samedi 18 avril 2009
« La paix soit avec vous ! » – l’Evangile de ce dimanche
C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
1l y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre.
Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.
(Jn 20, 19-31)
« La paix soit avec vous ! »
Par trois fois, Jésus dit : « La paix soit avec vous ! » Et ce sont les premières paroles que les disciples entendent de la bouche du ressuscité, en guise de triple salutation. Notons au passage que cette salutation est toujours celle qu’utilisent les évêques au début de la Messe.
Pourquoi une telle insistance sur la paix ? Je crois que Jésus donne la paix à ses disciples parce que c’est ce qui leur a manqué le plus cruellement dans les jours précédents. Devant l’imminence de la Passion, ils ont fui, laissant Jésus seul face à la mort. Après la résurrection, alors même que Marie-Madeleine puis Pierre et Jean ont vu le tombeau vide (cf. évangile de la semaine dernière), les disciples se sont enfermés chez eux et ont verrouillé les portes. Vraiment, les disciples manquent de la paix du cœur qui permet à la foi de prendre sa place.
Pourtant Jésus avait déjà dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jn 14,27), mais cela n’a pas suffi. En effet, si nous n’accueillons pas cette paix, si nous ne lui faisons pas de place dans notre cœur, alors elle ne s’imposera pas.
Après avoir « donné » sa paix aux disciples, le Christ exprime donc un souhait : « La paix soit avec vous ! » Entendons : la paix que déjà je vous ai donnée, accueillez-la pour qu’elle soit avec vous.
Et nous ?
Souvent, nous nous identifions à Thomas. Thomas l’incrédule, Thomas le pragmatique, Thomas l’homme bien humain qui nous réconforte car nous nous reconnaissons en lui. Et pourtant, il n’est pas facile de ressembler en tout à Thomas : pour la première étape, celle qui consiste à douter et à dire : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! », ce n’est pas difficile. Mais saurions-nous dire comme lui : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » ?
Sommes-nous capables d’accueillir les signes que Dieu nous donne ? J’entends souvent des gens dire : ‘‘Ah, si Dieu veut que je croie en lui, il n’a qu’à me donner un signe tangible, alors je croirai.’’ Mais le feraient-ils ? Car la conversion de Thomas n’est pas une simple succession logique d’événements preuve-foi. Ce serait trop facile, et Dieu alors ne laisserait pas la liberté à Thomas de croire ou non.
Avec nous, Dieu procède de la même façon. Mais savons-nous reconnaître les signes que Dieu met sur notre route, et surtout laissons-nous dans notre cœur assez de place pour que germe la foi ?
Si nous savons accueillir en nous les signes de la présence de Dieu dans le monde, alors notre foi s’affermira et en vérité nous pourrons dire : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Alors le souhait de Jésus sera réalisé, car nous aurons reçu sa paix.
NB : l'image est un tableau du Caravage
dimanche 12 avril 2009
« Il vit, et il crut. » – l’Evangile de ce dimanche
« Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu’il fait encore sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : ‘‘On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis.’’ Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. » (Jn 20,1-9)
Une nouvelle toujours nouvelle : le tombeau est vide !
La première chose qui me marque aujourd’hui, c’est que la nouvelle de la Résurrection sonne véritablement comme une nouvelle, c'est-à-dire comme quelque chose qu’on n’attendait pas. Pourtant, dans l’année, nous célébrons chaque jour la résurrection du Seigneur au cours de la Messe. Toute la vie de l’Eglise tourne autour de la Résurrection du Christ. Mais ce matin, nous découvrons le tombeau vide et comme Marie Madeleine, surpris, nous courons l’annoncer autour de nous.
Comment se fait-il que nous ne nous habituions pas à cette nouvelle ? C’est bien ce qui fait de l’Evangile un livre pas comme les autres : quand on a lu trois fois un livre, même très bon, on se lasse de l’effet de surprise de la fin… mais pas dans l’Evangile. Qui peut se dire blasé le jour de Pâques ?
C’est l’Esprit saint, l’Esprit de vie, l’Esprit même dans lequel le Seigneur est ressuscité, celui qui a inspiré les auteurs des Ecritures, qui nous donne cette vie, ce sentiment de nouveauté.
La vie reprend ses droits
D’ailleurs le texte fourmille d’indices nous laissant entendre que la vie reprend ses droits. Après le Samedi saint, dans la nuit et le silence du tombeau, nuit où rien ne se passe car la vie a été chassée, après cette nuit noire sans espérance, la vie réapparaît. Notons les mouvements des personnages de ce texte : Marie Madeleine marche vers le tombeau, elle court vers les disciples ; Pierre et l’autre disciple courent eux aussi, Pierre entre dans le tombeau, suivi de l’autre disciple. Après une journée où plus rien ne bougeait, ces mouvements nous indiquent la vie. Une autre indication importante ne peut nous échapper : c’est au petit matin, quand la lumière luit de nouveau, et c’est le premier jour de la semaine, à l’orée de tous les possibles, que la scène a lieu.
Après le désespoir de la mort du Christ, nous voici invités à partager l’espérance d’un jour nouveau, d’une vie nouvelle : non, la mort n’est pas la fin de tout, c’est ce que Dieu a montré par la Résurrection de Jésus. Non, nous ne resterons pas dans les ténèbres de nos souffrances, de nos révoltes, de nos injustices ; un jour nouveau commence, celui qui transformera nos corps de misère en corps de gloire !
A nous de voir et de croire
« Il vit et il crut. » Comme le disciple bien aimé de Jésus, nous avons suivi le Maître jusqu’à la Croix, et sans doute nous avons parfois douté. Peut-être avons-nous fui devant le scandale de cette mort ignominieuse. Et pourtant, comme ce disciple, nous voici devant le tombeau vide. Qu’allons-nous faire ?
Allons-nous douter encore (‘‘ils ont peut-être volé le corps de Jésus’’, ‘‘c’est un mirage’’) ou bien accepterons-nous de croire enfin de tout notre cœur ? Le tombeau est vide, donc le Christ est ressuscité, comme il l’avait promis !
Quelles sont les preuves de la résurrection autour de nous, qui peuvent nous conduire à la foi ? C’est à chacun de les voir dans sa propre vie. Mais ils sont nombreux, les signes de l’amour de Dieu par-delà nos morts et nos blessures. A chacun de voir en soi, dans sa vie. Mais soyons sûrs que si nous acceptons d’ouvrir les yeux, nous verrons et nous croirons !
Très joyeuses fêtes de Pâques à tous.
NB : cette image est une enluminure de l'Evangéliaire d'Egbert (Xe siècle) représentant les disciples au tombeau.
samedi 11 avril 2009
Pâques ! Comme si c'était la première fois.
Voici un article que j'avais rédigé le 19 avril 2003, la veille de Pâques. "Comme si c'était la première fois..." et c'est vrai ! Cette année encore, six ans après, c'est comme si c'était la première fois. Joyeuses fêtes de Pâques à tous ! Sébastien
Pâques !
Il est 20h. Après les Vêpres du Samedi Saint et le dîner dans le réfectoire des moines de Saint-Benoît sur Loire, je me prépare dans le silence et la solitude à la Vigile Pascale qui aura lieu dans deux heures. Voilà trois jours que je l’attends, cette belle Messe de Pâques ! Trois jours passés, avec d’autres étudiants autour du Père Guy-Emmanuel, à nous introduire au mystère de la mort et de la résurrection de Jésus. Trois jours de silence, trois jours de prière, trois jours de communion avec Dieu. Et ça y est, Pâques est là, tout proche. Quelle joie inexprimable ! Marchant dans le jardin des moines, le soleil couchant m’éblouissant de lumière, je rends grâce à Dieu pour cette joie qu’Il me donne ! Merci Seigneur de ces heures ! Merci surtout Seigneur de T’être donné tout entier pour nous !
Cette joie, jamais auparavant je ne l’avais ainsi ressentie, jamais avec une telle intensité. Les trois jours passés dans cette abbaye sans parler, entre offices et catéchèses, m’ont permis de saisir la continuité du mystère pascal : de l’Eucharistie du Jeudi à Pâques, en passant par la mort de Jésus le Vendredi et l’attente recueillie du Samedi, le mystère n’est qu’un : Christ est venu S’offrir pour nous sauver par Sa mort, et Il a réussi ! En trois jours de méditation, j’ai pu m’imprégner du drame de la Passion, je l’ai ressenti presque charnellement. Alors ce jour de Pâques est pour moi une délivrance : Christ est ressuscité ! Non que je doutais qu’Il ressuscitât, mais ce jour de joie, je vais le vivre beaucoup plus fort, je vais le vivre comme si j’y étais, avec la formidable envie de partager ce que j’aurai vu !
J’attends avec impatience cet instant : Pâques ! Le soleil se couche ; demain, le monde se réveillera nouveau : Pâques ! Demain, je ne serai plus le même, toute aura changé en moi : Pâques !
Comme si c’était la première fois.
vendredi 10 avril 2009
« il se dépouilla lui-même » – l’Evangile de ces saints jours
« lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ;mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur.
Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix.
C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : ‘‘Jésus Christ est le Seigneur’’, pour la gloire de Dieu le Père. » (Ph 2,6-11)
Le texte de la Lettre de saint Paul aux Philippiens n’apparaît pas dans la liturgie de ces trois jours saints dans lesquels nous sommes entrés hier. Mais il me semble qu’elle exprime bien la dynamique de ces trois jours (« Triduum ») qui forment le fond de notre foi : par amour pour nous, le Christ s’est fait homme, il est mort sur la Croix et il est ressuscité.
Un même mystère en trois jours
L’histoire de Jésus-Christ, de l’Annonciation à la Croix, de Nazareth à Jérusalem peut se résumer ainsi : Dieu s’est fait homme, il a accepté de prendre la condition humaine et de souffrir jusqu’à la mort sur la Croix, par amour pour nous, et ainsi il nous a sauvés du péché et de la mort. Sa résurrection, au matin de Pâques, a montré la victoire de Dieu sur la mort. C’est ce que nous célébrons pendant ces trois jours :
- le Jeudi saint, c’est la Cène du Seigneur, le dernier repas où il a institué l’Eucharistie, on peut considérer ce jour comme le commencement de l’Eglise
- le Vendredi saint, Jésus meurt sur la Croix, acte suprême d’amour pour nous ; c’est par cet amour jusqu’à la mort que nous sommes sauvés
- après une journée de silence et d’attente (le Samedi saint), dans la nuit pascale nous célébrons la Résurrection du Christ et la découverte du tombeau vide par les disciples.
Une invitation pour la patience et le silence
Ces trois jours font un tout, une unité. C’est le même mystère que nous célébrons de façon déployée. Sans la Résurrection, le Vendredi saint est la fin de l’histoire. Mais puisque Dieu a vaincu la mort, nous savons que nous sommes sauvés.
L’Eglise nous propose pendant ces trois jours de prendre le temps de suivre Jésus au Cénacle, au jardin des Oliviers, sur le Golgotha, au tombeau. Nous nous trouverons enfin devant le tombeau vide.
Comme les disciples, suivons Jésus et contemplons-le. Essayons de veiller, de rester près de lui pendant ces heures dramatiques de la prière solitaire, de l’angoisse, du jugement par Pilate, de la condamnation, de la flagellation, du chemin de Croix, de la crucifixion et de la mort en Croix.
Restons là comme la Vierge Marie au pied de la Croix, stabat Mater dolorosa. Restons en silence et contemplons. C’est pour nous que Jésus meurt aujourd’hui.
NB : ce tableau est une Crucifixion de Salvador Dali de 1951.
Sur BFM TV ce matin
Pendant ce Triduum pascal, les journalistes s'intéressent à l'Eglise ! Après Libération hier, avec une double page sur le Séminaire des Carmes, c'est BFM TV qui a envoyé le journaliste Timothée Leblanc à Sarcelles pour me rencontrer.
Il a fait un sujet pour la matinale de ce jour, que vous pouvez voir (à 7h11) sur le lien : http://www.bfmtv.fr/podcast_video_bfmtv.php?id=7
Libellés :
Séminaire des Carmes,
Vie d'Eglise
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