vendredi 14 mars 2008

L’Evangile de ce dimanche : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »


« Quelques jours avant la fête de la Pâque, Jésus et ses disciples, approchant de Jérusalem, arrivèrent à Bethphagé, sur les pentes du mont des Oliviers. Alors Jésus envoya deux disciples : ‘‘Allez au village qui est en face de vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et son petit avec elle. Détachez-les et amenez-les moi. Et si l'on vous dit quelque chose, vous répondrez : 'Le Seigneur en a besoin, mais il les renverra aussitôt.'’’

Cela s'est passé pour accomplir la parole transmise par le prophète : Dites à la fille de Sion : Voici ton roi qui vient vers toi, humble, monté sur une ânesse et un petit âne, le petit d'une bête de somme. Les disciples partirent et firent ce que Jésus leur avait ordonné. Ils amenèrent l'ânesse et son petit, disposèrent sur eux leurs manteaux, et Jésus s'assit dessus.

Dans la foule, la plupart étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d'autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route. Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient : ‘‘Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux !’’ Comme Jésus entrait à Jérusalem, l'agitation gagna toute la ville ; on se demandait : ‘‘Qui est cet homme ?’’ Et les foules répondaient : ‘‘C'est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée.’’ » (Mt 21, 1-11)


Les Rameaux, dimanche des paradoxes

Ce dimanche est le seul où nous proclamerons deux fois l’Evangile : au début de la Messe nous entendrons le texte ci-dessus qui raconte l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, puis nous entendrons le récit de la Passion du Christ dans le même Evangile selon saint Matthieu. Dimanche du triomphe de Jésus et de sa mort ignominieuse ; dimanche de la gloire et de la Croix du Christ.

L’acclamation de Jésus comme « Fils de David » (v. 9) et « prophète de Nazareth » (v. 11) ne peut pas ne pas nous faire penser à l’écriteau qui sera cloué sur la croix : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs » (le fameux INRI). Premier paradoxe : c’est par les mêmes mots que l’on reconnaît Jésus comme Messie et Jésus sur la Croix, condamné à mort.

C’est sur un âne que Jésus fait son entrée à Jérusalem ; l’âne, c’est l’animal familier et pacifique, comme le prophète Zacharie le présente : « Voici ton roi qui vient vers toi : il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne, un âne tout jeune. » (Za 9, 9). Deuxième paradoxe : Jésus est reçu comme un grand roi, sur un sol tapissé de branches et de vêtements, mais sur un âne.

Enfin, troisième paradoxe : c’est la paix qu’apporte le Messie de Zacharie – « Ce roi fera disparaître d'Éphraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ; il brisera l'arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations. » (Za 9, 10) Quelle paix apporte le Messie des Rameaux ? Dans un instant, il chassera les marchands du Temple, puis il sera jugé, condamné à mort, flagellé, crucifié.


Un signe de contradiction

Tous ces paradoxes ont un seul nom : Jésus-Christ, celui dont Syméon, dès sa présentation au Temple, avait dit à Marie « Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. » (Lc 2, 34). Marie avait-elle compris cette parole ? Elle l’avait gardée dans son cœur. Mais de son regard pur sur Jésus, elle a dû comprendre que son fils ne serait pas le Messie victorieux et puissant qu’attendait Israël. Elle a certainement reconnu en Jésus, au pied de la Croix, le Messie crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, que prêchera saint Paul (cf. 1 Co 2).

La paix qu’apporte le Christ, c’est celle de l’Esprit saint, qu’il donnera après sa résurrection (cf. Jn 20, 19-23), accomplissant ainsi la parole de Zacharie, même s’il n’était pas venu apporter la paix mais le glaive (cf. Mt 10, 34). Cette paix sera accompagnée d’amour, de joie, de patience… elle est un don de l’Esprit saint.


Ne nous trompons pas !

Ainsi donc prenons garde de ne pas nous tromper sur Jésus : ne soyons pas comme cette foule de Jérusalem qui acclame Jésus le dimanche pour le couvrir d’injures le vendredi. Pour cela une seule solution : gardons les yeux fixés sur la Croix.

La liturgie des jours saints nous aidera. Au terme d’un Carême où les yeux fixés sur Jésus-Christ, nous sommes entrés dans le combat de Dieu (cf. antienne du psaume invitatoire pour le Carême), ne baissons pas les yeux vers la terre. Restons fidèles à la véritable figure de Jésus, Dieu fait homme, livré pour nous sauvé, suspendu à la Croix.

Ainsi seulement nous reconnaîtrons le Ressuscité, et notre joie sera parfaite !

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