mercredi 14 novembre 2012

3e Lettre à Adveniat




Lettre à la fraternité missionnaire Adveniat

« Je veux louer le Seigneur tant que je vis.»
(Psaume 145,2)


Marines, ce 14 novembre 2012


Chers frères et sœurs d’Adveniat,

         A
lors que l’année scolaire et universitaire est déjà bien entamée, je suis heureux de m’adresser de nouveau à vous, à quelques jours de notre premier week-end de formation qui aura lieu à Franconville, samedi 17 et dimanche 18 octobre prochains. Ce week-end portera sur la louange, condition essentielle de la nouvelle évangélisation.

         Les dernières semaines ont été riches en enseignements de la part de l’Eglise. Le Synode des Evêques qui s’est tenu au mois d’octobre à Rome avait pour thème « La Nouvelle Evangélisation pour la transmission de la foi chrétienne ». Nous sommes donc particulièrement concernés par les travaux de cette assemblée convoquée par le Pape.

         Par ailleurs, le 8 novembre dernier, Lorraine et moi-même avons été reçus par l’abbé Pierre Machenaud, délégué diocésain en charge de la pastorale des jeunes, pour faire un point sur les activités d’Adveniat au cours de l’année passée. Nous avons vécu une belle rencontre, renouvelant les liens profonds de notre fraternité avec le diocèse de Pontoise.

         Vous le voyez, une lettre n’est pas de trop, pour que nous soyons stimulés dans notre mission et dans notre vie chrétienne !

1.       Les premiers enseignements du Synode

De l’avis de tous les témoins, la réunion du Synode des Evêques du mois d’octobre dernier a constitué un temps de grâce et de louange pour toute l’Eglise. Cinquante ans après l’ouverture du Concile Vatican II, il a été comme une nouvelle Pentecôte pour l’Eglise qui s’est mise à l’écoute de la Parole de Dieu, dans la docilité à l’Esprit Saint, pour annoncer encore et toujours la Bonne Nouvelle de Jésus Christ.
J’aimerais que vous lisiez quelques extraits des moments fondamentaux de ce Synode, l’homélie d’ouverture de Benoît XVI, le Messe final du Synode et l’homélie de clôture du Saint-Père.

En ouverture du Synode, le Pape a voulu rappeler que la mission d’évangélisation est constitutive de l’identité-même de l’Eglise :

L’Eglise existe pour évangéliser. Fidèles au commandement du Seigneur Jésus Christ, ses disciples sont allés dans le monde entier pour annoncer la Bonne Nouvelle, en fondant partout les communautés chrétiennes. Avec le temps, elles sont devenues des Églises bien organisées avec de nombreux fidèles. A des périodes historiques déterminées, la divine Providence a suscité un dynamisme renouvelé de l’activité évangélisatrice de l’Eglise[1].

La nouvelle évangélisation s’inscrit donc dans l’évangélisation en général qui est la raison d’être de l’Eglise. Et c’est bien ce que les Pères synodaux ont voulu exprimer dans leur Message final :

 Conduire les hommes et les femmes de notre temps à Jésus, à la rencontre avec lui, est une urgence qui touche toutes les régions du monde, celles de récente tout autant que celles d’ancienne évangélisation. Partout en effet se ressent le besoin de raviver une foi qui risque de s’obscurcir en des contextes culturels qui en entravent l’enracinement personnel, le rayonnement social, la clarté de contenu et les fruits cohérents[2].

Nous le savons bien, le contexte culturel et social de notre France correspond bien à celui que décrit le message. Et nous pouvons retenir ces quatre axes pour notre mission :
-         l’enracinement personnel
-         le rayonnement social
-         la clarté du contenu
-         les fruits cohérents

Au cours de cette année, une telle liste pourrait constituer pour chacun de nous comme une grille d’évaluation : qu’en est-il de mon enracinement personnel en Jésus-Christ ? comment cela rayonne-t-il dans ma vie, autour de moi ? suis-je clair quant au contenu de ma foi et de l’annonce que j’en fais ? les fruits que j’en retire sont-ils en cohérence avec ma vie et mon désir de sainteté ?

En effet, la première chose à faire pour évangéliser, c’est de se réformer soi-même, de se convertir, pour adhérer de tout son être à Jésus. C’est vrai également de notre fraternité, et de toute l’Eglise comme corps du Christ :

Ne pensons surtout pas que la nouvelle évangélisation ne nous concerne pas personnellement ! Ces jours-ci, à plusieurs reprises, des voix se sont levées parmi les évêques pour rappeler que, pour pouvoir évangéliser le monde, l’Eglise doit avant tout se mettre à l’écoute de la Parole. L’invitation à évangéliser se traduit en un appel à la conversion.Nous sentons sincèrement le devoir de nous convertir avant tout nous-mêmes à la puissance du Christ, qui seul est capable de renouveler toute chose, surtout nos pauvres existences[3].

Que c’est beau, de voir des évêques affirmer avec une telle humilité et en même temps une telle force leur désir de se convertir ! Voilà pour chacun de nous un exemple à ne pas oublier.

Plus précisément, les évêques parlent ensuite de nous, les jeunes évangélisateurs. Je vous avais déjà cité les paroles du Saint-Père aux jeunes réunis à Rome le 16 octobre 2011 – une dizaine d’entre nous y étaient. Voici les paroles optimistes du Synode nous concernant :

Les jeunes nous tiennent à cœur de manière toute particulière, parce que, tout en étant une part importante du présent de l’humanité et de l’Eglise, ils en sont aussi l’avenir. Également en ce qui les concerne, le regard des évêques est tout sauf pessimiste. Il est certes préoccupé, mais non pas pessimiste. Préoccupé parce que les pressions les plus agressives de notre temps convergent principalement vers eux; mais non pas pessimiste. Avant tout parce que – nous y insistons – l’amour du Christ est ce qui façonne l’Histoire en profondeur. Mais aussi parce que nous voyons chez nos jeunes une profonde aspiration à l’authenticité, à la vérité, à la liberté et à la générosité, aspiration pour laquelle seul le Christ est en mesure d’être une réponse satisfaisante, nous en sommes convaincus.Nous voulons les soutenir dans leur recherche, et nous encourageons nos communautés à entrer sans réserve dans une attitude d’écoute, de dialogue et de proposition courageuse concernant la condition difficile des jeunes[4].

Authenticité, vérité, liberté, générosité : voilà les quatre piliers spécifiques de notre action de l’Eglise. J’y vois encore comme une grille d’évaluation de notre vie chrétienne, valable pour chacun de nous.

Dans son homélie pour la Messe de clôture du Synode, Benoît XVI a encouragé toute l’Eglise à s’engager dans la Nouvelle Evangélisation :

La Nouvelle Evangélisation concerne toute la vie de l’Eglise. Elle se réfère, en premier lieu, à la pastorale ordinaire qui doit être toujours plus animée par le feu de l’Esprit, pour embraser les cœurs des fidèles qui fréquentent régulièrement la Communauté et qui se rassemblent le jour du Seigneur pour se nourrir de sa Parole et du Pain de la vie éternelle[5].

Laissons-nous donc animer par le feu de l’Esprit, chers frères et sœurs d’Adveniat !

2.       Les liens d’Adveniat avec le diocèse de Pontoise

Le 8 novembre dernier, comme je vous l’écrivais plus haut, Lorraine et moi avons fait avec l’abbé Pierre Machenaud un bilan des activités d’Adveniat au cours de l’année passée. Mgr Daniel Ducasse, notre administrateur diocésain, continue de suivre Adveniat avec confiance et affection. Relisant ensemble les grands moments de cette année 2011-2012, de Domont à Garges-lès-Gonesse et d’Argenteuil à Notre-Dame-de-France, nous avons présenté à notre délégué diocésain les enjeux principaux pour cette année, les forces de notre fraternité et aussi ses fragilités, en rendant grâce à Dieu pour tout cela, dans la confiance qu’il saura nous guider où il veut si nous lui sommes fidèles.

L’abbé Machenaud nous encouragés dans notre mission, avec beaucoup d’enthousiasme, et il nous a invités à nous engager toujours plus dans une collaboration fructueuse avec le diocèse. Nous sommes tous convaincus que c’est dans le diocèse que Dieu nous veut, car « où est l’évêque, là est l’Eglise » (saint Ignace d’Antioche).

Dans l’attente d’un nouvel évêque de Pontoise, nous rendons grâce à Dieu pour le ministère de Mgr Jean-Yves Riocreux qui a su accompagner et soutenir Adveniat dans les premières années de son existence.

Avec tout le diocèse, nous faisons nôtre la prière pour demander la grâce d’accueillir notre futur évêque :

Dieu qui es notre Pasteur éternel,
tu mènes ton Eglise avec sollicitude,
et tu es pour elle un maître plein d’amour ;
Donne à notre diocèse de Pontoise
un Evêque qui conduise
le Peuple de Dieu en Val d’Oise
en vrai représentant du Christ :
Qu’il instruise ton peuple dans la foi,
qu’il le sanctifie par tes sacrements,
et le gouverne selon ton volonté.
Et rends-nous disponibles
pour l’accueillir tel que tu nous le donneras.

Quelques nouveaux défis ont été évoqués avec l’abbé Machenaud, et le diocèse attend de nous que nous soyons authentiques, vrais, libres et généreux, exactement comme les Pères du Synode. Continuons donc de nous engager au service du Christ, dans l’Eglise qui est à Pontoise, le diocèse nous encourage et nous soutient dans cette mission !



3.       La louange, au cœur de nos vies

Lauda, Sion, Salvatorem,
Lauda ducem et pastorem
In hymnis et canticis.

« Sion, loue ton Sauveur, loue ton chef et ton pasteur par des hymnes et des cantiques ! » C’est par ces mots que commence la séquence de la fête du Saint-Sacrement. Chacune de nos vies doit être marquée par la louange du Seigneur, car il est notre Créateur et notre Pasteur, c’est lui qui prend soin de nous chaque jour, nous en faisons tous l’expérience.

Reconnaissant Dieu pour notre Créateur et notre Père, nous nous reconnaissons en même temps comme frères et sœurs les uns des autres. C’est le fondement du double commandement de l’amour que Jésus nous a donné pour accomplir toute la Loi de l’ancienne alliance :

Un scribe s’avança vers Jésus pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? »
Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. »
(Mc 12,28b-31)

La louange, que nous allons mieux découvrir au cours du week-end prochain, nous conduit donc directement à la charité fraternelle. C’est ce que synthétise la belle prière d’ouverture de la nouvelle Messe pour la Nouvelle Evangélisation, que Rome nous a donné récemment :

Dieu qui, par la puissance du Saint-Esprit, as envoyé ton Verbe porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, fais que en gardant les yeux fixés sur lui,nous vivions toujours dans une charité sincère,pour annoncer l’Évangile et en témoigner  dans le monde entier[6].


La Bonne Nouvelle du salut engendre notre louange, et la louange nous pousse à la charité. « L’amour du Christ nous presse » (2 Cor 5,14). C’est dans cet esprit que je vous invite à commencer cette Année de la foi proposée par le Saint-Père. Le Pape et les évêques vous soutiennent, chers frères et sœurs d’Adveniat, ils vous soutiennent par leurs prières et leurs enseignements, cette lettre a voulu en témoigner. Toute l’Eglise est engagée dans cette Nouvelle Evangélisation initiée par le Pape Paul VI, poursuivie par Jean-Paul II et à présent par Benoît XVI.




Avec les mots du Bienheureux Jean-Paul II, confions-nous à l’intercession de la Vierge Marie :

O Marie, au matin de la Pentecôte,
Tu as soutenu par la prière
le début de l’évangélisation entreprise par les Apôtres
sous l’action de l’Esprit saint.
Par ta protection constante
continue à guider, aujourd’hui aussi,
en ces temps d’appréhension et d’espérance,
les pas de l’Eglise qui, docile au mandat de son Seigneur,
nous pousse, avec la ‘‘Bonne Nouvelle’’ du salut,
vers les peuples et les nations de toute la terre.
Oriente nos choix de vie,
réconforte-nous au moment de l’épreuve,
afin que, fidèles à Dieu et à l’homme,
nous affrontions avec audace et humilité
les sentiers mystérieux du ciel,
pour porter à l’esprit et au cœur de chaque personne
la joyeuse annonce du Christ Rédempteur de l’homme.
O Marie, Etoile de l’Evangélisation, chemine avec nous !
Amen[7].

Je vous bénis tous, en attendant d’avoir la joie de vous revoir.
Que son règne vienne !



Sébastien Thomas +
prêtre



[1] Benoît XVI, Homélie du 7 octobre 2012.
[2] Synode des Evêques sur la Nouvelle Evangélisation, Message final au Peuple de Dieu (26 octobre 2012), n°2.
[3] Message final du Synode au Peuple de Dieu (26 octobre 2012), n°5.
[4] Message final du Synode au Peuple de Dieu (26 octobre 2012), n°9.
[5] Benoît XVI, Homélie du 28 octobre 2012.
[6] Collecte de la Messe pour la nouvelle évangélisation (17 juin 2012)
[7] Bx Jean-Paul II, Audience générale du 21 octobre 1992.