communication du Saint-Siège est forcément intégrative, à vocation universelle. Elle ne doit pas oublier que les épiscopats nationaux le font aussi dans leurs pays ; le Vatican doit donc travailler en concertation et en collaboration avec les Eglises nationales. En d’autres termes, il ne s’agit pas de tout dire, mais de rendre le Pape accessible au monde.
Le directeur de la salle de presse n’est pas le seul acteur de la communication du Saint-Siège : le Pape lui-même, son secrétaire personnel, son Secrétaire d’Etat et la Curie romaine interviennent souvent directement auprès des journalistes. Dans cette complexité, la responsabilité directe du père LOMBARDI est de discerner les sujets importants ou urgents, au contact de la presse. Sa fonction est donc bidirectionnelle, du Vatican vers la presse et de la presse vers le Vatican. C’est cette complexité d’organisation et l’évolution rapide des techniques de communication qui expliquent les difficultés rencontrées par le Saint-Siège par exemple à Ratisbonne ou en Afrique. Et il faut, à partir de ces crises, chercher ce qu’il y a de positif – l’émergence de débats de fond, l’annonce de la vérité malgré le ‘‘politiquement correct’’ – et recevoir les enseignements de ces dysfonctionnements. Selon le père LOMBARDI, il faut aujourd’hui apprendre à mieux intégrer au Saint-Siège le processus de décision avec le processus de communication. Cependant, on ne peut pas communiquer comme tout le monde quand on est chrétien, parce qu’un communicateur chrétien ne peut par exemple pas utiliser la parole pour diviser. Prenant lui aussi le contre-pied d’autres intervenants, le père LOMBARDI pense que la société n’est pas complètement opposée au fait religieux, la célébration des funérailles de Jean-Paul II en a apporté la preuve.

Philippine de SAINT PIERRE, directrice des programmes de KTO, est venue achever notre session le 9 octobre. Fondée par les évêques de France, KTO a une bonne relation avec l’épiscopat, relation de confiance et de filialité. Cela ne signifie pas que les 14 journalistes de la chaîne doivent toujours répéter strictement les communiqués de presse de la Conférence des évêques de France, mais qu’ils gardent toujours en vue l’Evangile et le magistère. C’est ce qui fait de KTO, ‘‘télévision catholique’’ un média d’Eglise, plus encore qu’un média chrétien.
La mission de KTO repose sur trois piliers :
- accompagner la vie de prière et la vie d’Eglise des téléspectateurs,
- donner des éclairages sur l’actualité dans la lumière de l’Evangile et la fidélité au magistère,
- donner à voir la diversité des visages de l’Eglise.
Risquant d’être par trop du côté ‘‘des gentils’’ dans le traitement de l’actualité de l’Eglise, risquant de ce fait de perdre toute crédibilité, KTO veut être pour l’Eglise un partenaire de confiance. La confiance est selon Philippine de SAINT PIERRE le maître-mot des relations entre l’Eglise et les médias. Avec cette confiance, l’Eglise aura moins peur d’intervenir sur tous les sujets sensibles, et elle sera mieux écoutée par les médias.

De ces rencontres nombreuses et denses, nous pouvons retenir que la communication doit être une activité naturelle du chrétien et a fortiori du prêtre. Le rôle des médias dans la société occidentale contemporaine s’est beaucoup développé et l’on ne peut plus aujourd’hui s’en détourner. Entre l’observation du « caractère explosif des relations entre l’Eglise et les médias » et la réflexion sur la « relation de confiance » qui doit s’instaurer entre eux, c’est une large sensibilisation à la culture de la communication qu’a vécue le Séminaire français ces derniers jours.
Merci à M. IZOARD pour cette session, et au travail !


Sébastien THOMAS
Séminariste du diocèse de Pontoise

jeudi 24 septembre 2009

Premiers jours à Rome



Voici deux semaines que je suis arrivé à Rome, envoyé par le diocèse de Pontoise pour débuter des études de second cycle en Ecriture Sainte. Et le moins que je puisse dire, c’est que ces quinze jours ont été riches ! Riches de découvertes dans cette ville magnifique à l’histoire glorieuse et au patrimoine extraordinaire ; riches de rencontres dans ma nouvelle communauté, au Séminaire pontifical français ; riches enfin d’expériences personnelles, dans un environnement nouveau et dans la dernière ligne droite avant le diaconat. Permettez-moi de vous raconter un peu cela.


Les découvertes, pendant ces quinze jours, ont été nombreuses. Pour décrire une journée, il faudrait chaque fois cinquante pages ! Un dimanche matin aux catacombes de Saint Callixte, et l’après-midi même à la plage non loin de Rome. Un autre matin à la basilique Saint-Pierre, l’après-midi dans le Trastevere pour visiter les palais de ce quartier… Comment vous décrire ces promenades dont je me disais récemment qu’elles avaient des allures de triomphe ? Jusqu’au footing de ce soir, au Cirque Maxime, au pied des palais du Mont Palatin ! A chaque coin de rue l’on risque de tomber sur une nouvelle merveille. Un cycle de six conférences, le week-end dernier, m’a permis de découvrir Rome ‘‘de l’intérieur’’, comme la voient les Italiens eux-mêmes. Ces conférences sur l’histoire de Rome avaient lieu sur la place du Capitole, décor extraordinaire s’il en est !
Vous le comprenez, les superlatifs ne suffisent pas à exprimer mon impression de la Ville éternelle, dans laquelle il m’est donné d’habiter pendant les prochaines années !

Les rencontres ont également marqué ces deux premières semaines. Me voici membre d’une nouvelle communauté, au Séminaire pontifical français. Ceux qui me connaissent savent combien j’aimais la communauté du Séminaire des Carmes ; je crois que ce séminaire saura me plaire également. La vie y est assez différente – mais on ne vit pas à Rome comme on vit à Paris ! Les séminaristes et les pères que j’ai déjà rencontrés sont vraiment très sympathiques et fraternels. La vie de prière de cette communauté est très belle, et ce sera pour moi un excellent lieu de préparation à l’ordination diaconale (n’oubliez pas : c’est le 3 janvier, à 15h30, à Sarcelles). Les quelque 60 séminaristes viennent d’horizons très divers, du Cameroun à Nice et de la Sardaigne à Vannes. Seul Pontoisien, je peux néanmoins compter sur le soutien des Versaillais et des Nanterrois !
Envoyé à Rome pour étudier l’Ecriture Sainte, je travaillerai à l’Institut Biblique Pontifical. Les premiers contacts que j’ai eus avec cette noble institution m’ont donné à penser que j’y serais très bien pour progresser en Hébreu et en Grec, puis pour découvrir à fond les textes de la Bible.


Le point marquant de ces premiers jours à Rome, outre ces découvertes et ces rencontres, ce sont cependant des expériences plus intérieures, nourries par celles-ci et celles-là, mais surtout profondément ancrées dans ma préparation au diaconat. Ce départ en Italie qui m’a été proposé par le diocèse, je ne l’avais pas prévu du tout ! Il résonne en moi comme le « Allons ailleurs » prononcé par Jésus dans l’Evangile selon saint Marc (Mc 1,38). Que de choses ont changé pendant ces six derniers mois ! Quitter les Carmes, mais surtout m’éloigner de ma famille et de ma paroisse, du diocèse, de mes amis, de mes habitudes… tout cela n’est pas rien ! Et pourtant, je sens déjà combien cela prépare mon cœur à la disponibilité du diacre que je serai bientôt, et du prêtre que je serai ensuite. Ce « Me voici » que j’ai déjà dit à mon admission et à mon institution, et que je redirai lors de mes ordinations, je le vis ici avec un réalisme certain.


Pour tout cela, pour ces découvertes, ces rencontres et ces expériences, je me confie à vos prières et à vos pensées, chers lecteurs qui me faites l’honneur et l’amitié de prêter attention à moi. N’hésitez pas à m’écrire, j’en suis toujours heureux !

Sébastien

mardi 8 septembre 2009

Session de rentrée des séminaristes de Pontoise en Bourgogne : récit

Les sessions de rentrée des séminaristes du diocèse sont toujours un temps de joie, de retrouvailles et de découverte ecclésiale. Cette année, après la Bretagne et l’Alsace, c’est la Bourgogne que nous sommes allés visiter, guidés par notre délégué diocésain, le Père Guy-Emmanuel CARIOT.

Après quelques ascensions d’arbres à l’acrobranches de Givry, nous avons débuté notre périple par la communauté des frères de Saint-Jean de Rimont où nous avons passé la première nuit. Cette communauté est la maison de formation des frères en théologie ; ils sont une soixantaine, viennent du monde entier, et repartent, une fois les examens passés, vers des prieurés aux quatre coins de la planète. Chaleureusement accueillis par le Père François, prieur de la communauté, qui nous a donné une heure de conférence sur le sacerdoce du Christ dans l’Evangile selon saint Jean, nous avons découvert une communauté joyeuse et priante.

Reprenant la route, nous nous sommes dirigés vers Cluny, belle ville médiévale où régnait la fameuse abbaye Saint-Pierre-de-Cluny – phare de l’art religieux médiéval, hélas détruite à la Révolution française. Nous avons fait la visite de ce qu’il en reste avec le conseil épiscopal du diocèse qui faisait lui aussi sa rentrée en Bourgogne. A Cluny, pendant quelques heures, nous avons aussi rencontré les sœurs de Saint-Joseph-de-Cluny, sœurs missionnaires originaires de nombreux pays, en retraite pour beaucoup d’entre elles : chacune a une multitude d’histoires à raconter, histoires d’annonces de l’Evangile à tous les peuples, histoires d’une évangélisation en actes vécue depuis plus d’un siècle.

Près de Cluny se trouve la belle communauté de Taizé – est-il besoin de la présenter ? – fondée par frère Roger et dont l’actuel prieur, frère Aloïs, nous a reçus, séminaristes et conseil épiscopal, pour une heure de discussion fraternelle autour des intuitions profondes de cette communauté œcuménique qui, depuis le bienheureux Pape Jean XXIII, est un signe pour toute l’Eglise que l’unité des chrétiens est possible. Participant à la prière du soir avec les quelque soixante-dix frères et avec des milliers de jeunes, nous avons pu mesurer combien ce petit village de Taizé peut être pour tous un modèle pour progresser dans la prière du Christ : « Que tous soient un » (Jn 17,11)

Vingt-quatre heures n’ont ensuite pas été de trop pour visiter Paray-le-Monial, sa basilique, et surtout sa spiritualité du Sacré-Cœur de Jésus, révélée entre 1673 et 1675 à sainte Marguerite-Marie ALACOQUE et soutenue par le jésuite saint Claude de LA COLOMBIERE. Temps de prière, temps de rencontre aussi de la communauté de l’Emmanuel qui promeut depuis 1975 ce lieu de pèlerinage et qui anime chaque été les fameuses sessions de Paray-le-Monial.

Notre seconde rencontre du conseil épiscopal a eu lieu à Autun, siège épiscopal depuis le IVe siècle, où Monseigneur Benoît RIVIERE, évêque du lieu, nous a tous invités. Après la célébration eucharistique à la cathédrale Saint-Lazare avec les deux conseils épiscopaux d’Autun et de Pontoise, nous avons visité le plus vieil évêché de France où l’évêque nous a reçus pour un apéritif et un dîner très amicaux, occasion d’une bonne rencontre entre nos deux diocèses aux réalités si différentes et si proches à la fois.

Mais déjà la fin de notre séjour approchait… et nous n’avions pas encore visité une cave viticole ! C’est parce que le Père Guy-Emmanuel a le sens des priorités, il ne voulait pas que nous goûtions un vin sans connaître la réalité de son terroir ! Une halte à Fixin, ville voisine de Gevrey-Chambertin, a permis de mettre fin à cette attente de tous. La fin véritable de notre session a eu lieu à la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay où nous avons célébré la Messe avec les frères et sœurs de Jérusalem qui animent ce sanctuaire.

Si je dois conserver deux souvenirs de cette session, retirer deux perles de ces quatre jours de rencontres et de découvertes, je ne retiendrai aucune visite ni aucun lieu particulier, mais deux liens très forts : entre les séminaristes et avec le conseil épiscopal.
Nous avons toujours beaucoup de joie à nous retrouver entre séminaristes du diocèse, et nous rendons souvent grâce à Dieu pour cette belle unité d’amour fraternel qu’Il met entre nous. Pendant cette session, ce lien a été renforcé par la pratique quotidienne de la lectio divina et du partage biblique. Dans la lecture commune de l’Evangile, nos amitiés se fondent dans un réel esprit de communion enraciné dans la Parole de Dieu.
Le second lien dont j’ai parlé est celui que nous avons développé avec le conseil épiscopal. C’est la première fois que nous deux sessions de rentrée se croisaient. Je suis heureux que nos deux groupes, de générations et de responsabilités très différentes, aient pu ainsi partager des moments aussi forts que la rencontre du frère Aloïs de Taizé ou le repas avec le conseil épiscopal d’Autun. C’est un signe heureux de l’unité de notre diocèse qui nous a été donné à voir.

Avant d’achever ce petit récit, je veux une fois encore remercier nos généreux bienfaiteurs qui soutiennent la formation des séminaristes par la prière et les moyens financiers. Chaque jour nous avons pensé à vous, croyez-le bien, et nous vous avons en quelque sorte emmenés avec nous sur les belles routes de Bourgogne.

Sébastien THOMAS
Séminariste en 5e année
7 septembre 2009

lundi 17 août 2009

Récit d’un mois à Pérouse



L’année prochaine, à la demande de notre évêque, j’étudierai l’Ecriture Sainte à l’Institut biblique pontifical de Rome. Cela nécessite que j’apprenne l’italien ! A cette fin, je suis parti prendre des cours à l’Université pour les étrangers de Pérouse, la capitale de l’Ombrie. C’est le lundi 29 juin, lendemain de l’ordination de Jean-Baptiste ARMNIUS et Samuel BERRY à Pontoise, que je suis arrivé à Pérouse. Ne connaissant pas du tout l’italien, je suis un peu parti dans l’inconnu ! Par l’intermédiaire du diocèse de Pérouse, j’avais pris contact avec la paroisse de Sainte-Marie de l’Assomption de Monteluce, un quartier proche du centre. Le curé, Mgr Luciano TINARELLI, ainsi que les trois sœurs de Jésus Bon Pasteur qui l’assistent dans sa mission pastorale, m’ont tout de suite ouvert les portes de leur maison. Je veux ici raconter en quelques mots ce mois d’apprentissage de l’italien et de découverte de Pérouse et de sa région.


Le début des cours n’ayant lieu que le 6 juillet, j’avais devant moi presque une semaine pour m’installer dans ma nouvelle ville. La capitale de l’Ombrie a une histoire extrêmement riche et intéressante, née avec les Etrusques bien avant que l’Empire romain ne vienne y imposer son joug. Plus tard, ce sont les papes qui imposeront leur pouvoir à la ville, jusqu’à l’unité italienne des années 1860. Les deux murailles de la ville et tous les monuments religieux et profanes témoignent de cette histoire extraordinaire. Si un paroissien me disait que des Etrusques, les Pérugins gardaient un caractère posé, tranquille, mais très affirmé, notre curé Don Luciano nous disait aussi en riant que Pérouse était une ville anticléricale ! En effet, les souvenirs du pouvoir séculier des papes sont assez mauvais, encore aujourd’hui. Par exemple, il est remarquable qu’on ne trouve à Pérouse que du pain sans sel, après une révolte de la ville contre le Pape, suite à une augmentation excessive des taxes sur le sel. Un crucifix de bois, offert par les Pérugins à la cathédrale Saint-Laurent, rappelle aussi leur réaction à l’excommunication qui avait suivi cette révolte… Peuple fort, très chrétien mais très indépendant, le peuple pérugin a toujours bien distingué le pouvoir séculier et le pouvoir spirituel des papes, refusant l’un sans jamais s’éloigner de l’autre. Il serait faux de ramener l’histoire de France à l’histoire de Paris ; a fortiori, il serait illusoire de vouloir comprendre l’histoire de l’Italie en n’en connaissant que l’histoire romaine. Je l’ai compris à Pérouse, et par la suite à Florence.

Mais revenons aux cours. Avec vingt-sept heures de cours et d’exercices par semaine, j’étais bien occupé pendant la semaine ! D’autant que s’ajoutaient deux séances de conversation italienne, avec une paroissienne très sympathique : Maria-Pia. Il me restait les week-ends pour découvrir un peu la région. Mais ces semaines de cours ont été très riches de rencontres. Les quelque vingt étudiants qui fréquentaient mon cours venaient du monde entier : cinq Américains, trois Slovaques (dont deux séminaristes), trois prêtres Polonais, deux palestiniennes, une Colombienne, une Ecossaise, une Néo-Zélandaise, une Hollandaise, un Suédois, un Norvégien… et un Français ! Pendant quatre semaines, nous avons appris à nous connaître, à travailler ensemble, et avant tout à communiquer, dans une langue hybride qui est passée peu-à-peu de l’anglais à l’italien, au gré des progrès de chacun. Peu à peu, une amitié est née avec les deux séminaristes slovaques, Attila et Zóltan. C’est étonnant ce que l’Eglise, même en dehors de ses structures visibles, unit ses fils.


Le premier week-end, avant le début des cours, a été consacré à une première visite d’Assise, distante de seulement une vingtaine de kilomètres de Pérouse. De la fenêtre de ma chambre, au presbytère de Monteluce, j’avais même la chance de voir Assise, sur son flanc de montagne, éclatante de sa blancheur sous le soleil italien. On sait que saint François est souvent venu à Pérouse – c’est notamment en attaquant la ville qu’il fut fait prisonnier dans sa jeunesse. Quelle joie de parcourir ces routes qu’il a lui-même empruntées, de contempler les magnifiques panoramas de l’Ombrie, au lever du soleil comme au couchant, dans la chaleur de l’été, rafraîchi çà et là par l’eau d’une fontaine ! Quelle émotion aussi de revoir ces lieux sur lesquels nous étions venus en pèlerinage, il y a deux ans, avec des jeunes du diocèse. Pour moi la situation a changé : appelé au diaconat par notre évêque il y a un mois (je serai ordonné le 3 janvier prochain), je viens également marcher sur les pas de saint François qui avait refusé par humilité d’être ordonné prêtre mais qui avait accepté d’être ordonné diacre. Diacre François d’Assise, apprends-moi à devenir un serviteur de Dieu, de l’Eglise et de tous les hommes comme toi-même l’as été !


Ce séjour a également été un temps de maturation de ma conception du sacerdoce, auprès d’un curé d’exception : âgé de 83 ans, ordonné le 10 juillet 1949, Don Luciano est curé de la paroisse de Monteluce depuis 42 ans ! C’est une réalité pastorale assez rare aujourd’hui, conservée dans le diocèse de Pérouse. Voici un prêtre qui a baptisé jusqu’à trois générations de la même famille… c’est impressionnant ! La célébration de son jubilé sacerdotal a précisément eu lieu pendant mon séjour – le week-end du 10 au 12 juillet. Pour cette occasion, Don Luciano avait invité son vieil ami d’études Mgr Luigi BOMMARITO, archevêque émérite de Catania (Sicile). J’ai ainsi eu la chance de découvrir une fête paroissiale dans tout son faste et dans toute sa chaleur.
Depuis au moins vingt-cinq ans, Don Luciano accueille dans sa paroisse des prêtres et des séminaristes qui veulent étudier l’italien à l’Université pour les étrangers. Depuis un quart de siècle, la paroisse s’est habituée à voir des prêtres du monde entier concélébrer à l’autel. De cette communauté émane un sentiment d’ouverture impressionnant, où le mot catholique prend tout son sens étymologique !
Au presbytère, pendant ce mois de juillet, j’ai vécu avec deux prêtres japonais, Dominique et Paul, un prêtre indien, Matthieu, et un prêtre polonais, Darek. Les repas et quelques excursions communes ont fondé notre amitié. Nous nous reverrons à Rome, puisque Dominique, Paul et Matthieu iront comme moi étudier dans la Ville éternelle l’année prochaine.

Le week-end suivant, le 18 juillet, j’ai eu la chance de me rendre à Florence. Le voyage en train est un plaisir : les paysages de l’Ombrie et de la Toscane défilent, comme dans un musée de nature. La ville de Florence nous a enchantés : la cathédrale, les rues très larges, entre les palais anciens des puissantes familles florentines, le Ponte Vecchio et ses joailleries, et pour couronner le tout, la visite de la Galerie des Uffizi, musée extraordinaire – l’un des plus anciens du monde. La ville de Florence fut pendant longtemps l’une des plus puissantes du monde, puisque les familles les plus riches y demeuraient, au premier rang desquelles la famille Médicis. Elle fut aussi la première capitale de l’Italie unifiée, avant que Rome ne fût prise par les troupes de Garibaldi et annexée au nouveau royaume.

Je ne peux tout raconter : le prestigieux festival de jazz Umbria Jazz, le pèlerinage à Cascia (sur les pas sainte Rita) et à Nursie (ville natale de saint Benoît et sainte Scolastique), les nombreuses rencontres avec les habitants de la paroisse, les visites de maisons insolites de la ville… que de souvenirs, que d’expériences !


Les cours finissant le 31 juillet, j’ai profité de mon dernier jour en Italie, le 1er août, pour faire un très beau pèlerinage à pieds avec Dominique (prêtre japonais) et Zoltán (séminariste slovaque) de Pérouse à Assise. La date était providentielle, puisque nous avons ainsi pu participer au Grand Pardon d’Assise – solennité annuelle célébrée chaque année depuis plus de 700 ans, depuis que saint François a obtenu du Pape une indulgence plénière pour tous les pèlerins d’Assise qui ne pouvaient pas se payer le pèlerinage de Jérusalem, de Compostelle ou de Rome. A la Portioncule, nous avons participé à une Messe solennelle présidée par le Ministre général des Frères mineurs.
Cette marche de quatre heures avec deux amis m’a rempli de joie : nous étions là, simplement heureux d’être ensemble et de marcher vers Assise, unis par l’amour du Seigneur, à la suite de saint François. Rejoints par Paul pour la journée, nous avons visité une nouvelle fois les lieux majeurs de la vie de saint François.

A la fin de ce mois très riche, je ne peux que rendre grâce à Dieu pour ses dons.

Merci Seigneur, pour Don Luciano et pour les sœurs qui m’ont accueilli avec beaucoup d’amour fraternel et qui m’ont appris mes premiers mots d’italien.
Merci pour Dominique, Paul, Matthieu, Darek, Attila et Zóltan, avec qui j’ai vécu pendant un mois et qui sont devenus des amis.
Merci Seigneur, pour l’Eglise où tu nous donnes de vivre en frères, enfants du même Père !


Sébastien THOMAS
3 août 2009

samedi 30 mai 2009

« Vous aussi, vous rendrez témoignage » – l’Evangile de ce dimanche


À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur.
Et vous aussi, vous rendrez témoignage, vous qui êtes avec moi depuis le commencement.
J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous n’avez pas la force de les porter.
Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu’il aura entendu ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce qui appartient au Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : Il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
(Jn 15,26-27;16,12-15)

Le Seigneur promet son Esprit

Une fois de plus, nous sommes renvoyés aux heures précédant la mort et la résurrection du Christ, dans son long et beau discours d’adieu à ses disciples. Ce discours est vraisemblablement une relecture postpascale opérée par saint Jean, où il interprète des propos tenus par le Seigneur, à la lumière de sa victoire sur la mort au jour de Pâques.
La grande valeur de ce texte est donc de montrer la continuité de l’histoire de Jésus entre avant et après la Résurrection. S’il y a un avant et un après Pâques dans l’histoire, on peut dire aussi qu’en Jésus Christ il y a un lien fort de continuité – qu’on se souvienne de la façon dont le Ressuscité se fait reconnaître de ses disciples après Pâques.
L’Esprit saint qui nous est promis, Esprit de vérité qui procède du Père, n’est pas un ‘‘nouveau Dieu’’ qui viendrait prendre la suite de Jésus, non ! Il est bien « l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière », laquelle vérité est le Christ lui-même. Nous sommes face au mystère de la Trinité divine.

Le temps de l’Eglise, temps de l’Esprit saint ?

Ainsi, si l’on peut dire parfois que nous sommes entrés avec la Pentecôte dans le ‘‘temps de l’Esprit saint’’, après un ‘‘temps du Christ’’, il ne faut en aucun cas introduire une rupture entre ces deux étapes.
« Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce qui appartient au Père est à moi. » Voilà le signe de l’unité de la Trinité divine – et de cette continuité que je soulignais plus haut.
Le Christ rejoignant son Père nous promet l’Esprit saint pour réaliser avec nous la même action que le dessein d’amour de Dieu commande : nous conduire à la reconnaissance de notre Créateur et Sauveur, à l’exclamation : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Parler toutes les langues aujourd’hui ?


Le récit de la Pentecôte (dans le Livre des Actes des Apôtres) parle d’un effet bien connu du don de l’Esprit : les Apôtres parlent toutes les langues des personnes réunies ce jour-là à Jérusalem. Cet épisode pose bien des questions aux chrétiens d’aujourd’hui.
Voici un extrait de l’homélie africaine du VIe siècle pour la Pentecôte proposée à notre méditation dans l’office des lectures de la veille, qui me semble bien intéressant : « Par conséquent, si quelqu’un dit à l’un de nous : ‘‘Est-ce que tu as reçu le Saint-Esprit, car tu ne parles pas toutes les langues ?’’ voici ce qu’il faut répondre : ‘‘Parfaitement, je parle toutes les langues. Car je suis dans ce corps du Christ, qui est l’Église, laquelle parle toutes les langues.’’ En effet, par la présence du Saint-Esprit qu’est-ce que Dieu a voulu manifester, sinon que son Eglise parlerait toutes les langues ? »

Bonne fête de la Pentecôte à tous !

vendredi 22 mai 2009

Dans le monde ou du monde ? – l’Evangile de ce dimanche


À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, les yeux levés au ciel, il priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Quand j’étais avec eux, je les gardais dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie. Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, en ce monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés.
Je leur ai fait don de ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils ne sont pas du monde, de même que moi je ne suis pas du monde. Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde.
Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, consacrés par la vérité. »

(Jn 15,9-17)

Qu’est-ce que ‘‘le monde’’ dans l’évangile selon saint Jean ?


On entend souvent dire que les chrétiens sont dans le monde sans être du monde, pour dire qu’ils vivent au milieu des autres hommes de leur temps, mais d’une façon différente… Que signifie précisément cette expression que Jésus utilise dans ce passage de l’évangile selon saint Jean que nous lisons aujourd’hui ?
Le R.P. Xavier Léon-Dufour sj définit le monde comme le lieu où se fait la rédemption des hommes. Créé bon par Dieu mais dénaturé par le péché, le monde est en tension : il est mauvais et il est aimé de Dieu – un peu comme l’homme pécheur.
Etre ‘‘du monde’’ se définit ainsi comme tourner le dos à Dieu, en préférant sa dimension dénaturée. Mais du moment qu’on est né sur cette terre, on est toujours ‘‘du monde’’. Ainsi pouvons-nous comprendre la prière de Jésus à son Père : « Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais. »

La joie par la Parole

Le Christ nous a donné la parole de Dieu (vv. 13, 14, 17) pour que nous ayons la joie. Souvenons-nous que le Christ est lui-même la parole de Dieu (cf. Jn 1). Cela signifie qu’il s’est donné lui-même aux hommes, pendant son ministère public.
Mais la parole éclaire l’esprit du monde, elle permet de discerner le bon du mauvais et elle aide ainsi l’homme à se détourner du monde et à vivre selon la volonté de Dieu. C’est pour cela que le monde peut nous haïr, au nom même de cette parole : « Je leur ai fait don de ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils ne sont pas du monde »
Une fois qu’on a entendu la parole de Dieu, on ne peut plus vivre tout à fait comme avant. C’est ainsi que je comprends la dernière phrase de ce passage : « Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, consacrés par la vérité. »
Ces paroles de Jésus résonnent comme une nouvelle invitation à fréquenter régulièrement la Parole de Dieu. Elle nous permet de mieux connaître Dieu et de vivre dans une plus grande intimité avec lui. Souvenons-nous d’un passage étonnant de l’évangile selon saint Luc : « Or il advint, comme il parlait ainsi, qu'une femme éleva la voix du milieu de la foule et lui dit : ‘‘Heureuses les entrailles qui t'ont porté et les seins que tu as sucés !’’ Mais il dit : ‘‘Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l'observent !’’ » (Lc 11,27-28) Oui, fréquentons la Bible le plus possible, et nous serons remplis de joie.

L’unité autour de la parole

« Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. » Cette prière est sans doute la plus importante au cœur de Jésus : que tous soient un. Et il est frappant aujourd’hui de voir combien la Parole de Dieu est au centre des enjeux œcuméniques. L’unité des chrétiens passera certainement par un retour à l’Ecriture, et par une nouvelle relation à la Révélation.

Prions tous, en ces jours qui nous préparent à la Pentecôte, pour que l’Esprit saint vienne habiter dans nos cœurs et les convertisse, pour qu’en Dieu tous nous soyons un.

dimanche 10 mai 2009

« Je suis la vigne. » – l’Evangile de ce dimanche


À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l'enlève ; tout sarment qui donne du fruit, il le nettoie, pour qu'il en donne davantage.
Mais vous, déjà vous voici nets et purifiés grâce à la parole que je vous ai dite : Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s'il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est comme un sarment qu'on a jeté dehors, et qui se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et vous l'obtiendrez. Ce qui fait la gloire de mon Père, c'est que vous donniez beaucoup de fruit : ainsi, vous serez pour moi des disciples.
(Jn 15,1-8)

Après les belles lectures du début du temps pascal, relatant les apparitions du Christ ressuscité à ses disciples au Cénacle, à Emmaüs, etc., voici que nous lisons un extrait du discours prononcé par Jésus peu avant sa passion, dans l’évangile selon saint Jean, où celui-ci donnait aux disciples des conseils pour les jours où ils seraient seuls, quand il serait parti. On peut tirer de très belles et nombreuses choses de ce texte, mais je préfère me cantonner à une seule aujourd’hui : il est bon d’écouter pour nous ces conseils de Jésus. Ils sont fondateurs de notre vie chrétienne.

« Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. »

Le premier de ces enseignements concerne la relation de Jésus au Père. Il est important de savoir quel lien unit le Christ au Père, pour mieux connaître Dieu. « Je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. » Qu’est-ce que cela peut signifier ?
Le vigneron est celui qui a planté la vigne, il en est en quelque sorte le père, celui qui sait ce qui sera le meilleur pour elle, et il l’aime plus que tout. C’est aussi lui qui par ses soins lui fait porter du fruit.

« Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. »


Le second enseignement nous fait considérer notre propre relation au Christ : nous sommes les sarments – les branches – de la vigne qu’est Jésus-Christ. Nous ne recevons donc notre vie que de la sève qu’il nous communique. Sans tronc, les branches n’ont pas la vie.
Mais si nous sommes les sarments, nous sommes aussi la partie visible de la vigne. C’est par nous que le Christ, depuis son Ascension vers le Père, est rendu visible dans le monde. L’Eglise – et chacun de nous par conséquent – est le véritable lieutenant du Christ sur terre, en attendant son retour glorieux.

« Ce qui fait la gloire de mon Père, c'est que vous donniez beaucoup de fruit : ainsi, vous serez pour moi des disciples. »

Ainsi, forts de ces deux premiers enseignements, nous pouvons comprendre la dernière phrase de ce passage, jusqu’alors peut-être un peu absconse. Comment en effet peut-on dire que la gloire de Dieu soit liée aux fruits de nos pauvres vies ? Nous faisons bien le rapport entre cette phrase et celle, archi-connue, de saint Irénée : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant. » Et pourtant comment comprendre cela ?
La gloire de Dieu, c’est que la Vérité germe sur la terre, dans l’amour. C’est qu’ « amour et vérité se rencontrent », comme dit le psaume 34. Or la Vérité, c’est le Christ. Et pour que la Vérité germe sur la terre, nous l’avons vu, il faut que nous la rendions visible et tangible sur la terre. Ainsi, par les fruits de nos vies, de chacune de nos vies, nous faisons grandir la gloire de Dieu.

Béni soit le Seigneur qui, vainqueur des puissances de la mort, s’en remet quand même à nous pour faire éclater sa gloire !

samedi 2 mai 2009

"Je suis le bon pasteur" - l'Evangile de ce dimanche


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Jésus disait aux Juifs : « Je suis le bon pasteur, le vrai berger. Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis.
Le berger mercenaire, lui, n'est pas le pasteur, car les brebis ne lui appartiennent pas : s'il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s'enfuit ; le loup s'en empare et les disperse.
Ce berger n'est qu'un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent , comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.
J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur.
Le Père m'aime parce que je donne ma vie pour la reprendre ensuite.
Personne n'a pu me l'enlever : je la donne de moi-même. J'ai le pouvoir de la donner, et le pouvoir de la reprendre : voilà le commandement que j'ai reçu de mon Père. »


En ce 4e dimanche de Pâques, l'Eglise nous invite à prier pour les vocations sacerdotales. Pourquoi les prêtres sont-ils nécessaires à la vie de l'Eglise ? On dit parfois "pas d'Eglise sans prêtres", et c'est bien vrai. A l'aide de l'Evangile de ce dimanche, essayons de comprendre pourquoi.

"Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis."L'Eglise a besoin d'hommes et de femmes qui s'engagent pour la structurer, pour l'organiser, pour la faire fonctionner, c'est une évidence. Mais elle a aussi besoin d'hommes et de femmes qui se donnent totalement à elle et au Christ, des personnes qui donneront leur vie pour elles. Particulièrement, les prêtres sont des hommes qui se donnent pour le service de Dieu et des hommes, et qui se donnent totalement, dans un esprit d'obéissance et de pauvreté. Par le célibat, ils manifestent ce don total. Et par ce don, les prêtres se configurent au Christ qui a donné sa vie pour nous. Donnés à la foi à Dieu et à son Eglise, qui sont inséparables, les prêtres sont bien ces bergers qui donnent leur vie à l'Eglise.

"je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent"Quelle est l'importance de cette connaissance mutuelle ? Elle permet d'entrer en intimité l'un avec l'autre, et toute l'histoire d'alliance entre Dieu et son peuple, dans toute la Bible, est une histoire de rencontre progressive de Dieu avec son peuple. En Jésus, nous avons la rencontre profonde entre Dieu et l'homme. Par la célébration des sacrement, par la prédication, par la direction spirituelle..., les prêtres sont pour nous aujourd'hui les médiateurs de cette connaissance réciproque, de cette intimité.

"J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie : celles-là aussi, il faut que je les conduise."Mais la mission des prêtres ne sa limite pas aux murs de l'église, ni même au peuple chrétien. L'Eglise veut être un signe puissant de joie et d'espérance (Gaudium et spes), elle veut être la Lumière de tous les peuples (Lumen Gentium). A la suite de Jésus, les prêtres vont à la rencontre du monde entier - nous pensons à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) qui se réunit ces jours-ci. En ce temps de crise financière mais surtout sociale, comment ne pas être sensibles aux fragilités du monde, aux souffrances des hommes et à leurs incompréhensions ? Ici encore les prêtres sont pour nous des signes de cette ouverture au monde, à tous les hommes.

"je donne ma vie pour la reprendre ensuite"Cette phrase de Jésus peut nous sembler difficile à comprendre... mais je crois que nous pouvons y discerner l'invincible espérance du Christ qui, en donnant sa vie, sait que le Père le sauvera. J'aime à croire que les prêtres peuvent être les témoins de cette espérance dans le salut qui vient de Dieu et que déjà nous pouvons expérimenter dans la vie quotidienne. Surtout, ils témoignent que la mort n'est pas une fin en soi et que la vie est plus forte que la mort, comme la Résurrection du Christ l'a manifesté. Témoins de cette espérance, les prêtres sont alors vecteurs d'un fort souffle de dynamisme pour l'Eglise qui lui donne l'énergie nécessaire pour être missionnaire dans le monde.

Alors prions, chers amis, prions pour qu'il y ait de nombreuses vocations de prêtres dans l'Eglise, car le monde en a besoin !

samedi 18 avril 2009

« La paix soit avec vous ! » – l’Evangile de ce dimanche


C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
1l y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre.
Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.
(Jn 20, 19-31)

« La paix soit avec vous ! »

Par trois fois, Jésus dit : « La paix soit avec vous ! » Et ce sont les premières paroles que les disciples entendent de la bouche du ressuscité, en guise de triple salutation. Notons au passage que cette salutation est toujours celle qu’utilisent les évêques au début de la Messe.
Pourquoi une telle insistance sur la paix ? Je crois que Jésus donne la paix à ses disciples parce que c’est ce qui leur a manqué le plus cruellement dans les jours précédents. Devant l’imminence de la Passion, ils ont fui, laissant Jésus seul face à la mort. Après la résurrection, alors même que Marie-Madeleine puis Pierre et Jean ont vu le tombeau vide (cf. évangile de la semaine dernière), les disciples se sont enfermés chez eux et ont verrouillé les portes. Vraiment, les disciples manquent de la paix du cœur qui permet à la foi de prendre sa place.
Pourtant Jésus avait déjà dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jn 14,27), mais cela n’a pas suffi. En effet, si nous n’accueillons pas cette paix, si nous ne lui faisons pas de place dans notre cœur, alors elle ne s’imposera pas.
Après avoir « donné » sa paix aux disciples, le Christ exprime donc un souhait : « La paix soit avec vous ! » Entendons : la paix que déjà je vous ai donnée, accueillez-la pour qu’elle soit avec vous.

Et nous ?

Souvent, nous nous identifions à Thomas. Thomas l’incrédule, Thomas le pragmatique, Thomas l’homme bien humain qui nous réconforte car nous nous reconnaissons en lui. Et pourtant, il n’est pas facile de ressembler en tout à Thomas : pour la première étape, celle qui consiste à douter et à dire : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! », ce n’est pas difficile. Mais saurions-nous dire comme lui : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » ?
Sommes-nous capables d’accueillir les signes que Dieu nous donne ? J’entends souvent des gens dire : ‘‘Ah, si Dieu veut que je croie en lui, il n’a qu’à me donner un signe tangible, alors je croirai.’’ Mais le feraient-ils ? Car la conversion de Thomas n’est pas une simple succession logique d’événements preuve-foi. Ce serait trop facile, et Dieu alors ne laisserait pas la liberté à Thomas de croire ou non.
Avec nous, Dieu procède de la même façon. Mais savons-nous reconnaître les signes que Dieu met sur notre route, et surtout laissons-nous dans notre cœur assez de place pour que germe la foi ?
Si nous savons accueillir en nous les signes de la présence de Dieu dans le monde, alors notre foi s’affermira et en vérité nous pourrons dire : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Alors le souhait de Jésus sera réalisé, car nous aurons reçu sa paix.


NB : l'image est un tableau du Caravage

dimanche 12 avril 2009

« Il vit, et il crut. » – l’Evangile de ce dimanche


« Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu’il fait encore sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : ‘‘On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis.’’ Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. »
(Jn 20,1-9)

Une nouvelle toujours nouvelle : le tombeau est vide !

La première chose qui me marque aujourd’hui, c’est que la nouvelle de la Résurrection sonne véritablement comme une nouvelle, c'est-à-dire comme quelque chose qu’on n’attendait pas. Pourtant, dans l’année, nous célébrons chaque jour la résurrection du Seigneur au cours de la Messe. Toute la vie de l’Eglise tourne autour de la Résurrection du Christ. Mais ce matin, nous découvrons le tombeau vide et comme Marie Madeleine, surpris, nous courons l’annoncer autour de nous.
Comment se fait-il que nous ne nous habituions pas à cette nouvelle ? C’est bien ce qui fait de l’Evangile un livre pas comme les autres : quand on a lu trois fois un livre, même très bon, on se lasse de l’effet de surprise de la fin… mais pas dans l’Evangile. Qui peut se dire blasé le jour de Pâques ?
C’est l’Esprit saint, l’Esprit de vie, l’Esprit même dans lequel le Seigneur est ressuscité, celui qui a inspiré les auteurs des Ecritures, qui nous donne cette vie, ce sentiment de nouveauté.

La vie reprend ses droits

D’ailleurs le texte fourmille d’indices nous laissant entendre que la vie reprend ses droits. Après le Samedi saint, dans la nuit et le silence du tombeau, nuit où rien ne se passe car la vie a été chassée, après cette nuit noire sans espérance, la vie réapparaît. Notons les mouvements des personnages de ce texte : Marie Madeleine marche vers le tombeau, elle court vers les disciples ; Pierre et l’autre disciple courent eux aussi, Pierre entre dans le tombeau, suivi de l’autre disciple. Après une journée où plus rien ne bougeait, ces mouvements nous indiquent la vie. Une autre indication importante ne peut nous échapper : c’est au petit matin, quand la lumière luit de nouveau, et c’est le premier jour de la semaine, à l’orée de tous les possibles, que la scène a lieu.
Après le désespoir de la mort du Christ, nous voici invités à partager l’espérance d’un jour nouveau, d’une vie nouvelle : non, la mort n’est pas la fin de tout, c’est ce que Dieu a montré par la Résurrection de Jésus. Non, nous ne resterons pas dans les ténèbres de nos souffrances, de nos révoltes, de nos injustices ; un jour nouveau commence, celui qui transformera nos corps de misère en corps de gloire !

A nous de voir et de croire

« Il vit et il crut. » Comme le disciple bien aimé de Jésus, nous avons suivi le Maître jusqu’à la Croix, et sans doute nous avons parfois douté. Peut-être avons-nous fui devant le scandale de cette mort ignominieuse. Et pourtant, comme ce disciple, nous voici devant le tombeau vide. Qu’allons-nous faire ?
Allons-nous douter encore (‘‘ils ont peut-être volé le corps de Jésus’’, ‘‘c’est un mirage’’) ou bien accepterons-nous de croire enfin de tout notre cœur ? Le tombeau est vide, donc le Christ est ressuscité, comme il l’avait promis !
Quelles sont les preuves de la résurrection autour de nous, qui peuvent nous conduire à la foi ? C’est à chacun de les voir dans sa propre vie. Mais ils sont nombreux, les signes de l’amour de Dieu par-delà nos morts et nos blessures. A chacun de voir en soi, dans sa vie. Mais soyons sûrs que si nous acceptons d’ouvrir les yeux, nous verrons et nous croirons !

Très joyeuses fêtes de Pâques à tous.



NB : cette image est une enluminure de l'Evangéliaire d'Egbert (Xe siècle) représentant les disciples au tombeau.

samedi 11 avril 2009

Pâques ! Comme si c'était la première fois.


Voici un article que j'avais rédigé le 19 avril 2003, la veille de Pâques. "Comme si c'était la première fois..." et c'est vrai ! Cette année encore, six ans après, c'est comme si c'était la première fois. Joyeuses fêtes de Pâques à tous ! Sébastien



Pâques !

Il est 20h. Après les Vêpres du Samedi Saint et le dîner dans le réfectoire des moines de Saint-Benoît sur Loire, je me prépare dans le silence et la solitude à la Vigile Pascale qui aura lieu dans deux heures. Voilà trois jours que je l’attends, cette belle Messe de Pâques ! Trois jours passés, avec d’autres étudiants autour du Père Guy-Emmanuel, à nous introduire au mystère de la mort et de la résurrection de Jésus. Trois jours de silence, trois jours de prière, trois jours de communion avec Dieu. Et ça y est, Pâques est là, tout proche. Quelle joie inexprimable ! Marchant dans le jardin des moines, le soleil couchant m’éblouissant de lumière, je rends grâce à Dieu pour cette joie qu’Il me donne ! Merci Seigneur de ces heures ! Merci surtout Seigneur de T’être donné tout entier pour nous !

Cette joie, jamais auparavant je ne l’avais ainsi ressentie, jamais avec une telle intensité. Les trois jours passés dans cette abbaye sans parler, entre offices et catéchèses, m’ont permis de saisir la continuité du mystère pascal : de l’Eucharistie du Jeudi à Pâques, en passant par la mort de Jésus le Vendredi et l’attente recueillie du Samedi, le mystère n’est qu’un : Christ est venu S’offrir pour nous sauver par Sa mort, et Il a réussi ! En trois jours de méditation, j’ai pu m’imprégner du drame de la Passion, je l’ai ressenti presque charnellement. Alors ce jour de Pâques est pour moi une délivrance : Christ est ressuscité ! Non que je doutais qu’Il ressuscitât, mais ce jour de joie, je vais le vivre beaucoup plus fort, je vais le vivre comme si j’y étais, avec la formidable envie de partager ce que j’aurai vu !

J’attends avec impatience cet instant : Pâques ! Le soleil se couche ; demain, le monde se réveillera nouveau : Pâques ! Demain, je ne serai plus le même, toute aura changé en moi : Pâques !
Comme si c’était la première fois.

vendredi 10 avril 2009

« il se dépouilla lui-même » – l’Evangile de ces saints jours


« lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ;mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur.
Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix.
C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : ‘‘Jésus Christ est le Seigneur’’, pour la gloire de Dieu le Père. »
(Ph 2,6-11)

Le texte de la Lettre de saint Paul aux Philippiens n’apparaît pas dans la liturgie de ces trois jours saints dans lesquels nous sommes entrés hier. Mais il me semble qu’elle exprime bien la dynamique de ces trois jours (« Triduum ») qui forment le fond de notre foi : par amour pour nous, le Christ s’est fait homme, il est mort sur la Croix et il est ressuscité.

Un même mystère en trois jours

L’histoire de Jésus-Christ, de l’Annonciation à la Croix, de Nazareth à Jérusalem peut se résumer ainsi : Dieu s’est fait homme, il a accepté de prendre la condition humaine et de souffrir jusqu’à la mort sur la Croix, par amour pour nous, et ainsi il nous a sauvés du péché et de la mort. Sa résurrection, au matin de Pâques, a montré la victoire de Dieu sur la mort. C’est ce que nous célébrons pendant ces trois jours :
- le Jeudi saint, c’est la Cène du Seigneur, le dernier repas où il a institué l’Eucharistie, on peut considérer ce jour comme le commencement de l’Eglise
- le Vendredi saint, Jésus meurt sur la Croix, acte suprême d’amour pour nous ; c’est par cet amour jusqu’à la mort que nous sommes sauvés
- après une journée de silence et d’attente (le Samedi saint), dans la nuit pascale nous célébrons la Résurrection du Christ et la découverte du tombeau vide par les disciples.

Une invitation pour la patience et le silence

Ces trois jours font un tout, une unité. C’est le même mystère que nous célébrons de façon déployée. Sans la Résurrection, le Vendredi saint est la fin de l’histoire. Mais puisque Dieu a vaincu la mort, nous savons que nous sommes sauvés.

L’Eglise nous propose pendant ces trois jours de prendre le temps de suivre Jésus au Cénacle, au jardin des Oliviers, sur le Golgotha, au tombeau. Nous nous trouverons enfin devant le tombeau vide.

Comme les disciples, suivons Jésus et contemplons-le. Essayons de veiller, de rester près de lui pendant ces heures dramatiques de la prière solitaire, de l’angoisse, du jugement par Pilate, de la condamnation, de la flagellation, du chemin de Croix, de la crucifixion et de la mort en Croix.

Restons là comme la Vierge Marie au pied de la Croix, stabat Mater dolorosa. Restons en silence et contemplons. C’est pour nous que Jésus meurt aujourd’hui.

NB : ce tableau est une Crucifixion de Salvador Dali de 1951.

Sur BFM TV ce matin


Pendant ce Triduum pascal, les journalistes s'intéressent à l'Eglise ! Après Libération hier, avec une double page sur le Séminaire des Carmes, c'est BFM TV qui a envoyé le journaliste Timothée Leblanc à Sarcelles pour me rencontrer.

Il a fait un sujet pour la matinale de ce jour, que vous pouvez voir (à 7h11) sur le lien : http://www.bfmtv.fr/podcast_video_bfmtv.php?id=7

vendredi 20 mars 2009

« Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique » – l’Evangile de ce dimanche


« De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.
Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici : quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées ; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu. »
(Jn 3,14-21)

Nous approchons de la Croix
De même que l’Evangile de la semaine dernière, ce passage de l’Evangile selon saint Jean est une annonce de la Passion. La situation certes n’est pas la même : Jésus débute seulement sa vie publique, ici. Mais déjà cette vie est orientée vers le don total qu’il en fera. C’est bien sous le signe de la Croix que saint Jean nous invite à lire l’Evangile. Déjà au 1er chapitre, il écrivait : « Il est venu chez les siens, et les siens ne l'ont pas reçu. » (Jn 1,11).
Le temps du Carême à présent est bien entamé – nous avons fêté la mi-Carême jeudi dernier – et nous savons bien où nous allons. Au Vendredi Saint, le Christ sera pendu sur la Croix, pour nous sauver, et le Dimanche de Pâques, il ressuscitera. C’est précisément le cœur de notre foi, le kérygme chrétien qui a constitué les prémices de l’annonce chrétienne. « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. » (Jn 3,16) Le Christ annonce sa longue marche vers la Croix pour nous dire aussi que cette marche est orientée vers notre propre salut, pour nous donner la vie éternelle, si nous croyons en lui.

Une Passion vécue par amour
Il est bien question d’un Dieu qui aime le monde. Si Jésus Christ accepte la mort, ce n’est pas par masochisme ni par obéissance aveugle à un quelconque commandement de son Père, c’est par amour. Et quelqu’un qu’on aime, on ne le juge pas mais on veut le sauver.
Comment la mort peut-elle être vécue par amour ? C’est un mystère pour beaucoup de nos contemporains. Et pourtant, comment comprendre les parents qui disent parfois qu’ils accepteraient de mourir pour sauver leur enfant ? Ou comment comprendre ce prêtre interné dans un camp de concentration – Maximilien Kolbe –qui avait accepté d’être exécuté à la place d’un jeune père de famille qui avait été condamné ?
Si elle est vécue par amour, nous savons que la mort a une fécondité très importante, a fortiori quand elle est vécue dans l’amour de Dieu.

Le salut par la Croix
Ainsi, nous devons comprendre comment par la Croix, Jésus peut nous donner la vie éternelle. C’est la seconde partie du texte qui nous aide en ce sens.
La foi en Jésus Christ, est-il écrit, lève le jugement. Quel est ce jugement ? Il est simplement celui qu’un Dieu bon, ayant créé toutes choses bonnes, peut prononcer à l’égard d’un homme pécheur… Or la foi engendre la levée de ce jugement. En revanche, celui qui continue de refuser le Christ, en connaissance de cause, rejette Dieu, et se juge lui-même. En effet, si l’on ne croit pas à la vie éternelle, on ne peut l’accueillir.
C’est donc la foi qui permet d’être sauvé. Et foi et œuvres sont intimement liées, comme l’indiquent les derniers versets de notre texte : « celui qui agit selon la vérité vient à la lumière » (Jn 3,21) Donc même sans toujours le savoir explicitement, celui qui fait le bien n’a pas peur de Dieu ni de son jugement car il ne craint pas la lumière.
Ainsi nos œuvres bonnes nous conduisent-elles vers la lumière, donc à la reconnaissance de l’amour de Dieu en acte sur la Croix, et ainsi recevons-nous la vie éternelle.

Vaste programme pour la fin de ce Carême, et pour toute la vie !

mercredi 18 mars 2009

Voici la Carm@news !


La nouvelle Carm@news est arrivée. Je suis heureux de vous la présenter. Du week-end de rentrée à Nevers aux croquis de Pierre-Philippe, sans oublier le dossier sur les 90 ans du séminaire et les préparatifs des portes ouvertes des 28 et 29 mars, vous trouverez tout sur les derniers mois des Carmes !

Bonne lecture,

Sébastien

Rendez-vous sur www.sem-carmes.com pour toutes les informations sur les portes ouvertes.

samedi 21 février 2009

Portes ouvertes du Séminaire : c'est pour bientôt !





Samedi 28 mars
13h-14h : accueil
14h-16h : concert d’orgue
16h-16h30 : goûter
16h30-18h : table ronde
avec Mgr Francesco Follo, observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, Patrice Cavelier, diacre, secrétaire général de Radio France, Dr Xavier Emmanuelli, ancien ministre, président du Samu Social de Paris, et Claire Lesegretain, grand reporter à La Croix
18h30-19h : vêpres solennelles
présidées par Mgr Joseph Doré, archevêque émérite de Strasbourg et ancien doyen de la faculté de théologie de l'Institut catholique de Paris
19h-20h30 : dîner
20h30-21h : procession dans le jardin
21h-22h : veillée témoignages
puis, pendant toute la nuit, veillée d’adoration

Dimanche 29 mars
9h : laudes
9h30 : petit-déjeuner
11h : messe présidée par le P. Robert Scholtus, puis verre de l’amitié

mercredi 4 février 2009

« afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle » – l’Evangile de ce dimanche



« En quittant la synagogue, Jésus, accompagné de Jacques et de Jean, alla chez Simon et André. Or, la belle-mère de Simon était au lit avec de la fièvre. Sans plus attendre, on parle à Jésus de la malade. Jésus s'approcha d'elle, la prit par la main, et il la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.
« Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous les malades, et ceux qui étaient possédés par des esprits mauvais. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit toutes sortes de malades, il chassa beaucoup d'esprits mauvais et il les empêchait de parler, parce qu'ils savaient, eux, qui il était.
« Le lendemain, bien avant l'aube, Jésus se leva. Il sortit et alla dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ses compagnons se mirent à sa recherche. Quand ils l'ont trouvé, ils lui disent : ‘‘Tout le monde te cherche.’’ Mais Jésus leur répond : ‘‘Partons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle ; car c'est pour cela que je suis sorti.’’ Il parcourut donc toute la Galilée, proclamant la Bonne Nouvelle dans leurs synagogues, et chassant les esprits mauvais. »
(Mc 1,29-39)

Jésus, maître généreux
La première observation que je veux formuler ici est l’extrême disponibilité de Jésus. Ils sont nombreux à s’adresser à lui, pour la belle-mère de Simon que Jésus va guérir sur le champ, et pour les nombreux malades et possédés de Capharnaüm, au point que « la ville entière se pressait à la porte ». Même si Capharnaüm n’est pas une grande ville, cela fait quand même du monde !
Eh bien Jésus ne se comporte pas comme les grands guérisseurs, comme une star de la thaumaturgie, la réussite de son action ne le rend pas plus distant des foules qui viennent à lui. Sa renommée se fait grande, son succès est reconnu de tous, mais lui reste le même, disponible, touché par toute souffrance, par chaque rencontre.
Notons aussi que nous sommes en Galilée, la fameuse « Galilée des nations », cela signifie que sans doute, parmi ces foules qui se pressent devant la maison, il y a certes des Juifs mais aussi de nombreux étrangers et païens. Jésus ne s’en préoccupe guère, qui guérit toutes sortes de malades et chasse de nombreux esprits mauvais. Car la souffrance n’a pas de visage.

La prière au fondement de la journée
La place de la prière dans la vie publique de Jésus est intéressante pour nous. Trop souvent, nous prétextons d’un emploi du temps trop chargé et nous regrettons de ‘‘ne pas pouvoir prier’’. Jésus nous montre la voie : pour guérir tous les malades et les possédés qui se pressaient la veille devant sa porte, il s’est sans doute couché tard. Fatigué, il n’a peut-être pas pu se retirer pour prier très longtemps. Mais le matin, il s’est levé tôt.
La prière de veille, le matin, est d’ailleurs une bonne façon de faire advenir le royaume de Dieu, comme le dit Dom André Louf dans son bon livre Seigneur, apprends-nous à prier. Il montre qu’en se levant avant le jour pour prier Dieu, le croyant fait accélérer le temps du retour glorieux du Christ.
C’est un bel encouragement pour nous à toujours garder du temps pour Dieu, même quand nous avons beaucoup à faire.

« c’est pour cela que je suis sorti. »
Cette dernière phrase de Jésus est un peu énigmatique : d’où Jésus est-il sorti ? De sa maison à Capharnaüm pour aller prier ? De sa vie cachée, où pendant trente ans il a préparé son ministère public ? Du sein du Père, quand il s’est fait homme ? La réponse à cette question est difficile à donner ; mais en tout cas, c’est pour proclamer la Bonne Nouvelle qu’il est sorti. C’est pour proclamer le salut du monde que Jésus s’est fait homme et qu’il a embrassé son ministère public itinérant.
Voilà pour nous un appel à sortir de chez nous, et aussi de nous-mêmes, pour aller annoncer la Bonne Nouvelle, comme Jésus nous a appris à le faire. C’est d’ailleurs son dernier ordre, dans l’Evangile selon saint Marc que nous lisons cette année : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. » (Mc 16,15)