jeudi 27 novembre 2008

« Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! » – l’Evangile de ce dimanche


C’est aujourd’hui le premier dimanche de l’Avent, le début d’une nouvelle année liturgique. C’est aussi le début de notre marche en Eglise vers la Nativité de Jésus. Entrons donc dans la veille du Seigneur car il vient, celui qui sauve les hommes.


« Jésus parlait à ses disciples de sa venue : ‘‘Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment. Il en est comme d'un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin. Il peut arriver à l'improviste et vous trouver endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez !’’. » (Mc 13,33-37)


Veiller, c’est être attentif aux signes des temps
Dans la suite des évangiles des deux derniers dimanches, nous sommes invités à veiller. Il y a quinze jours, c’était la parabole des Talents qui nous le disait, la semaine dernière c’était l’annonce par Jésus du Jugement dernier. Ici encore, le maître est parti en voyage, et personne ne sait pour combien de temps.
La première façon de veiller, comme le portier, c’est d’être attentif au monde qui nous entoure, et aux signes qu’il nous donne : « Que la comparaison du figuier vous instruise : Dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l'été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l'homme est proche, à votre porte. » dit Jésus juste avant notre passage (Mc 13,28-29). Comment discerner ce que le Concile Vatican II appelle les ‘‘signes des temps’’ ?
Il s’agit d’abord d’aimer le monde comme création de Dieu, porteur de tout ce que Dieu a voulu nous donner. En l’aimant, nous sommes prêts à le contempler, pour y trouver Dieu. Contempler le monde, c’est aussi dialoguer avec lui, l’interroger, si confronter. En aucun cas ce n’est le fuir, car ce serait la meilleure façon de rater le retour du maître.


Veiller, c’est rester actif dans le monde
Veiller, comme les serviteurs dans la maison, c’est aussi être actif, travailler. Comme la parabole des Talents, celle des Vierges sages et l’enseignement de Jésus sur la tenue de service que nous devons garder, cet épisode de l’évangile nous invite à ne pas nous reposer sur nos lauriers. Cela peut nous rappeler les discours de saint Paul sur l’imminence du retour glorieux du Christ : même si nous n’attendons pas ce retour pour demain, puisque nous ne connaissons ni le jour ni l’heure, nous ne pouvons nous dire : ‘‘c’est bon, j’ai le temps’’. Non, nous devons toujours rester en tension vers la venue du Royaume.
Cela signifie que nous devons toujours travailler, étudier, et surtout prier, pour mieux connaître le Christ et mieux l’aimer, pour faire advenir le règne de Dieu et que sa volonté soit faite.


Veiller, c’est éveiller
Et pour que le Royaume arrive, il faut que tous veillent. C’est pourquoi Jésus achève par ces mots : « Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! ». Et pour que tous le sachent, il faut que nous l’annoncions. Veiller est alors une mission pour les chrétiens. Jean-Paul II, pendant les JMJ de Rome en 2000, invitait les jeunes à être « les sentinelles du matin » pour le monde.
L’Eglise d’aujourd’hui doit être un signe pour tous les peuples que le règne de Dieu est déjà parmi nous. En ce début d’année liturgique, voici un formidable appel à témoigner de notre foi. Reprenons donc devant le monde les mots du psaume 94 :

Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu'à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !

Oui, le grand Dieu, c'est le Seigneur,
le grand roi au-dessus de tous les dieux :
il tient en main les profondeurs de la terre,
et les sommets des montagnes sont à lui ;
à lui la mer, c'est lui qui l'a faite,
et les terres, car ses mains les ont pétries.

samedi 22 novembre 2008

« Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu… ? » – l’Evangile de ce dimanche



« Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : 'Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ; j'étais nu, et vous m'avez habillé ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi !'
Alors les justes lui répondront : 'Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu...? tu avais donc faim, et nous t'avons nourri ? tu avais soif, et nous t'avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t'avons accueilli ? tu étais nu, et nous t'avons habillé ? tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ?' Et le Roi leur répondra : 'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.'
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : 'Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges. Car j'avais faim, et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'avais soif, et vous ne m'avez pas donné à boire ; j'étais un étranger, et vous ne m'avez pas accueilli ; j'étais nu, et vous ne m'avez pas habillé ; j'étais malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité.' Alors ils répondront, eux aussi : 'Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?' Il leur répondra : 'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait.'
Et ils s'en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »
(Mt 25,31-46)


« il séparera les hommes les uns des autres »
Ce passage très connu de l’évangile selon saint Matthieu présente une des conceptions les plus communes du Jugement dernier, représenté sur de nombreux tympans de nos églises (comme ici à Vézelay). Au dernier jour, le Christ rassemble toutes les nations autour de lui et sépare les bons et les mauvais, les uns entrant dans le Royaume et les autres allant ‘‘en enfer’’.
Il est intéressant de noter que cette vision n’est pas la seule : on nous dit souvent qu’au jour de notre mort, ce sera à nous de décider de suivre ou non le Christ dans son Royaume, et c’est pour cela que nous sommes appelés à convertir notre cœur tout au long de notre vie.
Ici, c’est le Christ qui décide. Voyons comment il procède.

« Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu… ? »
Le Christ, pour décider de conduire un homme à sa droite ou à sa gauche, examine sa vie ; c'est-à-dire qu’il s’intéresse à ses actions, non à sa foi (encore un point qui est débattu : est-ce la foi qui sauve, ou les actions ?).
« J'avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ; j'étais nu, et vous m'avez habillé ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi ! […] chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. »
Ce qui me semble le plus marquant dans ces phrases, c’est que Jésus ne décrit pas du tout des actes extraordinaires, très méritoires, mais bien la vie de tous les jours. Il ne s’agit même pas d’avoir consacré totalement sa vie aux plus pauvres – comme un abbé Pierre ou une sœur Emmanuelle – mais aussi d’avoir nourri ses enfants, donné à boire à des amis après une marche, etc. On peut lire ce texte en pensant à sa propre vie ; il s’agit d’une simple humanité – mais qui manque si cruellement à notre monde.

Croire en l’homme
Et nous voyons alors le lien que nous pouvons faire entre les actions et la foi dans notre salut. Maurice ZUNDEL a écrit un livre intitulé Croyez-vous en l’homme ? Pour lui, on ne peut dissocier notre foi en Dieu de notre foi en l’homme. Si nous ne croyons pas en la valeur de la créature, comment croirions-nous à la grandeur du Créateur ? Le même Maurice ZUNDEL a prêché une retraite au Vatican devant le Pape Paul VI, intitulée Quel homme et quel Dieu ? Le propos de Jésus est le suivant : « chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. »
Voir en tout homme Dieu qui habite en lui. C’était l’idée aussi de Mgr Renaudin qui un jour, à propos du logement social m’avait dit que déloger l’homme c’était déloger Dieu. « j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli »… à méditer.

vendredi 14 novembre 2008

Bientôt lecteur et acolyte!

Le Supérieur du Séminaire me l’a annoncé ce matin : Monseigneur Riocreux, évêque de Pontoise, m'a appelé pour être institué "lecteur et acolyte", pour le service du peuple chrétien, en particulier au service de la Parole de Dieu (lectorat) et au service de l'Autel (acolytat).

C'est la première fois que je reçois de véritables missions de l'Eglise. J'avais été "admis parmi les candidats au ministère de prêtre" l'année dernière ; me voici bientôt en charge d'annoncer et d'enseigner la Parole de Dieu au peuple de Dieu, et de servir l'Autel et de distribuer le Corps du Christ. Ces ministères institués, services reconnus dans l'Eglise, sont aussi une étape importante vers l'ordination. C'est même la dernière étape avant que je demande à être ordonné diacre.

La Messe d’institution aura lieu au Séminaire, en l’église Saint-Joseph-des-Carmes*, vendredi 12 décembre prochain à 18h. Elle sera présidée par Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, archevêque de Tours. J’espère vous y voir nombreux, pour partager ensemble ma joie de confirmer ma volonté de servir le Seigneur et son Eglise !


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*Saint-Joseph-des-Carmes – 70 rue de Vaugirard – Paris VIe
Métro : Saint-Placide (4) ou Rennes (12)

« à chacun selon ses capacités » – l’Evangile de ce dimanche

« Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole : « Un homme, qui partait en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens. A l'un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. Puis il partit.
Aussitôt, celui qui avait reçu cinq talents s'occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n'en avait reçu qu'un creusa la terre et enfouit l'argent de son maître.
Longtemps après, leur maître revient et il leur demande des comptes. Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança en apportant cinq autres talents et dit : ‘Seigneur, tu m'as confié cinq talents ; voilà, j'en ai gagné cinq autres. — Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître.' Celui qui avait reçu deux talents s'avança ensuite et dit : 'Seigneur, tu m'as confié deux talents ; voilà, j'en ai gagné deux autres. — Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître.' Celui qui avait reçu un seul talent s'avança ensuite et dit : 'Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain. J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t'appartient.'
Son maître lui répliqua : 'Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l'aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents !' »
(Mt 25,14-30)


« à chacun selon ses capacités »

La première remarque que je veux faire en ouvrant cet évangile est qu’il s’agit du Royaume de Dieu. « Jésus parlait à ses disciples de sa venue » (v.14). Nous devons prendre garde à ne pas appliquer trop vite cette parabole à nos affaires courantes, à nos comptes en banque et à nos spéculations diverses. La justice de Dieu n’est pas la justice des hommes, et je crois important de prendre cette précaution, car les contresens peuvent être nombreux sur ce texte.
Par ailleurs, notons que chacun des serviteurs reçoit quelque chose, « à chacun selon ses capacités » (V.15). Aucun n’est laissé sans rien, ce qui sera important pour lire la fin de notre texte.

« Puis il partit »
La situation des serviteurs après le départ du maître est assez semblable à la nôtre aujourd’hui : Dieu nous a laissé le monde et nous a fait des dons, jusqu’à envoyer son Fils unique, et puis il nous a laissés libres dans le monde. Nous attendons son retour. Or, le royaume de Dieu est déjà parmi nous, nous le savons. Ce que nous attendons, ce n’est pas le royaume proprement dit mais la Parousie, le retour en gloire définitif du Christ. Nous sommes donc aujourd’hui comme les gestionnaires du monde. Et il nous appartient de faire fructifier les dons que nous avons reçus de Dieu. Ne nous cachons pas, soi-disant pour nous préserver du monde, en attendant le jour du retour du Seigneur, ou nous serons jugés comme le troisième serviteur.
Un autre passage de l’évangile selon saint Matthieu peut nous aider à comprendre : il s’agit de la péricope Mt 18,23 ss. Où un roi règle ses comptes. Il veut faire mettre un grand débiteur en prison, mais celui-ci implore et obtient son pardon ; le même jour le même serviteur refuse de remettre la dette d’un autre et le fait mettre en prison. Le roi l’apprenant jugea le serviteur et le fit punir sévèrement.
Nous devons alors comprendre que toujours, la miséricorde et la justice sont du côté de Dieu. La seule injustice dont il peut être question, c’est celle de l’homme, ici celle du serviteur qui n’a pas considéré le dépôt de son maître comme devant fructifier.

« Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a. »
Ce verset final de notre passage pose réellement le problème de la justice de Dieu ; mais je crois que si nous prenons en compte ce qui précède, nous comprenons de quoi il retourne : celui qui considère n’avoir rien (à faire fructifier) se fera enlever même ce qu’il a.
Et nous revenons au début, qui vient soutenir ce point : aucun serviteur n’a rien, en réalité, puisque les trois ont reçu quelque chose. Donc, même dans les épreuves, quand nous pensons n’avoir rien à faire fructifier, rien à rendre au Seigneur, nous devons avoir conscience que nous avons beaucoup reçu de la part de Dieu.
Si nous appliquons cette parabole à la foi, enfin, nous voyons que tous nous sommes pourvus de foi, « à chacun selon ses capacités », avec toujours la possibilité de faire grandir notre foi. C’est ainsi qu’une sainte Thérèse de Lisieux ou une bienheureuse Mère Teresa de Calcutta peut témoigner de sa nuit de la foi, et cependant avoir eu la fécondité que l’on sait dans le monde.

Ainsi donc en toute occasion : « Cherchez d'abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché. » (Mt 6,33)

mercredi 12 novembre 2008

Week-end portes ouvertes aux Carmes en mars




Le Séminaire des Carmes ouvrira ses portes en mars 2009, comme chaque année.
A l'occasion de son 90e anniversaire, c'est à un week-end entier de festivités, célébrations liturgiques, tables rondes, animations... que le Séminaire vous convie.
Réservez dès à présent votre week-end des 28 et 29 mars, nous comptons sur vous !

Sébastien

samedi 8 novembre 2008

« Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. » – l’Evangile de ce dimanche



« Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem. Il trouva installés dans le Temple les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : ‘‘Enlevez cela d'ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic.’’ Ses disciples se rappelèrent cette parole de l'Écriture : L'amour de ta maison fera mon tourment.
Les Juifs l'interpellèrent : ‘‘Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ?’’ Jésus leur répondit : ‘‘Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai.’’ Les Juifs lui répliquèrent : ‘‘Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, en trois jours tu le relèverais !’ Mais le Temple dont il parlait, c'était son corps. Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela ; ils crurent aux prophéties de l'Écriture et à la parole que Jésus avait dite. »
(Jn 2,13-22)



Un acte scandaleux
« Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs bœufs. » On comprend le scandale des Juifs dans cet épisode du début de l’évangile selon saint Jean : Jésus bouleverse la grande institution du Temple, lieu central du culte juif, et il se présente comme fils de Dieu. Cet épisode peut apparaître comme un double blasphème, contre le Temple et contre Dieu lui-même.
C’est d’ailleurs là que commence véritablement la marche de Jésus vers sa mort, puisque son chef d’inculpation, au moment du dernier procès (cf. Mt 26,61), sera précisément cette phrase : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. »


Après Cana, le Temple ; après la joie des noces, l’annonce de la mort
Cet épisode prend place dans l’évangile juste après les noces de Cana, premier signe de Jésus dans sa vie publique, signe de joie et d’amour de Dieu. Après la joie des noces, l’annonce de la mort. Il est intéressant de souligner que dès le début de son évangile, saint Jean anticipe la mort de Jésus, comme pour nous montrer que toute la vie du Christ est ordonnée à cette mort qui sauvera le monde.


« C’est l’amour que je désire, et non les sacrifices »
Comment comprendre cependant le geste de Jésus, comme tel ? Je crois que nous pouvons y réfléchir à partir de la belle phrase du prophète Osée, reprise par Jésus en Mt 9,13 et Mt 12,7 : « C’est l’amour que je désire, et non les sacrifices. » (Os 6,6) Ce que Jésus reproche aux Juifs, ce n’est pas le culte auquel ses parents et lui-même se sont soumis, mais d’avoir fait « de la maison de (son) Père une maison de trafic ». C’est une invitation à revoir notre propre rapport au culte : que faisons-nous dans nos églises ? N’avons-nous pas tendance parfois à faire « de la maison de (notre) Père une maison de trafic » ?
« C’est l’amour que je désire, et non les sacrifices. » L’amour de Dieu est tel que de toute façon, nos cultes ne peuvent l’égaler. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de l’aimer, simplement, humblement, et nos cultes nous aident à manifester notre amour. Une des préfaces eucharistiques du temps ordinaire (la n° 4) dit : « Nos chants n'ajoutent rien à ce que tu es mais il nous rapprochent de toi ». Essayons donc de vivre au plus près de Dieu, et rendons-lui grâce pour son amour.