vendredi 22 mai 2009

Dans le monde ou du monde ? – l’Evangile de ce dimanche


À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, les yeux levés au ciel, il priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Quand j’étais avec eux, je les gardais dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie. Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, en ce monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés.
Je leur ai fait don de ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils ne sont pas du monde, de même que moi je ne suis pas du monde. Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde.
Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, consacrés par la vérité. »

(Jn 15,9-17)

Qu’est-ce que ‘‘le monde’’ dans l’évangile selon saint Jean ?


On entend souvent dire que les chrétiens sont dans le monde sans être du monde, pour dire qu’ils vivent au milieu des autres hommes de leur temps, mais d’une façon différente… Que signifie précisément cette expression que Jésus utilise dans ce passage de l’évangile selon saint Jean que nous lisons aujourd’hui ?
Le R.P. Xavier Léon-Dufour sj définit le monde comme le lieu où se fait la rédemption des hommes. Créé bon par Dieu mais dénaturé par le péché, le monde est en tension : il est mauvais et il est aimé de Dieu – un peu comme l’homme pécheur.
Etre ‘‘du monde’’ se définit ainsi comme tourner le dos à Dieu, en préférant sa dimension dénaturée. Mais du moment qu’on est né sur cette terre, on est toujours ‘‘du monde’’. Ainsi pouvons-nous comprendre la prière de Jésus à son Père : « Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais. »

La joie par la Parole

Le Christ nous a donné la parole de Dieu (vv. 13, 14, 17) pour que nous ayons la joie. Souvenons-nous que le Christ est lui-même la parole de Dieu (cf. Jn 1). Cela signifie qu’il s’est donné lui-même aux hommes, pendant son ministère public.
Mais la parole éclaire l’esprit du monde, elle permet de discerner le bon du mauvais et elle aide ainsi l’homme à se détourner du monde et à vivre selon la volonté de Dieu. C’est pour cela que le monde peut nous haïr, au nom même de cette parole : « Je leur ai fait don de ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils ne sont pas du monde »
Une fois qu’on a entendu la parole de Dieu, on ne peut plus vivre tout à fait comme avant. C’est ainsi que je comprends la dernière phrase de ce passage : « Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, consacrés par la vérité. »
Ces paroles de Jésus résonnent comme une nouvelle invitation à fréquenter régulièrement la Parole de Dieu. Elle nous permet de mieux connaître Dieu et de vivre dans une plus grande intimité avec lui. Souvenons-nous d’un passage étonnant de l’évangile selon saint Luc : « Or il advint, comme il parlait ainsi, qu'une femme éleva la voix du milieu de la foule et lui dit : ‘‘Heureuses les entrailles qui t'ont porté et les seins que tu as sucés !’’ Mais il dit : ‘‘Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l'observent !’’ » (Lc 11,27-28) Oui, fréquentons la Bible le plus possible, et nous serons remplis de joie.

L’unité autour de la parole

« Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. » Cette prière est sans doute la plus importante au cœur de Jésus : que tous soient un. Et il est frappant aujourd’hui de voir combien la Parole de Dieu est au centre des enjeux œcuméniques. L’unité des chrétiens passera certainement par un retour à l’Ecriture, et par une nouvelle relation à la Révélation.

Prions tous, en ces jours qui nous préparent à la Pentecôte, pour que l’Esprit saint vienne habiter dans nos cœurs et les convertisse, pour qu’en Dieu tous nous soyons un.

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