vendredi 14 novembre 2008

« à chacun selon ses capacités » – l’Evangile de ce dimanche

« Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole : « Un homme, qui partait en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens. A l'un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. Puis il partit.
Aussitôt, celui qui avait reçu cinq talents s'occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n'en avait reçu qu'un creusa la terre et enfouit l'argent de son maître.
Longtemps après, leur maître revient et il leur demande des comptes. Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança en apportant cinq autres talents et dit : ‘Seigneur, tu m'as confié cinq talents ; voilà, j'en ai gagné cinq autres. — Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître.' Celui qui avait reçu deux talents s'avança ensuite et dit : 'Seigneur, tu m'as confié deux talents ; voilà, j'en ai gagné deux autres. — Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître.' Celui qui avait reçu un seul talent s'avança ensuite et dit : 'Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain. J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t'appartient.'
Son maître lui répliqua : 'Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l'aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents !' »
(Mt 25,14-30)


« à chacun selon ses capacités »

La première remarque que je veux faire en ouvrant cet évangile est qu’il s’agit du Royaume de Dieu. « Jésus parlait à ses disciples de sa venue » (v.14). Nous devons prendre garde à ne pas appliquer trop vite cette parabole à nos affaires courantes, à nos comptes en banque et à nos spéculations diverses. La justice de Dieu n’est pas la justice des hommes, et je crois important de prendre cette précaution, car les contresens peuvent être nombreux sur ce texte.
Par ailleurs, notons que chacun des serviteurs reçoit quelque chose, « à chacun selon ses capacités » (V.15). Aucun n’est laissé sans rien, ce qui sera important pour lire la fin de notre texte.

« Puis il partit »
La situation des serviteurs après le départ du maître est assez semblable à la nôtre aujourd’hui : Dieu nous a laissé le monde et nous a fait des dons, jusqu’à envoyer son Fils unique, et puis il nous a laissés libres dans le monde. Nous attendons son retour. Or, le royaume de Dieu est déjà parmi nous, nous le savons. Ce que nous attendons, ce n’est pas le royaume proprement dit mais la Parousie, le retour en gloire définitif du Christ. Nous sommes donc aujourd’hui comme les gestionnaires du monde. Et il nous appartient de faire fructifier les dons que nous avons reçus de Dieu. Ne nous cachons pas, soi-disant pour nous préserver du monde, en attendant le jour du retour du Seigneur, ou nous serons jugés comme le troisième serviteur.
Un autre passage de l’évangile selon saint Matthieu peut nous aider à comprendre : il s’agit de la péricope Mt 18,23 ss. Où un roi règle ses comptes. Il veut faire mettre un grand débiteur en prison, mais celui-ci implore et obtient son pardon ; le même jour le même serviteur refuse de remettre la dette d’un autre et le fait mettre en prison. Le roi l’apprenant jugea le serviteur et le fit punir sévèrement.
Nous devons alors comprendre que toujours, la miséricorde et la justice sont du côté de Dieu. La seule injustice dont il peut être question, c’est celle de l’homme, ici celle du serviteur qui n’a pas considéré le dépôt de son maître comme devant fructifier.

« Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a. »
Ce verset final de notre passage pose réellement le problème de la justice de Dieu ; mais je crois que si nous prenons en compte ce qui précède, nous comprenons de quoi il retourne : celui qui considère n’avoir rien (à faire fructifier) se fera enlever même ce qu’il a.
Et nous revenons au début, qui vient soutenir ce point : aucun serviteur n’a rien, en réalité, puisque les trois ont reçu quelque chose. Donc, même dans les épreuves, quand nous pensons n’avoir rien à faire fructifier, rien à rendre au Seigneur, nous devons avoir conscience que nous avons beaucoup reçu de la part de Dieu.
Si nous appliquons cette parabole à la foi, enfin, nous voyons que tous nous sommes pourvus de foi, « à chacun selon ses capacités », avec toujours la possibilité de faire grandir notre foi. C’est ainsi qu’une sainte Thérèse de Lisieux ou une bienheureuse Mère Teresa de Calcutta peut témoigner de sa nuit de la foi, et cependant avoir eu la fécondité que l’on sait dans le monde.

Ainsi donc en toute occasion : « Cherchez d'abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché. » (Mt 6,33)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour cette belle méditation. Un seul regret : il manque une tout aussi belle illustration !!!
G.